Buick Roadmaster "Rain Man" par Greenlight


Pour une fois, je vais parler d'une miniature, qui ne représente pas une voiture Chinoise ! Voici la Buick Roadmaster 1949 du film Rain Man. Greenlight Collectibles l'a proposée au 1/18e et au 1/43e. Elle est désormais proposée au 1/64e.


La miniature en elle-même est un peu décevante, surtout lorsqu'on s'est habitué aux productions XCarToys

Déjà, il y a ce blister, impossible à ouvrir proprement. Et une fois détruit ouvert, vous n'avez pas de boit où ranger la miniature.

Ensuite, les feux, les chromes et les ouïes sont peintes. Seuls les boucliers et le pare-brise sont rapportés.

En bref, une voiture belle de loin, dans votre vitrine, mais dès que vous l'examinez... Ce n'est pas du Hot Wheels, mais on n'est pas encore au niveau d'un vrai modèle réduit pour collectionneurs. C'est dommage, car c'est vraiment une voiture de film célèbre, jusqu'ici peu miniaturisée. 

Deux Buick identiques ont servi pour le film. Dustin Hoffman avait conservé la voiture du film et Barry Levinson, le réalisateur, celle servant aux gros plans. L'acteur a revendu sa voiture, en 2022. Est-ce que le nouveau propriétaire a autorisé Greenlight à numériser la Buick ? 

Dans les années 60, il y eu un mouvement de concentration des fabricants de jouets Américains. Cela abouti, dans les années 90, à la constitution de deux mastodontes : Mattel et Hasbro. Néanmoins, dans les années 60, le marché du jouet restait extrêmement saisonnier. Les enfants Américains recevaient des jouets à noël et aux anniversaires, point. C'était encore le temps des petites boutiques de jouets. Toys "R" us avait imaginé un concept de grande surface du jouet, mais ça ne décollait pas.
La seule exception à cette saisonnalité, c'était Disney. Dès qu'un dessin animé sortait, les enfants en réclamaient les jouets ! Or, c'était le boum de la pop culture. Quasi-simultanément, les industriels Américains, Européens et Japonais s'intéressèrent aux séries TV et au cinéma. Il y eu aussi des jouets Elvis ou Beatles ! Reste que les industriels travaillaient sur l'existant. Et concevoir des jouets, cela prend du temps. Le film Goldfinger sortit en 1964, mais l'Aston Martin DB5 Corgi n'arriva qu'en 1965 et elle fut au catalogue jusqu'en 1968 ! Pour Cadillac & Dinosaurs, ce fut pire : le temps que les jouets Tyco n'arrive en rayon, le dessin animé avait été déprogrammé !

Dans les années 80, les industriels et les studios travaillèrent plus en amont. DIC allait plus loin : vous leur montriez votre gamme de jouets et ils créaient un dessin animé autour ! En prime, l'industrie textile et les fast-foods demandaient aussi des licences. Puis, plus tard, les jeux vidéos se joignirent à la danse. Pour les studios, c'était un apport financier non-négligeable. Vous faisiez rentrer du cash, avant même d'avoir vendu le premier ticket de cinéma ! Des films comme Batman ou Jurrasic Park étaient conçu comme de vraies marques, avec un logo et un plan marketing.
Mais le cœur de cible des industriels du jouet ou du textile, c'était les 8-12 ans. Batman Le défi était jugé "trop noir" par les parents, qui refusaient d'y amener leurs enfants. Et bien sûr, si un enfant ne voit pas un film, il ne réclamera pas de jouets derrière. Alors Warner Bros remplaça Tim Burton par Joel Schumacher... D'où aussi tous ces films d'actions particulièrement crétins de la fin des années 90. Car il fallait que cela reste compréhensible (et drôle) pour un enfant de 12 ans...

Donc non, les films des années 80-90 n'étaient pas forcément mieux que ceux d'aujourd'hui. Mais tous les films n'étaient pas taillés pour les licences.


Il y avait aussi des films "popcorns", qui visaient davantage les CSP+. Le modèle économique était sur le long terme. D'abord avec les VHS, puis les DVD -on était à la grande époque du loueur US Blockbuster Video-. Puis à l'export, sur le marché du film. Les chaines de télévision adoraient ces films. Lorsque TF1 ou France 2 diffusait Forrest Gump ou Le cercle des poètes disparus, plus de la moitié des téléspectateurs les regardaient ! Et ensuite, ce seraient des produits d'appels pour les chaînes du câble...

Des films divertissant, mais avec un sujet souvent sérieux. Barry Levinson est exactement dans cet entre-deux. Ce n'est pas un "auteur" à proprement parler, mais il a réalisé Good morning, Vietnam ou Bugsy.
Faire le beau dans un succès annoncé du box-office, c'est lucratif, mais éphémère. Tout ou tard, Hollywood se trouvera un nouveau beau gosse... Tom Cruise a vite compris que pour durer, il devait alterner avec des rôles plus exigeants. Entre Cocktail et Jour de Tonnerre, il tourna ainsi Rain Man. Charlie Babbitt est une tête-à-claque. On comprend qu'après le générique, il aura tôt fait de claquer son argent dans un projet hasardeux et qu'il changera de copine, comme de chemise. Un rôle loin de son image habituelle de gendre idéal.
Dustin Hoffman, lui, est un habitué des rôles compliqués : Le Lauréat, Macadam Cowboy, Cramer contre Cramer, Little big man, Tootsie (co-écrit par Barry Levinson)... L'acteur a fréquenté des autistes pour mieux capter leurs gestuelles et leur phrasé. Vu de 2022, les psychologues diront que Raymond Babbitt n'est pas crédible comme autiste. Mais en 1988, on savait moins de choses sur l'autisme. Surtout, Rain Man a ouvert le débat. Pour beaucoup de gens, ce fut la première fois qu'ils entendirent le mot "autisme".

Le film débute sur Charlie Babbitt. Le personnage joué par Tom Cruise a un super plan : importer des Lamborghini Countach et les vendre à prix d'or aux USA... Sauf que Sant'Agatha Bolognese lui a refilé ds voitures sans pot catalytique et forcément, un pot catalytique de Countach, ça ne se trouve pas chez Speedy...
Petite parenthèse. Effectivement, après 1977, Lamborghini naviguait à vue et nombre de distributeurs jetèrent l'éponge. D'où l'arrivée d'importateurs parallèles... Néanmoins, l'action est censé être contemporaine de la sortie du film (1988.) Or, depuis 1987, Chrysler était propriétaire de Lamborghini. Donc place à un importateur officiel et surtout, il existait désormais une Countach catalysée.
Fin de la parenthèse. Le richissime père de Charlie Babbitt meurt et il n'hérite que de la Buick Roadmster 1949 (ainsi que des rosiers.) Le reste de la fortune est pour son grand-frère, Raymond, dont Charlie ne connaissait pas l'existence. Raymond est autiste. Charlie tente de le kidnapper pour récupérer la fortune. Et les voilà sur les routes Américaines, de Cincinnati à Los Angeles.

Le film est avant tout drôle. Il joue sur le décalage entre Raymond Babbitt et le monde extérieur. Par définition, il réagit de manière imprévisible aux interactions diverses. Le personnage de Tom Cruise est là pour nous dire : "C'est normal de rire d'un handicapé. Moi-même, je suis plié en deux." Surtout, il le traite comme une personne normale, sans condescendance, ni infantilisation. Aussi, il y a un contraste entre Charlie Babbitt, un yuppie obsédé par la modernité et cette Amérique rurale, où le temps s'écoule lentement. La Buick est d'ailleurs dans son élément, croisant des régulièrement des voitures des années 50 et 60. Notez enfin la très belle BO signée Hans Zimmer, alors méconnu.
Ce n'est pas un film moral. Raymond ne sauve pas le monde, il n guéri pas et il n'est pas accepté par la société. Le film ose un unhappy end : Charlie Babbitt n'est pas capable de s'occuper de son frère et il doit le remettre dans une unité spécialisée.

On n'oserait plus faire un tel film. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les films ultérieurs sur l'autisme.
Dans Code Mercury (1998), l'enfant autiste démonte un complot de la NSA. C'est juste un polar générique d'un flic (Bruce Willis) qui protège un enfant. Le fait qu'il soit autiste n'ajoute rien. Notez aussi qu'il n'y a pas ce pied d'égalité. Lorsque l'enfant enclenche les différentes sirènes d'une ambulance (alors qu'ils sont pourchassé par les méchants et doivent être discrets), Bruce Willis s'en veut d'avoir élevé la voix.
Puis il y eu le très woke Music (2021) de Sia. 107 minutes de leçons de moral, avec des personnages qui ont tous 10 lignes de bio Twitter. Et interdiction de rire de Maddie Ziegler ! Elle est censément "inspirante". Inspirer quoi, on ne sait pas...


Les films "popcorn" ont hélas disparu.
Blockbuster Video, l'emblématique loueur US, a sombré corps et bien en 2014 (après plusieurs tentatives de reprises.) Les rayons DVD des FNAC se sont réduits à peau de chagrin (et commencez par chercher une FNAC...)
Côté TV, les films ne permettent plus de rameuter les spectateurs. D'ailleurs, le hertzien a perdu son hégémonie. En 2001, avec 24 Heures Chrono, les séries TV faisaient leur révolution, avec davantage de soin et d'ambitions. Kiefer Sutherland (à la fois acteur et producteur) démontrait qu'on pouvait porter à la TV, des scenarii qu'on ne voulait plus projeter au cinéma. Par la suite, il y eu House, Breaking Bad, The Walking Dead, Game of thrones... La toute première série produite par Netflix était House of cards (2013.) Mais depuis, les plateformes ont compris que leur cible était des 15-25 ans qui "bingwatch" les séries. D'où la production de séries jetables chez Marvel et Disney. Tout le monde se plaint que She-Hulk ou The rings of power, c'est du caca. Mais ce n'est pas grave : la cible, elle, va regarder toute la saison 1 ! Et de toute façon, dans 2 mois, il y aura un autre série incontournable...

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