Raoul 'Sonny' Balcaen

Raconter les histoires arrivées à autrui, c'est bien. Mais rien ne vaut les témoignages de première main. A fortiori lorsqu'ils évoquent des épopées pas ou couverte. Ancien mécanicien de Chaparral, Scarab et Shelby, Raoul Balcaen (dit "Sonny") nous ouvre ainsi son livre de souvenirs.

Raoul Balcaen nous emmène dans le Los Angeles du début des années 50. Il préfère bricoler son hot-rod aux cours du lycée. De rencontres en rencontres, le voilà mécanicien, œuvrant sur les grosses cylindrées venues d'Europe.
Par ce biais, il croise la route de Lance Reventon. Véritable Gatsby le Magnifique des années 50, il ferraille sur les circuits avec Phil Hill ou Carroll Shelby. Ce dernier recrute notre mécanicien pour qu'il s'occupe de la Lotus Eleven de son poulain, Jim Hall. Raoul Balcaen visite ainsi les épreuves d'Amérique du Nord, dont la fameuse Semaine de Nassau ou le Grand Prix de la Havane.
Lance Reventon le récupère. Trouvant la Lister-Jaguar mal finie, il souhaite construire sa propre sport : la Scarab. Le sport auto Californien des années 50, c'était une collection de TPE. Scarab eu l'idée d'embaucher un préparateur plutôt typé "moteur", un autre typé "châssis", un designer, etc. Trois voitures et quelques victoires plus tard, nouveau projet : une F1 100% Américaine ! D'emblée, on comprend que le projet est condamné à l'échec.
En 1962, Scarab ferme boutique et dans la foulée, Carroll Shelby en reprend les hommes et les locaux. Son projet est simple : faire comme Scarab, mais en sérieux. Raoul Balcaen s'occupe du merchandising de Shelby, avant de lancer sa propre entreprise, EICO. Il participe ainsi au mouvement naissant du tuning...

Le livre est truffé d'anecdotes et richement illustré. On voit ici l'auteur (à l'extrême droite) s'affairant sur la Scarab. Le dégarni, c'est Phil Remington (1921-2013.) Vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, "Rem" fut ensuite l'inamovible mécanicien d'Eagle, travaillant sur la Deltawing, à 90 ans passés !

Raoul Balcaen a visiblement écrit son livre tout seul. On a ainsi droit à un témoignage brut de décoffrage, sans artifices journalistiques. En même temps, il hésite sur la direction à donner à son autobiographie. Doit-il ne parler que de voitures ? Vu que les voitures sont sa passion, où mettre la ligne de démarcation entre la vie privée et la vie professionnelle ?

Et puis, il y a la dernière partie. Car il tient à brosser l'intégralité de sa carrière professionnelle... Il finit ainsi par revendre EICO. En creux, il réalise que c'est financièrement plus avantageux d'être permanent dans plusieurs associations. Notamment dans le domaine de la gastronomie et du vin (cf. ci-dessous, à l'extrême droite.)
Il semble alors mettre un point d'honneur à accumuler tous les stéréotypes du bourgeois Américain grisonnant : mettre en avant ses origines Européennes, dire que sa nouvelle femme est "l'amour de sa vie" et se poser en expert (alors qu'il se fait refiler du vin de table.)

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