Dealerships : Nissan ni avec

Ce concessionnaire Nissan Neubauer est toujours listé sur Google Maps. Mais si vous comptiez acheter une Nissan ou faire entretenir la votre, vous risquez d'avoir une mauvaise surprise...

Les enseignes (avec l'ancien logo) sont toujours là. Le bâtiment a d'ailleurs fier allure. L'oriflamme "Nissan" rouge se voit de loin. Mais à l'intérieur, les locaux sont vide.

Et il n'y a même pas de pancarte "à vendre/à louer", ni même d'avis de permis de construire. Ce concessionnaire a juste été vidé de ses voitures et de son mobilier.

Certes, comme souvent dans Paris, le quartier est en plein travaux. Une nouvelle extension du tramway coupe les avenues et crée des cul-de-sacs. De quoi enclaver le nord-est Parisien. Sans parler des échafaudages des immeubles opportunément en ravalement ou en construction. Même à pied ou à vélo, circuler est en calvaire. Le panneau "vos commerçants restent ouverts" tient surtout du vœux pieux.
Donc un emplacement exécrable pour un vaste concessionnaire qui avait vocation à faire du flux...

Sauf qu'en face, le MINI Charles Pozzi reste crânement ouvert, malgré une offre vieillissante.

En fait, la fermeture s'explique aussi par la déconfiture de Nissan. Dans l'hexagone, le constructeur a écoulé 27 169 véhicules en 2022 (hors VU.) C'est 755 unités de mieux qu'en 2021, dans un marché globalement en baisse. Il devance d'ailleurs désormais MINI et DS... Sauf que jusqu'en 2017, le constructeur évoluait dans un couloir de 70 000 ventes annuelles. Et l'on voit surtout qu'il n'y a plus que trois concessionnaires Nissan dans Paris intra-muros.

L'automobile est face à une disruption imminente. Non pas une disruption dans le sens de RP ; une vraie disruption.
L'histoire de l'automobile, l'histoire industrielle et même l'histoire de l'humanité est faite de disruption. Bien sûr, l'invention du feu ou de la roue n'ont pas détruits beaucoup d'emplois. Mais au fil des siècles, les produits manufacturés sont devenus plus complexes. Fabriquer ces produits est d'abord devenu un métier, puis il a fallu deux, trois personnes par fabrique. Ensuite, avec la révolution industrielle, on vit apparaitre des manufactures, avec des unités de production, un circuit d'approvisionnement, un circuit de distribution...
A partir de là, toute disruption devint un drame pour les perdants. Vous êtes propriétaire d'une manufacture de bougies. Tous les jours, des millions de Français consomment des bougies. Votre affaire est prospère. Et là, on invente l'ampoule électrique. Plus personnes n'achètent vos bougies. Vous devez mettre la clef sous la porte, licencier vos ouvrières, vos commis, etc. Le tout dans l'indifférence générale.

Le progrès, les crises économiques et les guerres créèrent des disruptions. Dans l'automobile, la dernière cassure remontait au choc pétrolier de 1973. Ensuite, il n'y eu plus que des crises localisées (chute du Mur, crise Asiatique, crise Brésilienne...) En étant présent sur l'ensemble de la planisphère, un constructeur pouvait compenser et lisser ses résultats.
Aujourd'hui, on s'achemine vers de nouvelles incertitudes. A priori, les ventes de voitures vont fondre dans les marchés occidentaux. Ce ne sera plus un mode de transport incontournable, surtout pour les classes moyennes urbaines. Or, les constructeurs ne savent plus faire face économiquement et intellectuellement à des cassures nettes. Le choc pétrolier de 1973 est trop loin. Même les cadres seniors l'ont à peine connu !

Chaque disruption a ses gagnants et ses perdants. Ici, les perdants pourraient être les constructeurs Japonais et Coréens, déjà fragilisés.

Lors du dernier Mondial de Paris, les observateurs étaient obnubilés par l'absence de nombreuses marques Européennes et l'arrivée de marques Chinoises et Vietnamiennes. Personne n'a remarqué l'absence des Coréens et des Japonais.
Il y a un vrai malaise social dans ces pays. Une enquête de la Nippon Foundation chez les 17-19 ans de six pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Inde, Corée du Sud et Japon) démontre un pessimisme profond dans ces deux pays. Les analystes pointent le défilé des politiques (21 premiers ministre Japonais en 40 ans ; 8 présidents Coréens en 30 ans), des salaires stagnants, le vieillissement de la population, les menaces Chinoises et Russes...
Plus globalement, il y a un certain nihilisme. Les deux pays ont toujours connu des affaires de corruption et de collusion entre le monde politique et celui des affaires. Mais il y avait un certaine mansuétude : malgré leurs écarts, on pensait que politiques et industriels restaient de bonnes personnes, qui agissait pour le bien de leur pays. Tel Chung Ju-Yung, le fondateur de Hyundai, graissant la patte des officiels Nord-Coréens pour ouvrir le dialogue inter-Corée. Désormais, ils ont davantage l'impression d'une élite coupée des réalités (d'autant plus qu'il y a des dynasties de politiques et de PDG), qui ne sont patriotes, que lorsqu'ils sont en difficulté. L'ambition a également disparue. C'est d'autant plus vrai dans l'automobile Japonaise où la plupart des constructeurs ont fermé des usines, voire des marchés, à l'international.
Or, dans un société confucéenne, c'est le sens de l'intérêt général, du destin commun et du temps long qui portent les gens. Les 17-19 ans Coréens et Japonais sont déboussolés car ils n'ont plus de cap. Exactement comme la Grande-Bretagne des années 70. La Mitsubishi ASX, c'est la "Triumph Acclaim" du Japon !

Pour finir sur une note plus légère, voici une Peugeot 305 GTX.

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