Garage en panne

Un garage qui ferme, près de chez moi. C'était là que j'avais surpris une Daimler V8, une Porsche 911 (993) ou cette Renault 8 Gordini pour laquelle ils avaient ouvert le capot avant pour refaire le moteur... Un petit garage de quartier, sans prétention. Il laissera place à un programme immobilier, comme nombre de petits commerces et de pavillons sur la route du Grand Paris...

Plus généralement, les garagistes indépendants risquent d'être condamnés en France, à terme. Curieusement, les chiffres ne vont pas dans ce sens. On ouvre des garages et leur chiffre d'affaires est en hausse. Il reprennent même du terrain sur les réseaux constructeur et les réseaux de franchisés s'élargissent. Les garages s'adressent avant tout aux voitures de deuxième, voire de troisième main. Des voitures de plus de 5 ans. Or, jusqu'ici l'âge moyen du parc a cru, passant de 5,8 ans à 8,9 ans (ce qui nous ramène avant les Jupettes et autres Baladurettes...)
1) A mon avis, l'âge moyen du parc va chuter. Depuis mai dernier, le contrôle technique auto s'est durci. Le nombre de défaillances obligeant une contre-visite à été multiplié par deux. L'objectif est clairement de décourager les automobilistes. Qu'ils se disent : "C'est vraiment une vieille guimbarde, je dois la changer..." Dans le même ordre d'idée, l'extension des zones de vignettes Crit'air va forcer les vieilles voitures à rester au garage. Et de plus en plus souvent. En 2017, les professionnels tablaient sur une baisse des opérations de maintenances et de réparation (hors accident) de 6,8% d'ici 2022. Quid des prévisions après le nouveau contrôle technique ?
2) 81% des foyers possèdent une voiture. Dans Paris intra-muros, le taux tombe à 37%. Les alternatives ne manquent pas (VTC, transports en commun, Vélib...) J'ai vu fermer pas mal de garages, à commencer par les Speedy et les Midas (également touchés par un coût du foncier prohibitif.) Demain, avec le Grand Paris, la petite et la moyenne couronne disposeront de transports davantage dimensionnés à leur besoin. La voiture ne sera plus incontournable pour les trajets banlieue-banlieue. Le taux d'équipement des ménages franciliens devrait donc tendre vers ce 37%.
3) Il y aura l'après-diesel, voire l'après-thermique à gérer. a) L'après-vente est un poste non-négligeable pour les garagistes. Surtout, ils peuvent davantage marger (les assurances serrant la vis sur les réparations post-accident.) Or, dans une électrique, il n'y a ni boite de vitesse, ni embrayage, ni échappement, ni courroie de transmission, ni bougies, ni circuit de refroidissement, ni radiateur, ni carter d'huile. Ce sont autant d'éléments en moins à changer. b) Tout le monde ne peut pas intervenir sur une électrique. Ce sera davantage un travail d'électricien HT et de softeux. De plus ou moins bonne foi, les constructeurs n'accordent leurs autorisations qu'avec parcimonie. Le cas extrême, c'était la Saturn EV1, que les utilisateurs devaient faire entretenir chez Hughes Electronic, dans des sites qui servaient d'ordinaire à de la maintenance pour du mil-aéro ! c) L'électrique s'accompagne jusqu'ici d'une nouvelle logique d'utilisation (LLD, autopartage, flotte...) On n'est plus propriétaire de sa voiture ; on achète avant tout un service. Et une fois le véhicule en fin de contrat, on vous le remplace par un autre. Donc pas de marché de deuxième main.

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