Dealership : New York, New York

"Le retour de l'élégance décontractée", on pourrait croire à une nouvelle publicité. Cela colle bien avec le retour des beaux jours et cet esprit post-confinement. La saleté de la vitrine et le fait que les couleurs sont passées, trahissent que ce "retour" a quelques années... Et pour cause, il s'agit d'une pub à la gloire de la "nouvelle" Cadillac STS de 2005...

Jean Charles Automobiles a coulé corps et biens en 2016. Mais ce show-room bordant une avenue très passante ne présente aucun intérêt pour une transformation en restaurant à thème. En plus, les lieux sont un peu excentrés. Il reste donc, avec son amas de totem à la gloire de Cadillac.
Hasard ou coïncidence, à quelques mètres de là, j'avais surpris une Oldmobile portant encore son blason Jean Charles Automobiles.
Des importateurs de voitures Américaines, il y en a eu quelques uns, depuis la seconde guerre mondiale. De tout temps, c'était un travail compliqué. Dans les années 50, 60, il fallait disposer d'un compte bancaire en dollars. Puis il y avait la mise aux normes, avec l'interminable homologation à titre individuel. Il fallait notamment arracher les pots catalytiques et les troisième feu de stop... Qui devinrent obligatoire en 1992. Tout cela pour un public restreint d'amateurs de "bagnoles Américaines". Achille Zavatta, Joseph Bouglione, Johnny Halliday... Dans les années 60, 70, l'artiste qui voulait impressionner se devait de rouler en Américaine !

En 1975, AMC, tira l'une de ses dernières cartouches : la citadine Pacer. M. Jean Charles sauta sur l'occasion pour devenir importateur officiel d'AMC pour la France. Il fournit une Pacer pour Coluche, dans l'Aile ou la cuisse. De quoi s'assurer une petite notoriété. Puis il fit des publicités à la gloire des différentes produits AMC (Pacer et Jeep), avec un personnage dessiné, au dessus d'une voiture. Blondes offertes, chefs Indiens, bluesman noir, c'était extrêmement kitsch.
En 1979, Renault devint actionnaire d'AMC. La production de la Pacer s'arrêta et la firme au losange prit en main la distribution des Jeep CJ-7 (équipées pour l'occasion d'un diesel Renault.) Jean Charles Automobiles rebondit en se rapprochant de General Motors. En important par lot, il pouvait viser une homologation globale d'une modèle. Pour la promotion, il aligna des voitures au Dakar, puis en tourisme.
Il a connu un petit succès avec les Buick Skylark. Mais son second grand coup, au milieu des années 80, fut de représenter Cadillac. Il possédait un stand officiel au Mondial de l'automobile. GM lui confia même le concept-car Voyage, en 1988.
Peu après, Sonauto et Chrysler s'associaient pour distribuer Le Baron et Voyager en France. Avec son V6 Mitsubishi et son équipement inédit pour un monospace, le Voyager plu. GM riposta. Jean Charles Automobiles créa NAVI (North American Vehicle Import), un réseau chargé de diffuser des GM dans tout l'hexagone. Outre Cadillac, les Chevrolet Corsica/Beretta, les Pontiac Trans Sport et Firebird, ainsi que la Buick Park Avenue débarquèrent. Par la suite, la Park Avenue disparu et tout fut recentré autour de Chevrolet. L'Oldsmobile Alero gagna ainsi un badge frappé du "+" ! GM tenta également de rapprocher les réseaux de NAVI, Opel-GME (ex-Bedford) et Lotus !
Les berlines, mal taillées pour l'Europe, finirent par disparaitre. La gamme s'articula autour de la Camaro, la Corvette (C5), le Trailblazer et toujours, Cadillac. Vers 2005, nouveau remaniement. Les ex-Daewoo furent renommées Chevrolet et distribuée par Opel (avec Saab.) Cadillac, Hummer et Corvette (qui devint alors une marque) furent attribuées au distributeur Néerlandais. Voilà pourquoi le show-room de Jean Charles Automobiles est bloqué en 2005. Le distributeur Néerlandais fit preuve d'un amateurisme total, ruinant le potentiel de la BLS.
Jean Charles Automobiles tenta de rebondir dans l'entretien et la restauration d'Américaines. Il jeta l'éponge en 2016.

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