Fernando Alonso part chez Aston Martin !

Le remplaçant de Sebastian Vettel, chez Aston Martin, en 2023, ce sera Mick Schu... Tiens non, ce sera Fernando Alonso ! Le mercato 2022-2023 débute sur les chapeaux de roue...

A la machine à café de Viry-Chatillon, les oreilles de l'Espagnol ont du siffler ! "Trahison" doit être le mot qui revient le plus souvent. Mes ex-collègues sont des émotifs. Ils vivent F1. Donc aujourd'hui, ils voudraient le lyncher. Mais s'il fait un podium à Spa, tout le monde voudrait l'embrasser !

Moi, je suis déçu, mais pas surpris.

Mon nom est perso
Je ne suis pas un fan de Fernando Alonso. L'image qui m'a le plus marqué, c'est le 19 mai 2019, lors du "bump day" des 500 miles d'Indianapolis. Pour 0,02 MPH, Kyle Kaiser décrochait la 33e place de la grille "d'Indy", au détriment de l'Espagnol. Quelques instants plus tard, il quittait ostensiblement le circuit, seul, à bord d'une golfette. Certes, McLaren avait fait preuve d'amateurisme dans sa préparation d'Indianapolis. Mais aux Etats-Unis, on est collectif. On gagne ensemble, on perd ensemble (et un pilote dit "nous" lors des interviews.)
Fernando Alonso, non. Quand une équipe gagne, c'est grâce à lui et si elle perd, il est le premier dans le canot de sauvetage ! Il avait ainsi quitté McLaren, en 2007, en plein dans la tourmente du Stepneygate. 18 mois plus tard, en plein Crashgate, c'était cette fois avec Ferrari qu'il s'aménageait une porte de sortie.

Que veut-il ?
En août 2018, Fernando Alonso se filmait dans son musée. Il portait les tenues de ses équipes passés pour annoncer qu'il s'attaquait à de nouveaux challenges. L'année précédente, il avait séché Monaco pour disputer les 500 Miles d'Indianapolis et en 2018, il avait couru les 24 Heures de Daytona. Après 17 ans de F1, il voulait se lancer en WEC et remporter la "triple crown".
Le message était d'autant plus émouvant qu'il était sincère.

Quelques mois plus tard, nouveau projet : au soir de sa carrière, il allait aider les jeunes talents. Il créa ainsi une équipe d'Eurocup Formule Renault, géré par Drivex et parrainé par McLaren, le FA Racing. La première année, 6 pilotes se relayèrent dans les 2 voitures, dont plusieurs troisième couteaux. Dire qu'il y avait un numerus clausus en Eurocup FR ; le FA Racing avait été choisi au détriment de Fortec ou de Josef Kaufmann... Surtout, le double-champion du monde se déplaça à peine pour voir ses poulains.
En 2020, le FA Racing rempila et elle limita le turnover à seulement 3 pilotes. Bonne dernière du classement, elle disparu en fin de saison.

Car entre temps, après le fiasco d'Indianapolis 2019, Fernando Alonso voulait se consacrer à Toyota. Plus de pression du résultat, juste piloter par passion. On le vit ainsi au départ du Dakar 2020, avec un Toyota Hilux. Puis, rabiboché avec McLaren, il revint une troisième fois à Indianapolis.

Puis, au printemps 2020, il envoya une carte postale à la F1, juste avant le confinement. Il aimerait bien revenir, alors s'il y avait un baquet de libre...

Avec Fernando Alonso, la vérité du jour n'est pas celle du lendemain. Depuis 2018, son opinion évolue au gré des opportunités et de ses coups de cœur. Ce n'est pas vraiment le genre de personne sur lesquels une équipe peuvent bâtir un projet.

Le rêve bleu
Au printemps 2020, le mercato était en ébullition. Ferrari refusait une prolongation du contrat de Sebastian Vettel et recrutait Carlos Sainz Jr. Un baquet se libérait chez McLaren et Daniel Ricciardo sautait dessus, malgré une clause libératoire a priori mortifère.
En parallèle, Cyril Abiteboul obtenait de Clotilde Delbos, le maintien de Renault en F1. Restait à trouver un second pilote. Il fallait un nom qui fasse rêver le service marketing. Tant pis pour Sergio Perez, Nico Hulkenbrg ou Christian Lundgaard. Fernando Alonso, c'était un story telling de rêve : le retour de l'enfant prodige. A Viry-Chatillon, ils passaient en boucle un montage des années 2002-2006. Le pilote Espagnol vint nous voir pour une visite au pas de course.
Luca de Meo prenait ses fonctions à l'époque. Son paradigme, c'était un Renault "bling-bling". Le recrutement de la star Alonso cadrait bien avec cette idée. Par contre, Renault F1 était renommé Alpine F1.

Le bilan de ces deux années est mitigé. Alpine a gagné en Hongrie, avec Esteban Ocon, mais au final, elle marqua moins de points qu'en 2020. Et mon impression sur 2022, c'est qu'il y a Red Bull, Ferrari et Mercedes-Benz, puis loin derrière, McLaren. Néanmoins, comme les orange font des faux-pas, Alpine pointe provisoirement 4e. Il n'y a pas eu de miracle.
Sur le muret non plus, pas de miracle. La stratégie en course de Cyril Abiteboul pouvait laisser pantois. Mais Davide Brivio faisait guère mieux.

D'un point de vue marketing, difficile d'organiser des events ou même des tournages publicitaires. Il y a d'abord eu les confinements et aujourd'hui, tout le monde a la trouille que son pilote n'attrape le Covid.
Par contre, Fernando Alonso a réussi à se créer un socle de fan. En terme de "bruit", il est 3e, derrière Max Verstappen et Lewis Hamilton.
Il faut noter que l'Espagnol ne semble pas chercher la guerre, vis-à-vis de son équipier. Au contraire, il a appelé sa "comu" au calme, alors qu'elle s'en prenait régulièrement à Esteban Ocon. Il faut noter que même dans les pires moments, il tient sa langue ; un gros changement par rapport à l'époque de Ferrari ou de McLaren.

Aston Martin
Que s'est-il passé ? Aston Martin a-t-il fait à Fernando Alonso une offre qu'il ne pouvait refuser ? A-t-il envie de jouer les gentleman-drivers, de ne plus avoir d'objectifs et de rouler le coude à la portière ? Un énième changement d'humeur de 'Nando.

En tout cas, c'est une double-trahison.
Sans Renault/Alpine, Fernando Alonso ne serait pas revenu en F1. Son maintien pour 2023 ne faisait aucun doute et voilà Alpine sans pilote ! Le soi-disant attachement affectif envers son "écurie de cœur" a fait long feu. Il sera malgré tout difficile à remplacer. Je trouve Esteban Ocon trop frêle pour prendre un Oscar Piastri en main. Et pour les RP, ça sera difficile de communiquer avec un line-up aussi charismatique. Charles Leclerc perd son temps chez Ferrari, mais il le perdrait encore plus chez Alpine.
C'est aussi une trahison chez Aston Martin. Sebastian Vettel semblait avoir sélectionné son remplaçant : Mick Schumacher. Cela signifie que l'Allemand n'est vraiment pas écouté et cela expliquerait sa démotivation.
En résumé, le lien entre les deux parties est ténu et à la prochaine occasion, l'un trahira l'autre.

(Image d'illustration réalisée avec Dall-e Mini.)

Commentaires

  1. Brillant article. Je rêve de lire ce genre de choses dans la presse professionnelle spécialisée.
    Bernard Piat.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Qu'est-ce que vous en pensez ?

Articles les plus consultés