Uncle Scottie

J'ai l'impression de ne plus croiser que des voitures Américaines ! Après la Chrysler Saratoga et la Ford Mustang GT, voici une Buick Century.

C'est un bel exemple d'Américaine du début des années 60. Encore sérieusement chromée, mais par contre, aileron et grigris "space age" (fusée, avion...) ont disparus. Un porte-à-faux avant ultra-court, mais un porte-à-faux arrière délirant. Le coffre étant aussi grand que le compartiment-moteur. Des lignes très horizontales, avec des optiques encore ronds à l'avant.

On ne peut pas parler de muscle car. La Skylark n'avait pas été pensée dans une optique de performance et son style était relativement sobre. C'est le positionnement popu-mais-pas-trop/chic-mais-pas-trop/sage-mais-pas-trop/délurée-mais-pas-trop. Positionnement qui fit le succès des Buick des années 60, 70 et même 80.

Une décennie qui commençait par un conte de fée, pour les États-Unis, avec ce jeune et beau président, avec sa femme digne d'une actrice Hollywoodienne. Le film d'Abraham Zapruder commençait presque mièvrement. Une journée de novembre si ensoleillée que JFK roulait décapoté. Puis boum. Le rêve devint un cauchemar. Ce pays qui avait évité un conflit nucléaire avec l'URSS, sombrait dans la guerre du Vietnam.
Le commandant Georges Morisson n'était pas présent lors du controversé incident du Tonkin. Son "Bon Homme Richard" voguait alors au large du Japon. Mais il eu par la suite un rôle important dans la guerre du Vietnam. Dans le clip de For what it's worth (alias "There's something happening here..."), on voit des émeutiers tenter de renverser une Chevrolet Impala. Un symbole du consumérisme contre lesquels les hippie se battaient. En fait, les émeutes étaient partie d'un motif plus trivial : le couvre-feu de Sunset Strip, à Los Angeles. Les riverains se plaignaient des attroupements bruyants autour du club Whisky a Go Go. Quelques mois plus tôt, Jim Morisson (fils fugueur du commandant sus-cité) s'était fait viré de ce club. Les propriétaires n'avaient pas supporté son interprétation très personnelle (et très graphique) d'Oedipe Roi. Avec les Doors, il allait la mettre en musique, créant The End. Titre emblématique de la B.O. d'Apocalypse Now, l'un des films marquants sur la guerre du Vietnam. La boucle est bouclée.

Le nom Skylark fut utilisé durant près de 40 ans. Comme de nombreux patronyme US, il toucha le fond, dans les années 80. Il disparu pour des bons en 1998, tandis que Buick tentait une énième plan pour rajeunir sa clientèle. Le salue de la marque vint finalement de Chine. Justement, à un moment, il était question de ressusciter le nom pour une Opel Astra rebadgée, vers 2007. A l'arrivée, la cousine Chinoise de l'Astra prit le nom d'Excelle.

J'ai globalement l'impression que les voitures Américaines ne font plus rêver. Certes, sur les réseau sociaux, on s’extasie sur les Ford Mustang. Mais c'est presque tout. Tesla, c'est un cas à part. C'est une voiture sans passeport. Même les Camaro et Corvette n'ont plus la cote. Bien sûr, à 2€, le litre de 95, on n'a pas envie de rouler dans un paquebot dont le V8 consomme 20 litres aux 100 kilomètres. Mais ça n'explique pas tout. 

Il faut dire qu'avant, l'automobile était omniprésente dans les films, les clips, les pubs, les comics et même les jeux vidéos US ! Aujourd'hui, on ne voit quasiment plus de voitures US nul part. Dans l'univers des super-héros, ce ne sont plus que des figurantes, qui se font écraser par dizaines.
J'ai l'impression que l'automobile US de collection est désormais l'apanage de la France périphérique. Là, par contre, on en voit systématiquement. Et ce n'est pas qu'une question de prix qui se sont effondrés. C'est une France qui se reconnait dans l'Amérique "white trash". Elles partagent beaucoup de points communs : mépris des élites, sentiment d'avoir beaucoup de devoirs et aucun droits, extrême méfiance envers les médias traditionnels, etc.