Pronostic F1 2022
Ce week-end, la F1 reprend après 4 semaines de pause, qui ont semblé interminable. Qui sera champion ? Vice-champion ? Troisième ? J'ai sorti ma boule de cristal...
En fait, mon post était près depuis le 1er août, mais entre la retraite de Sebastian Vettel, le transfert de Fernando Alonso chez Aston Martin, le Piastrigate... Imaginez que j'écrive : "X et l'écurie Y, c'est parti pour des années !" et que le lendemain, X annonce son départ ? J'aurais eu l'air fin ! Alors j'ai fait ce que personne ne fait jamais dans les médias : temporiser et attendre que les choses se calment.
A propos de calme, cette très estivale fut d'un ennui mortel. Lewis Hamilton s'est offert une tournée en Afrique Australe. Lando Norris a fait du yacht, au large d'Ibiza, avec sa copine. Daniel Ricciardo mange du poulet frit à Los Angeles. Pour les autres, c'est séance de muscu à huis clos.
The Sun a tellement peu de potins qu'il fait des papiers sur Kimi Raïkkönen, qui était naguère le plus mutique des pilotes de F1 ! Les pilotes de F1 de 2022 mènent des vies d'ascètes. Fini les soirées au Carré VIP des night-clubs d'Ibiza, de Dubaï ou de Las Vegas... Terminé, le défilé de starlette (autrefois, Lewis Hamilton-le-vertueux avait un sacré palmarès...) Oublié, les soirées de galas du BRDC ou de l'ADAC. Après la troisième coupe, les pilotes se lâchaient sur leurs camarades, pour le plus grand bonheur des journalistes.
En ces temps de Covid, les pilotes évitent les interactions. Et il y a aussi une question générationnelle. C'est désormais "une soupe végan, une partie de F1 2022 et au lit."
Le limonadier a quitté Budapest avec 97 points d'avance. Max Verstappen, lui, possède 80 longueurs d'avance. Pour le suspens, il faudra repasser. Après un flottement lors des trois premières courses, le rouleau-compresseur Red Bull-Verstappen s'est mis en marche ! Le Néerlandais est seul sur sa planète. Au deux tiers de la saison, il a déjà remporté presque autant de course qu'en 2021 (huit vs neuf.)
Notez qu'il y a aussi ce rachat partiel par Porsche, que l'on dit "imminent", depuis près d'un an. C'est bien la seule incertitude autour de Red Bull.
Après, Max Verstappen, c'est un pilote transparent. Il est couvé par Jos Verstappen et les Piquet père et fille. Daniel Ortelli et Thomas Woloch ont écrit un livre de 288 pages sur lui. Actuellement, je rédige la biographie d'un champion de F1 des années 70. A la vingtième page de mon fichier Word, il monte pour la première fois dans une F1 ! Sur Verstappen Jr, j'aurais bien du mal à noircir plus de deux pages... Parfois, j'ai l'impression qu'un jour, il enverra valser tous et tout, changeant de vie du tout au tout. Mais d'autres fois, j'ai l'impression qu'il restera comme ça toute sa vie.
Sergio Pérez, lui, il a fait le deuil de ses ambitions personnelles. Mieux vaut être N°2 de Red Bull, que N°1 d'Alfa Romeo ou d'Aston Martin ! Alors, il s'est plaqué tant bien que mal dans une écurie bâtie autour de Max Verstappen. A mon avis, il va en remporter une autre, d'ici la fin de saison. Mais il manque de vitesse pour vraiment taquiner son leader, sur l'ensemble de la saison.
Mercedes, vice-champion. Lewis Hamilton 2e et George Russel, 5e
Dire que l'an dernier, Mercedes et Lewis Hamilton étaient parti en vacances avec 12 unités d'avance, chacun... La W13 E n'est pas au niveau de la RB18 ou de la F1-75.
Je pense que Lewis Hamilton a beaucoup douté. Lui qui jouait le titre en 2021, a fait de la figuration durant les quatre premiers Grand Prix. Le titre 2022 était déjà perdu. En plus, les médias s'étaient détourné de lui. Il a du envisager sérieusement la retraite. Il était même près à passer le témoin à George Russell.
Je n'aime pas l'homme. C'est une caricature du millionnaire woke. Il a lu la première ligne de l'introduction d'un livre "inspirant" et maintenant, il veut nous expliquer comment résoudre le racisme, l'homophobie et la faim dans le monde ! Par contre, le pilote a de la ressource. On ne décroche pas sept titres par hasard. Depuis Montréal, c'est un autre "LH44" ; celui-ci a faim. Avec cinq podiums consécutifs, il a refait son retard sur le groupe de chasse. S'il poursuit sur sa lancée, il sera vice-champion. Je lui prévois même une victoire, mais dans des conditions particulières.
Pendant que Lewis Hamilton songeait à son départ, George Russell avait pris les clefs du camion. Pour une première saison chez Mercedes, le bilan est plutôt flatteur. Mais maintenant que Lewis Hamilton est de retour, le jeune loup a de plus en plus de mal à le contenir. Après dix saisons étoilées, son équipier a des facilités qu'il n'a pas encore acquis. Sans parler de l'expérience d'un champion du monde, alors que George Russell court après son premier succès. Je vois la fin de saison comme un sprint à cinq (deux Mercedes, deux Ferrari et Pérez) pour les accessits et Russell sera l'un des perdants.
A moins qu'il parvienne à renverser la vapeur. Ce qui fait un champion, c'est cette capacité à aller contre le vent, se créer des opportunités.
Che schifo ! Après l'Australie, Charles Leclerc avait le double de points de Max Verstappen et Ferrari, 40 points d'avance sur Red Bull ! Ferrari s'est-il vu trop beau ? Ou bien a-t-il du reporter une évolution ? Non seulement sportivement, Ferrari est à la ramasse. Mais Mattia Binotto possède une communication déplorable.
Le tournant, ce fut cette session d'autocritique de Charles Leclerc, au Paul Ricard. Une vraie Révolution Culturelle chez Ferrari ! Etait-il vraiment responsable de sa sortie de route ? C'est secondaire. Imagine-t-on Alain Prost ou Ayrton Senna se livrer à un tel exercice, en 1988-1989 ? Ron Dennis n'aurait d'ailleurs sans doute pas songé à les pousser. A trop jouer les Sergent Hartman, Mattia Binotto risque surtout de créer un Baleine.
Quant à Carlos Sainz Jr, pour l'avoir suivi depuis la F3, je n'ai jamais été convaincu par lui. Tout pilote veut un équipier sympa et pas trop gênant. En ça, Charles Leclerc l'apprécie probablement beaucoup. Mais on voit bien que lorsque ça ne va pas, l'Espagnol est incapable d'apporter des solutions.
Alpine-Renault, 4e du championnat. Esteban Ocon, 8e et Fernando Alonso, 9e
On a commencé 2022 avec un duel Ferrari-Red Bull. Depuis, Mercedes a raccroché le wagon de tête. Mais derrière, quel gouffre ! Je suis persuadé qu'Alpine-Renault finira en "premier des autres", grâce à un binôme plus cohérent que McLaren.
Esteban Ocon devrait être plus incisif, sur la piste et en dehors. Lors du transfert d'Alonso et celui, raté de Piastri, il aurait du a minima souligner son attachement à Alpine. Mon impression, c'est que Renault/Alpine est un choix par défaut, sans enthousiasme.
Il a dépassé les cents Grand Prix et il n'est donc plus un "jeune". S'il veut intéresser un top team, il doit prouver que Budapest 2021, ce n'était pas un accident. Grand Prix après Grand Prix, Fernando Alonso revient sur lui au classement et je le vois rester devant, mais in extremis.
Fernando Alonso a dynamité le mercato ! Quel Fernando Alonso aura-t-on pour la fin de saison ? Je parierais pour un Fernando Alonso mielleux, disant qu'Alpine "reste son écurie de cœur" (afin de se garder une porte de sortie) et partant sous les "Fernando, on t'aime" à Abou Dhabi...
Et ensuite ? Alpine recherche un pilote d'envergure. Daniel Ricciardo serait un remariage de raison. La piste Mick Schumacher n'est pas si farfelue. L'Allemand a réalisé deux arrivées dans les points. C'est avant tout un nom évocateur. Ça serait le choix du service marketing. Reste un éventuel échange avec McLaren (Alex Palou ? Colton Herta ?)
McLaren, 5e du championnat. Lando Norris, 7e et Daniel Ricciardo, 13e
FE, Indycar, Extreme E... McLaren veut être sur tous les fronts. Zac Brown semble avoir de grandes ambitions. En F1, les "oranges" ont touché le fond en 2015 et 2017. Ils ont redressé la barre pour éviter un destin à la Williams. Mais on voit mal McLaren jouer le titre à moyen-terme.
Lando Norris a pris ses galons de leader incontesté de McLaren. Au championnat pilotes, il sera "meilleur des autres", avec moins de la moitié des points du pire pilote des top teams. En F1, le temps passe vite. Sa bonne réputation ne va lui servir qu'un temps, car en 2023 ou en 2024, il y aura peut-être de nouveaux débutants aux dents longues...
Visiblement, la MCL36 ne convient pas à Daniel Ricciardo. L'Australien est le flop de l'année. Juste avant Spa, McLaren a officialisé son licenciement. Dany Ric est bien le seul pilote du paddock vraiment photogénique. Mais pour les recruteurs, ça ne suffit et faute de résultat, l'ex-vainqueur de Grand Prix semble déjà appartenir au passé.
Alfa Romeo, 6e du championnat. Valtteri Bottas, 10e et Zhou Guan Yu, 17e
Aston Martin, Haas et Alpha Tauri font davantage parler d'elles. Mais Alfa Romeo tient solidement la sixième place du classement.
Le mérite en revient à Valterri Bottas, l'ex-porteur d'eau de Lewis Hamilton, semble revivre. Il s'est par ailleurs découvert une passion pour les bob Cochonou (!) Un message subliminal d'un prochain transfert chez Alpine ?
Zhou Guan Yu est moins pire qu'on le craignait. Lorsque son baquet à Hinwill est menacé, il sait finir dans le Top 10. Reste que Stellantis se désintéresse de la Chine et donc, la valeur du passeport du Chinois dégringole. Et si Pékin décide d'attaquer Taïwan, à l'issue du Congrès du Parti Communiste Chinois, il pourrait carrément être un dommage collatéral. Encore que contrairement aux Mazepin et Vladimir Poutine, Zhou Guan Yu n'a aucun lien avec Xi Jinping.
Alpha Tauri, 7e du championnat. Pierre Gasly, 11e et Yuki Tsunoda, 15e
On arrive dans une zone de turbulence. Une ou deux arrivées dans les points et les classements pilotes et constructeurs sont chamboulés ! J'ai envie de croire qu'en fin de saison, Pierre Gasly et Yuki Tsunoda se cracheront dans les mains. Il en va de leur avenir...
Parmi les pilotes arrivés après Max Verstappen, Pierre Gasly est sans doute l'un des plus charismatique. Il a prouvé qu'il savait se relever et sa victoire à Monza fut magistrale. Plus encore que Charles Leclerc ou Lando Norris, 2023 sera une saison cruciale pour lui. Il ne faut pas qu'il espère un hypothétique retour chez Red Bull et ce n'est pas en marinant dans le second tiers du peloton qu'il va attirer les regards. Surtout, à force, il risque de se démotiver.
Yuki Tsunoda n'a guère marqué les esprits depuis son arrivée en F1. Chez Red Bull, cela signifie qu'il est en porte-à-faux. Son remplaçant pourrait être Ayumi Iwasa, également pilote Honda. Champion de France de F4 2020, il a connu des résultats honnête en F3. En F2, il est en lice pour le Top 4, synonyme de Superlicence. Charge donc au Japonais de se cracher dans les mains, d'ici la fin de saison.
Haas, 8e du championnat. Kevin Magnussen, 12e et Mick Schumacher, 16e
Le petit poucet Haas est en train d'effectuer l'une de ces meilleures saisons. La différence avec les équipes plus grosses se fera en fin de saison. Faute de moyens techniques et financiers, elle ne pourra pas faire les deux grosses évolutions nécessaires pour rester 7e, voire de revenir sur Alfa Romeo.
On ne va pas pleurer sur Nikita Mazepin. Il était aussi nul sur piste qu'en dehors.
A la place, revoilà Kevin Magnussen ! K-Mag avait débuté sa carrière par un podium et 132 départs plus tard, son compteur reste bloqué à un. Depuis le temps, si c'était un crack, ça se saurait... Le Danois sait qu'il a de la chance d'être là, mais il a clairement atteint sa limite. Notez qu'en cas de départ de son équipier, il pourrait rempiler...
J'ai longtemps suivi les formules de promotion et ça reste ma boussole : vitesse, capacité à s'adapter à un nouvel environnement et à gérer un championnat... On a vu des pilotes à la carrière météorique se désunir une fois en F1 (notamment Magnussen Sr.) Mais en tout cas, on n'a jamais vu de pilotes à la progression ardue briller en F1.
Or, Mick Schumacher n'a jamais été une étoile montante. En F4, par exemple, il était en lice pour un doublé ADAC-Italie. Or, il a perdu les titres face à respectivement Joey Mawson et Marcos Siebert (NDLA : oui, je sais, Guillaume, l'Argentin a disputé un meeting de plus), deux pilotes qui ont ensuite complètement disparu. Faut dire aussi que pendant quatre saisons, l'Escrault m'a fait ch... avec Mick Schumacher. Dès que l'Allemand avait un semblant de résultat, il fallait écrire un papier juste sur lui, dans les 10 minutes !
En cas de départ chez Alpine (voir plus haut), Antonio Giovinazzi pourrait lui succéder. Ferrari n'a pas mieux en stock, c'est dire... Günther Steiner, lui, discute avec Daniel Ricciardo.
Aston Martin, 9e du championnat. Sebastian Vettel, 14e et Lance Stroll, 19e
C'est la preuve que l'argent ne fait pas tout. Une organisation, quelle qu'elle soit, doit avoir un projet à long terme pour espérer être pérenne. Vous définissez des objectifs et derrière, vous bâtissez une structure pour atteindre ces objectifs. Lawrence Stroll, lui, il ne sait faire que des chèques. Il a une vision de financier qui investi dans des sociétés, sans vision d'ensemble.
La conséquence, c'est qu'Aston Martin manque de cohésion. Les cadres dirigeants n'y sont pas plus attachés que ça. Dans la tempête, au lieu de se serrer les coudes et de chercher des solutions, chacun dépose son CV à droite et à gauche...
Sebastian Vettel a décidé de jeter l'éponge. Sa vidéo "Air Papin" est (pour l'instant) la seconde image la plus ridicule de la F1 2022 (derrière l'autocritique de Charles Leclerc, mais devant le "aïe, mon dos" de Lewis Hamilton.) L'Allemand quitte la F1 par la sortie des artistes. L'arrivée de Fernando Alonso a balayé l'émotion de son retrait. C'est dire aussi à quelle point la F1 peut être ingrate...
Cet échec, c'est aussi celui de Stroll Jr. Il est bien incapable de redresser la barre. Sebastian Vettel a le moral dans les chaussettes et pourtant, il reste plus rapide que le Canadien.
En général, les montages purement financiers font long feu. Lawrence Stroll veut faire plaisir à son fils, mais Aston Martin s'avère être un gouffre financier. Le constructeur s'appuie beaucoup sur les BRICS, or, entre la Russie et la Chine, cela fera un sacré manque à gagner, qui viendra s'ajouter à des exercices 2020 et 2021 moroses. A mon avis, d'ici deux ans, Stroll Sr aura retiré ses billes et Stroll Jr disparaitra aussi sec de la grille.
Williams, 10e du championnat. Alex Albon, 18e et Nicholas Latifi, 20e
En 2007, je craignais déjà que Williams n'ait le destin de Tyrrell ou du Team Lotus. Après un bref regain de performance, en 2014-2015, Williams a retrouvé le fond de grille. Frank Williams était de la vieille école. Il ne voulait pas vendre son équipe -même partiellement- à un constructeur ou à un sponsor. Idéalement, il aurait voulu céder la boutique à David Sears (qui géra son junior team, en F3000.) Au lieu de ça, Claire Williams a du vendre à un fond d'investissement anonyme. Sic gloria transit mundi.
Si Mick Schumacher a eu un parcours laborieux, que dire de Nicholas Latifi ? Il affronta Pascal Wehrlein et Antonio Giovinazzi en F3. Il débutèrent respectivement en F1 en 2016 et 2017. Mais le Canadien, lui, du patienter jusqu'en 2020. Son palmarès est vierge de titre. Ensuite, Nicholas Latifi n'a guère été performant. Sa carte de crédit semble donner des signes de faiblesse et après trois saisons de F1, ce sera a priori le retour aux stands. Au moins, il restera dans les annales comme le pilote qui avait bouchonné Lewis Hamilton à Abou Dhabi...
Il pourrait être remplacé par un Nyck de Vries, prêté par Mercedes-Benz (qui rappelons-le, motorise l'écurie.) Williams avait déjà songé au Néerlandais, en 2019, pour remplacer un Robert Kubica en panne d'aisance. Il a piloté la FW44 à Barcelone.
Alex Albon fut l'une des surprises du mercato 2022. L'Anglo-Thaïlandais a débuté sa carrière en 2019, avec Toro Rosso, alors qu'un an plus tôt, il se pensait perdu pour la monoplace ! A mi-saison, il permutait avec Pierre Gasly et se retrouvait propulsé chez Red Bull ! Clairement, le costume était trop grand. En 2021, il pilota une Ferrari aux couleurs d'Alpha Tauri en DTM. Puis il revint en F1. Il est plus rapide que Nicholas Latifi, mais en même temps, ce n'est pas difficile... Le Thaïlandais a déjà signé avec Williams pour 2023. A moins que Williams ne choisisse de vendre son contrat à Alpine...
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