Encore une livraison de véhicules du "Gamelle Trophy" miniaturisés ! Avec une miniature ancienne, une récente et une... De Tomb Raider !
Mon premier article sur une miniature "Gamelle Trophy" était plutôt long. En fait, j'étais persuadé que c'était la première et la dernière fois que j'évoquais ce raid. Pour plusieurs raisons objectives :
1) Le dernier raid a eu lieu en 2000. Et encore, le dernier vrai raid, fut celui de la Terre de Feu, en 1998 (avec
les Freelander.) Donc avant le décollage du web. Le site de l'époque comportait des photos format timbre-poste et des animations sous Flash (qui ne marchent plus, donc.) Or, pour beaucoup de bloggeurs/vloggeurs/journaliste web, etc. si vous n'avez pas des vidéos (voire des stories), ça n'existe pas !
2) Le "Gamelle Trophy", c'était du viril, avec des valeurs de camaraderie, de saine compétition, de dépassement de soi... Avec le sous-texte néo-colonial que grâce à la technologie, des hommes normaux peuvent vaincre la jungle. Bref, du politiquement très incorrect, vu d'aujourd'hui.
3) C'était une initiative de RJ Reynolds RFA. Par la suite, il s'est étendu à l'Europe de l'Ouest, puis à l'Est avec la chute du mur. Avec quelques tentatives extra-européenne (Turquie, Japon et Etats-Unis), sachant qu'il y avait une guéguerre entre les filiales régionales de RJ Reynolds. En tout cas, l'évènement n'a jamais possédé une aura mondiale. Il faut aussi se souvenir que Land Rover était alors peu présent hors d'occident.
4) Le concept du raid, c'était de prendre des hommes normaux et de les placer dans un environnement difficile, voire hostile. Puis ils retournaient à l'anonymat à la fin du raid. Aucune célébrité n'a participé au raid. Sauf erreur, il n'y eu même pas de célébrités invités pour faire une apparition. Donc personne à mettre en avant.
Et surtout, ce raid a été créé par un cigarettier. Son image était omniprésente. La plupart des pays occidentaux possèdent des législations très (trop ?) stricte sur le tabac. Evoquer le "trophée", c'est risquer l'accusation de promotion du tabac. Sur les réseaux sociaux, il existe de nombreuses pages surfant sur la nostalgie. Mais peu se risquent à évoquer le "Gamelle Trophy", à cause de cette menace.
Pour toutes ces raisons, le "Gamelle Trophy" devrait être oublié. Et pourtant, plus je déterre des objets et plus j'en trouve des neufs ! Ma caravane commence à avoir une sacrée tête... Et je ne vous montre ici que celles au 1/64e...
Land Rover Camel 4x4 Majorette
Le "Gamelle Trophy" fut donc une création de RJ Reynolds RFA. Les deux premières éditions avaient été un franc succès, en terme de retombées. Pourquoi ne pas étendre le concept à toute l'Europe ? Les Pays-Bas, l'Italie et les Etats-Unis furent les premiers à monter dans le train,
en 1982. Curieusement, la France n'entra dans la ronde qu'en 1986.
Il faut croire que RJ Reynolds France et Austin Rover France préféraient chacun miser sur le Paris-Dakar. Et surtout, le terrain était favorable. Comme en Allemagne, les marques nationales de cigarettes trainaient une image ringarde. Le Service d'Exploitation Industriel des Tabacs et Allumettes (SEITA) disposait d'un monopole de la fabrication de cigarettes, dans l'hexagone. Les cigarettes françaises trainaient l'image du papy avec clope au bec... Et elles ne faisaient pas grand chose pour dépoussiérer cela. RJ Reynolds se contentait d'adapter les publicités Allemandes avec Bob Beck et cela fonctionnait très bien.

En 1986, donc, deux Français disputèrent le "Gamelle Trophy"... Et il s'imposèrent. Les retombées furent au rendez-vous. Devant l'afflux de volontaires, il fallu organiser des qualifications, puis des pré-qualifications au domaine de Forest-Hill. En parallèle, RJ Reynolds France mis le paquet, distribuant autocollants, horloges, tee-shirts, etc. aux couleurs du raid (à ne pas confondre avec les vêtements et montres "Gamelle Trophy", de meilleure qualité et vendus en magasin.)
En théorie, tout ces objets (qu'ils soient donnés ou vendus) tombaient sous le coup de l'article 4 de la loi Veil de lutte contre le tabagisme. D'autant plus que le nom du cigarettier apparaissait en toutes lettres. Mais le législateur fermait les yeux.
Tant qu'à pousser le bouchon encore plus loin, pourquoi ne pas réaliser des jouets ? Majorette Pub proposait alors de faire fabriquer des petites voitures avec votre logo dessus. RJ Reynolds France fit apposer le logo au chameau sur des Jeep Cherokee, Toyota Land Cruiser, Ford Sierra, Ferrari F1 (!), Chevrolet pick-up... Ces jouets n'étaient pas commercialisés, mais juste distribués à des collaborateurs ou des clients. Et apparemment, en 1989, quelqu'un a suggéré de peindre le Land Rover 90 en jaune orangé et d'y mettre le logo dessus. Il arbore l'autocollant standard "[chameau] 4x4". Par contre, le jouet dispose d'une galerie de toit spécifique, avec la fameuse plaque de rallye.
C'est donc bel et bien un "Gamelle Trophy". Pour un simple jouet en édition limitée, Majorette a fait plus d'efforts de présentation que Schuco !
Pour la miniature en elle-même, par contre, il n'y a pas photo. La version Allemande est plus fine et possède davantage de détails. Alors que la miniature française est monochrome. Au moins, la Majorette dispose de la fameuse suspension à quatre roues indépendantes.
Même aujourd'hui, Majorette s'enferme dans une vision très "jouet" des "three inches". Contrairement à Hot Wheels ou Matchbox, qui savent faire des efforts pour séduire les adultes.
Land Rover Discovery Camel Trophy BMC
Dans les années 80, beaucoup de fabricants ont tenté de surfer sur la vague. Rien de surprenant en soi.
Ce qui l'est davantage, c'est qu'aujourd'hui, des fabricants proposent des miniatures sur ce Trophée. Mini GT, Inno 64 et BM Concept s'occupent du 1/64e. Chacun possède l'imprimatur de Land Rover, mais aucun n'a l'exclusivité des véhicules "Gamelle Trophy"...
La miniature est livrée avec deux planches d'accessoires. Apparemment, l'idée est de pouvoir maquiller son "Disco", dans plusieurs configurations.
Par contre, il n'y a pas de mode d'emploi, ni de schéma. Débrouillez-vous !
Quel aura été le véhicule le plus utilisé par les participants du "Gamelle Trophy" ? Perdu, c'est le Discovery. Il fut employé sans discontinuer, de 1990 à 1997, soit huit fois. Contre six fois pour l'emblématique Series III 88/90/110 et trois fois pour le Range Rover.
En plus d'avoir été "le" véhicule du Trophée, il marqua un évènement charnière, à la fois pour Land Rover et pour les rapports avec RJ Reynolds.
En 1982, British Leyland devenait Austin Rover Group. Le choix du nom était révélateur : dans la galaxie BL, seuls Austin et Rover seraient conservés. Les autres marques avaient vocation à être revendues ou à disparaitre. Land Rover portait ainsi un écriteau "à vendre". GM était intéressé par Land Rover et surtout, par le Range Rover, un concurrent de poids pour le Jeep Cherokee... Néanmoins, l'état Britannique proposait Land Rover en lot avec Freight Rover (dont la gamme se limitait au vieillissant Sherpa.) GM se débattait déjà avec Bedford. A quoi bon récupérer Freight Rover ?
En attendant un repreneur, Austin Rover avait levé le pied sur les lancements. En 1986, Austin Rover devenait Rover Group et il faisait le deuil de la vente de Land Rover. Les projets en cours reprirent. Lorsque le Renault Espace sorti, la plupart des constructeurs ricanèrent. Pas Land Rover, qui avait compris que Matra tenait quelque chose : il y avait une demande pour un véhicule haut, mais moins rustique qu'un 4x4 ou une camionnette. Les premiers mulets du Disco' étaient d'ailleurs des Espace posés sur des châssis de Range Rover ! Le Range Rover s'apprêtait à monter en gamme, ouvrant un espace. Finalement, au lieu d'un monospace, Land Rover songea à un tout-terrain des villes, capable de rivaliser avec les productions Japonaises (Isuzu Trooper, Nissan Terrano...) D'où son nom de code "Jay". Le Discovery fut dévoilé au salon de Francfort 1989, pour souligner ses ambitions internationales.

Six ans plus tôt, RJ Reynolds International avait repris l'organisation du Gamelle Trophy à RJ Reynolds Allemagne. Du coup, le cigarettier traitait directement auprès d'Austin Rover et non plus de sa filiale Allemande. Land Rover sous-estima le potentiel du Trophée. Pire : dans une radinerie très "British Leyland", elle y vit surtout un moyen de se débarrasser de ses invendus.
Il fallu quelques années pour que le constructeur ait une démarche plus proactive. Cela commença timidement, en 1987, avec le nouveau Range Rover turbo-diesel. Pour le Discovery, LR avait besoin d'un support offrant une visibilité maximale et prouvant ses capacités de franchissement. Car en 1989, il était inconcevable de proposer un quat'quat qui ne soit pas un franchisseur (même lorsqu'il s'adressait à une clientèle de citadins.) Land Rover imposa donc le Discovery comme véhicule du Trophée 1990. Tant pis pour RJ Reynolds, qui préférait de bons vieux 110 (désormais appelé Defender.)
Land Rover jouait à fond la carte "Gamelle Trophy". Le véhicule des vainqueurs 1990, l'équipage Néerlandais, fit ensuite la tournée des salons. Puis le Discovery 5 portes apparu. Land Rover exposa un véhicule avec un flanc d'origine et un flanc équipé pour le Trophée (avec demi-galerie de toit, demi-pare-buffle, etc.) pour bien prouver que c'était le même. L'épreuve était également évoquée dans les catalogues de la marque. Dans les publicités "print", on voyait régulièrement des Land Rover jaune orangés dans des décors de jungle boueuse.
Tout cela permit au Discovery d'exister face aux mastodontes Defender et Range Rover. C'est également grâce à cela que Land Rover put prendre le virage des années 90 et anticiper la future mode des SUV.
Land Rover Tomb Raider Camel Trophy Street Warrior
La meilleure preuve de l'engouement du "Gamelle Trophy", c'est la présence de contrefaçons. Ah, le monde des faussaires Chinois... Avec cette absence totale de scrupules et de recherche documentaire, qui fait tout leur sel.
Sur la boite, point de référence et bien sûr point d'imprimatur de Land Rover. Juste un mystérieux "Street Warrior". Et lorsque l'on ouvre la boite, surprise : c'est un Land Rover Tomb Raider, en série limitée. Apparemment, il y aurait surtout des "1/499" et des "999/1000". Voilà qui nous rappelle des choses du côté des Citroën M35 et Visa Chrono...
Lui aussi, il est livré avec un sachet d'accessoires. Et lui non plus n'offre pas de mode d'emploi. En plus, les caisses ne s'imbriquent pas les unes sur les autres !

Lancé en 1995, Tomb Raider secoua le monde du jeu vidéo. Premièrement, c'était l'un des premiers jeux utilisant vraiment la 3D. Un mélange de beat'em all et de point n'click. Lara Croft courrait, sautait, grimpait des obstacles, se battait, tirait... Le tout sur des décors en 3D, loin des scrolling horizontaux ou verticaux alors en vogue. Deuxièmement, c'était l'une des premières héroïnes de jeu vidéo. On en était encore aux princesses à sauver. Lara Croft, elle, n'attendait pas son chevalier servant ! Elle se confrontait à un environnement hostile. Troisièmement, Lara Croft fut l'une des premières héroïnes sexuées. Elle portait des micro-short et un top moulant une poitrine généreuse (une erreur de programmation, paraît-il...) De l'inédit pour un jeu grand public. Qui plus est, la caméra multipliait les plans sur son postérieur (notamment lorsqu'elle rampait ou qu'elle nageait.) La génération Super Mario Bros avait vieilli et Eidos leur servait du sur-mesure !
L'éditeur n'avait aucun scrupule à faire pisser sa franchise : il y eu quasiment un nouveau jeu par an ! Eidos songea alors à une adaptation cinématographique. Jusque là, les adaptations de jeux vidéos avaient été des bouses : Super Mario, Street Fighter, Mortal Kombat... Pas question de refaire cela avec Tomb Raider, d'où une pré-production qui s'éternisa. Finalement, Simon West hérita du scénario et de la réalisation. Depuis Les ailes de l'enfer ou La fille du général, il avait prouvé qu'il savait tenir une caméra. Il y eu pas mal de postulantes pour le rôle de Lara Croft (dans notre Vanessa Demouy nationale.) Angelina Jolie, alors méconnue, obtint le rôle.
Le film fut un succès. Paramount s'attendait pourtant à un flop. Dans cet esprit, la production avait cherché à limiter les dépenses au maximum. D'où une B.O. façon compile techno (avec un inédit de U2), pour vendre des CD. Et un partenariat auto. Dans La révélation finale, il y avait une séquence où Lara Croft conduisait un Land Rover 88. Est-ce ceci qui a poussé Paramount vers Land Rover ? Le constructeur utilisait les placement-produits Hollywoodiens pour percer aux USA (cf. Judge Dredd, Ace Ventura 2, Spectre...) Pour Tomb Raider, une équipe prit un Defender 110 pick-up, en retira le toit, remplacé par un arceau et ajouta des projecteurs. Dans le film, le Land Rover était parachuté en pleine jungle. Angelina Jolie roulait à tombeau ouvert et traversait un gué. La réalisation a profité du moment où elle montait à bord pour un gros plan de ses fesses ! Notez que d'autres véhicules de Land Rover apparaissaient dans le film. Le constructeur tourna une publicité avec Lara Croft/Angelina Jolie dans un Defender. Quant à l'importateur Australien, il réalisa une série limité 110 pick-up td5 "Tomb Raider", reprenant la couleur et les projecteurs du véhicule du film (mais avec un toit.)

Fort du succès de Tomb Raider, Paramount sorti donc une suite. Ce fut une belle bouse et il n'y eu pas de Tomb Raider 3. Notez que pour le second volet, Jeep était le voiturier officiel.
En parallèle, à force de lancer un jeu par an, la franchise n'eu plus d'idées. Naughty Dog avait alors prit le relais dans les jeu d'action/aventure avec Uncharted. Square Enix, qui avait repris Eidos, voulu cloner Uncharted avec de nouveaux Tomb Raider. Avec au passage, un relooking de Lara Croft en jeune fille banale, voire androgyne. En 2018, MGM tournait un nouveau Tomb Raider. Il se présentait comme un épisode zéro, nous expliquant d'où vient Lara Croft... Ce fut surtout un film très oubliable, qui fut à peine rentable. La suite (qui aurait dû lancer l'histoire) fut abandonné.
Puis il y eu le dessin animé, produit par et pour Netflix, en 2024. Une bouillie progressive (pour ne pas dire "woke".) Lara Croft y semblait plus préoccupée par la bataille contre le patriarcat et les droits des minorités, que par le pillage de tombes ! C'était si mauvais que même les médias US "progressistes" en ont dit du mal ! Après deux saisons, Netflix arrêta les frais.
Pour une raison inconnue, Street Warrior commercialisa une réplique au 1/64e du Defender 110 "cabriolet" du film Tomb Raider de 2001. Puis il décida de le repeindre couleur sable et d'y ajouter des plaques "Gamelle Trophy". Voici donc un improbable mélange des genres.
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