Le point sur le mercato F1 2025

La saison 2024 est pliée. Après 5 victoires en 7 courses, Max Verstappen a accumulé déjà près de 50 points d'avance sur le second. Sur tel ou tel circuit, Charles Leclerc ou Lando Norris peuvent se montrer incisifs. Mais à la régulière, le Néerlandais est de nouveau hors-compétition. Il peut filer vers un quatrième titre. La seule chose intéressante c'est... Le mercato 2025 !

Le mercato 2025 a débuté avant même la saison, avec la signature de Lewis Hamilton chez Ferrari (on y reviendra.) Ca, personne ne l'avait vu venir ! Et c'était parti pour un jeu de chaises musicales. Voici, à ce jour, le plateau 2025. Avec en gras, les nouveaux et entre parenthèses, les très plausibles :

Red Bull : Max Verstappen - NC

Ferrari : Lewis Hamilton - Charles Leclerc

McLaren : Lando Norris - Oscar Piastri

Mercedes : George Russell - (Andrea Kimi Antonelli)

Aston Martin : Fernando Alonso - (Lance Stroll)

RB Machin Bidule Chouette : NC - NC

Haas : (Oliver Bearman) - (Esteban Ocon)

Alpine : (Valtteri Bottas) - NC

Williams : Alex Albon - NC

Audi : Nico Hulkenberg - (Pierre Gasly)

On pourrait avoir une tripotée de débutants : Andrea Kimi Antonelli, Oliver Bearman et possiblement Victor Martins, Isack Hadjar et Franco Colapinto. 

Plus de la moitié du plateau est dans l'expectative. Notamment, Valtteri Bottas, Pierre Gasly, Esteban Ocon, Sergio Perez, Daniel Ricciardo et Carlos Sainz Jr. Ce sont six vainqueurs de Grand Prix. Chaque cas est différent. Il s'agit de pilote qui n'ont pas su endosser le costume de champion potentiel. Ils n'avaient pas la bonne voiture, ce n'était pas le moment... En tout cas, les écuries ne se battent pas pour les recruter et ils semblent poussés vers la sortie. C'est la F1 et son syndrome Peter Pan.

Red Bull

Le "Hornergate" a accouché d'une pax romana. On ne s'entend pas, mais on fait comme si. Pour l'instant, en tout cas. Seul Adrian Newey a quitté le navire.

Bientôt quadruple champion du monde, Max Verstappen a décidé de rester à Milton Keynes. Au grand dam de Toto Wolff qui lui faisait des appels du pied.

Qui sera son équipier ? Christian Horner n'a jamais caché son inimité envers Sergio Perez, qui n'était après tout qu'un bouche-trou. Carlos Sainz Jr possède un beau pied droit et chez Ferrari, il a joué les punching-ball sans broncher. Un porteur d'eau idéal, donc. On a déjà vu le limonadier rappeler des pilotes (Brandon Hartley, Alex Albon, Daniil Kvyat et surtout Daniel Ricciardo.) Sainz sera-t-il le cinquième ? L'autre possibilité serait de promouvoir Yuki Tsunoda, brillant en Australie, afin de dégager deux baquets chez RB Machin Bidule Chouette. Une pure construction de l'esprit, tant le Japonais semblerait sous-dimensionné.

Sergio Perez ne semble pas prospecter ailleurs. Ces derniers temps, Christian Horner semble avoir arrêté de dire du mal de lui. Faut-il y voir une prolongation de son contrat ?

Ferrari

Avec les recrutements de Lewis Hamilton et d'Adrian Newey, Frederic Vasseur veut se donner les moyens de jouer le titre. "LH44" veut un nouveau challenge, l'année de ses 40 ans, alors que la Mercedes F1 s'est changé en citrouille.

Ca m'étonnerait que Charles Leclerc ait exigé LH44. Si vous rencontrez un pilote (hors F1), il vous dira qu'il rêverait de courir face à Verstappen, Hamilton ou Alonso. Et profiter de leur expérience, de leur savoir-faire, etc. Un pilote de F1, lui, il voudrait Logan Sargeant comme équipier. Un pilote transparent en piste et en dehors, comme ça, ça sera notre pilote qui captera toute la lumière ! La question, c'est de savoir si Charles Leclerc a rempilé parce que Lewis Hamilton arrivait. Ou bien s'il a été prévenu a posteriori.

Lewis Hamilton souhaite reconquérir les sommets et sans doute, se faire construire une Ferrari sur-mesure. Charles Leclerc, lui, compte prouver qu'il reste le N°1 chez les Rosso. Après tout, il avait fait trébucher Sebastian Vettel. Ca nous promet une cohabitation explosive. En attendant, avec quatre podiums cette saison, Charles Leclerc marque son territoire. A croire que la nouvelle de son équipier 2025 l'a motivé.

McLaren

C'était la seule équipe à avoir deux pilotes sous contrat jusqu'en 2025. Et c'est donc la première à avoir confirmé la reconduction de son duo 2024 (qui était également son duo 2023.)

A Miami, Lando Norris a enfin décroché sa première victoire. Il a failli récidiver à Imola. Le Britannique a sans doute hâte de s'imposer une deuxième fois. Gagner une fois, sur un concours de circonstances, comme Pierre Gasly à Monza 2020, c'est génial. Mais en confirmant, vous enfilez le costume de champion du monde potentiel. En attendant, il est candidat aux accessits du championnat 2024.

Oscar Piastri avait montré de belles choses en 2023, faisant volontiers jeu égal avec son équipier. Cette saison, l'Australien semble plafonner. L'écart est d'autant plus flagrant que seul Norris est monté sur le podium, jusqu'ici.

Mercedes

L'écurie à l'étoile a semblé sidérée par le départ annoncé de Lewis Hamilton. La preuve c'est qu'à ce jour, on ne connait pas le nom du futur équipier de George Russell. Pourtant, après le départ précipité de Fernando Alonso chez Aston Martin, on pourrait croire que les écuries ont pris les devants. D'autant plus que cela fait au moins deux ans que Lewis Hamilton songeait à partir (même si jusqu'ici, il parlait surtout de retraite.) Toto Wolff aurait dû préparer un plan B...

En prime, Toto Wolff recherche la perle rare. Un champion du monde, capable de s'engager sur le long terme. Car après tout, Mercedes vise le titre. Et pas question d'une solution provisoire : l'écurie réfléchit toujours au long terme. Ainsi, elle n'a eu que cinq pilotes en quinze saisons. Soit une moyenne de six saisons par pilote ! Max Verstappen, le seul à répondre à ces critères très strictes, a préféré rempiler chez Red Bull. Sebastian Vettel, qui serait sorti de deux années sabbatique après une fin de carrière très contrastée, n'était pas crédible. Quant à Fernando Alonso, on peut supposer qu'il voulait un contrat à court terme.

A priori, le baquet sera pour Andrea Kimi Antonelli. A 17 ans, ce pilote possède déjà un palmarès long comme le bras : doublé F4 ADAC/F4 Italia en 2022, champion de FR Middle-East et de FREC en 2023 et vainqueur des FIA Motorsport Games 2022. Il a enjambé la F3 pour courir directement en F2. Williams pourrait l'embaucher dès cet été, afin qu'il se forme au métier de pilote de F1...

En attendant, la Mercedes surnage. Aucun podium, aucune pole position et des stratégies de course hasardeuses. Le podium final semble déjà fichu. Au classement, George Russell est légèrement devant son équipier.

Aston Martin

On ne peut pas gagner au loto chaque année ! L'AMR23 avait connu un début de saison tonitruant, l'an dernier. L'AMR24 se contente de fermer le top 5.

A bientôt 43 ans, Fernando Alonso refuse d'évoquer une seconde retraite. Il sera là en 2025 et probablement en 2026. Et toujours [en] vert ! L'Espagnol est le troisième pilote préféré des formulix, avec Verstappen et Hamilton.

Il est de bon ton de cracher sur Lance Stroll. A 25 ans, mais déjà huit saisons dans le dos, le Canadien marque le pas. Au lieu de s'assagir, il commet davantage de fautes de pilotage. Où est passé le surdoué du karting et de la F3 qu'il a été ?

D'aucuns rêvent de le voir dégager et remplacé par Sainz Jr. Mais Lawrence Stroll poursuivra-t-il la coûteuse aventure Aston Martin F1 si son fils n'en est plus ? Stroll Jr est en F1 grâce à Stroll Sr et vice versa, non ?

RB Machin Bidule Chouette

Curieusement, même au paroxysme du Hornergate, personne n'évoqua le sort de Faenza. Un jugement de Salomon aurait pourtant été de donner Red Bull au clan Oliver Mintzlaff-Helmut Marko et l'ex-Toro Rosso au tandem Charlerm Yoovidhya-Christian Horner. 

La raison d'être de l'équipe Italienne était de servir de trait d'union entre le Red Bull Junior Team et l'équipe "A". En 2024, RB Machin Bidule Chouette pourrait jouer de nouveau ce rôle. En effet, Daniel Ricciardo a failli. Red Bull ambitionnait qu'il remplace Sergio Pérez à terme. En 2023, il avait l'excuse d'avoir pris le train en marche. Mais pour 2024, l'Australien continue d'être à l'arrêt. Donc retour aux stands définitifs. Deux candidats, pur produits RBJ, émergent : Liam Lawson et Isaac Hadjar. En 2023, l'Australien fut un pigiste convaincant. Mais Isaac Hadjar semble avoir les faveurs d'Helmut Marko.

A leur côtés, on s'achemine vers une très probable prolongation de Yuki Tsunoda. Imposé par Honda, il semble beaucoup trop frêle pour une promotion chez Red Bull (voir plus haut.)

Haas

Oliver Bearman a déjà quasiment son badge et sa place de parking à Banbury ! Auteur d'un doublé F4 Italia/F4 ADAC en 2021, il fut un brillant animateur de la F3, puis un débutant probant en F2. A Jeddah, il remplaçait un Carlos Sainz Jr opéré de l'appendicite. Il termina 7e. Ferrari comprit qu'il fallait l'inclure dans l'équation, pour éviter un nouveau Piastrigate.

Il est donc placé en stage chez Haas. L'étape suivante, ça serait une montée chez Ferrari, à l'horizon 2027. Ce qui signifie qu'entre Charles Leclerc et Lewis Hamilton, il faudra faire un choix...

Nico Hulkenberg a signé avec Sauber/Audi, tandis que Kevin Magnussen refuse de jouer les tuteurs. Du coup, les DRH de Haas sont submergées de CV !

Le nom d'Esteban Ocon revient. Après cinq saisons chez Renault/Alpine, le tricolore est forcément coresponsable du marasme actuel. Même si, chaque dimanche, il roule avec le couteau entre les dents. Pour le Français, une nouvelle pause pourrait être fatale à sa carrière. Mais Haas sonne comme une voie sans issue.

Alpine

Avec un unique point récolté (merci Esteban Ocon), Enstone connait sa pire saison depuis 2016. Nouvellement nommé à la tête d'Alpine F1, Bruno Famin compte faire le ménage. Il devrait partir sur une paire inédite.

A 34 ans, Valtteri Bottas a déjà connu plusieurs "vies" en F1. Désormais, il affiche une nonchalance certaine, avec moustache et nuque longue... Sans oublier des photos en tenue d'Adam. Au-delà de cela, le Finlandais possède surtout à son crédit dix victoires en F1. Il fut également un écuyer probant d'Alfa Romeo, en 2022. Depuis, sa motivation semblait en chute libre. Alpine lui offrirait la possibilité de remonter (un peu) dans la hiérarchie.

A ses côtés, pour maintenir l'esprit Français (très virtuel) d'Alpine, Enstone pourrait promouvoir Victor Martins. Redoublant en F2, le tricolore galère, alors que son équipe, ART Grand Prix, semble patauger. Je me suis déjà beaucoup moqué de son parcours laborieux. Mais à l'heure où Red Bull et Ferrari s'apprêtent à titulariser des "académiciens", Alpine pourrait être tentée de faire de même, par orgueil. C'est le seul Français de l'Alpine Academy.

Si Alpine se maintenait en bas de la hiérarchie, quel serait l'intérêt de Renault ? Au-delà des résultats sportifs, le losange a échoué dans la création de la "marque" Alpine F1. Et l'on ne parle même pas du rapprochement avec Dieppe... Le plus petit dénominateur commun, c'est Luca de Meo. Une mise à l'écart du PDG pourrait signifier un nouveau changement de pavillon, à Enstone. Andretti serait en embuscade comme repreneur.

Quant à Viry-Châtillon, sa raison d'être était de fournir plusieurs équipes. Au début des "Power Unit", elle équipa jusqu'à quatre écuries. McLaren, dernier client de Renault/Alpine, a changé de crémerie à l'issue de la saison 2020. Avec l'arrivée de Ford et d'Audi, il y aurait six motoristes pour dix équipes. Les possibilités de fournitures sont plus faibles que jamais. Et les résultats mirobolants d'Alpine en F1 n'encouragent guère d'éventuels clients... Une revente d'Enstone pourrait signifier une fin d'activité à Viry-Châtillon.

Williams

Alex Albon rempile pour une quatrième saison chez Williams. Il deviendra le troisième pilote à avoir disputé le plus de Grand Prix avec l'équipe, après Nigel Mansell et Ralf Schumacher. Le Thaïlandais se démène avec la Williams. Mais ses prestations passent sous le regard des décideurs.

Lent et brouillon, Logan Sargeant semble sur un siège éjectable. On l'a dit plus haut, Mercedes pourrait placer Andrea Kimi Antonelli dans sa voiture, dès que l'Italien aura soufflé ses 18 bougies. Pour 2025, Williams pourrait piocher de nouveau dans sa filière et en sortir Franco Colapinto. Sous réserve que l'Argentin termine dans le top 4 de la F2 2024...

Sauber/Audi

Les Allemands ont toujours exigé des pilotes Allemands. Après avoir tenté de développer ses propres pilotes, BMW avait imposé Ralf Schumacher, puis Nick Heidfeld. Chez McLaren, Ron Dennis verrouillait les RH. A la fondation de Mercedes F1, Norbert Haug s'était empressé de recruter Michael Schumacher et Nico Rosberg. Aujourd'hui, les seuls pilotes Allemands en activité sont Mick Schumacher et Nico Hülkenberg. Tant pis pour Sebastian Vettel. Ce sera donc Nico Hülkenberg qui étrennera l'Audi F1. "Hulk" possède une réputation de bon metteur au point. Car Audi compte quasiment partir d'une feuille blanche. 2025 sera une année de transition, avant les vrais débuts en 2026. Cela devrait beaucoup parler allemand, dans l'auvent Sauber. Mais pas en schweizer deutsch...

Quid du futur équipier d'Hülkenberg ? Impossible de placer un pilote "typé Audi" comme René Rast ou Lucas di Grassi ! Curieusement, pour un constructeur ayant planifié son retour longtemps à l'avance, la firme aux anneaux n'a pas cherché à monter une "filière". Ou a minima, à mettre le grapin sur un espoir.

Carlos Sainz Jr a longtemps tenu la corde. Audi rêvait d'une photo avec Carlos Sainz Sr, pilote Audi au Dakar... Sauf que peu après sa victoire au Dakar 2024, le "Matador" a signé avec Ford !

Pierre Gasly est le nouveau favori pour le second baquet. Il apporte son expérience d'ancien membre d'un top team et de vainqueur de grand prix. On attendait beaucoup à son arrivée chez Alpine et clairement, il a déçu. Sportivement, on n'a pas senti d'émulation avec Esteban Ocon. Et puis, il y a l'extra-sportif... Pour la Saint Valentin, il était fier de montrer qu'il mangeait des spaghetti bolognaises aux copeaux de parmesan, chez lui, avec maman. En plus, il avait disposé des pétales de roses partout. Une Saint Valentin d'étudiants... Sauf qu'il gagnerait entre 5 et 8 millions d'euros par an ! Peut-être que sa copine n'avait pas envie de sortir. Peut-être qu'à un mois de l'ouverture, son physio lui a interdit les restaurants gastronomiques. En tout cas, personne ne l'a forcé à poster cela sur les réseaux sociaux. Comme Charles Leclerc ou Esteban Ocon, il n'a pas conscience de son rôle de personnage public. En tout cas, il semble au pied du mur chez Audi.

(Image générées sous Dall-e Mini.)