Soirée MG3


Ces derniers temps, j'ai peu parler de modernes. Pour trouver quelque chose à dire sur ces patatoïdes génériques, il faut vraiment se forcer ! Alors que lorsque je croise une auto chez Aguttes ou Osenat, l'article s'écrit tout seul... MG est l'un des rares constructeurs avec un vrai projet de marque. Voici l'ambitieuse MG3 Hybrid+.

Si je devais définir ma relation personnelle avec MG, ça serait une série de tableaux sans aucuns liens.

Mon premier contact avec l'ère Chinoise de MG, remonte à mes premiers voyages en Chine. J'y ai croisé plusieurs MG7 et MG3 SW. NAC avait délocalisé et relancé la production quasiment en l'état, sans avoir les moyens de développer du neuf. Une survivance de marque disparue, condamnée à moyen terme a priori. A l'instar d'un DKW-Vemag ou plus près de nous, Rodae.
Cinq ans plus tard, c'était à Brighton que je croisais de nouveau MG. J'essayais la MG3 chez le concessionnaire le plus proche de la France. MG UK, c'était quelques milliers de voitures par an, avec un gros turnover chez les concessionnaires et les cadres de l'importateur. MG en Grande-Bretagne, c'était une de ces tentatives de l'automobile Chinoise pour poser un pied en Europe. Chery ou Great Wall faisaient pareil. Et à chaque fois, les importateurs se désespéraient de ne pas voir arriver de nouveaux produits ou des animations digne de ce nom. On était dans le simple planté de drapeau.
Quatre ans plus tard, en plein Covid, MG se décidait de s'implanter en Europe Continentale. C'est dans un centre commercial que j'apercevais un ZS. Le patron de MG France, qui tenait lui-même le stand, était dubitatif. Difficile de bâtir quelque chose entre deux confinements. D'autant plus qu'en 2020, le SUV électrique n'était qu'une micro-niche. La route s'annonçait difficile...
Et aujourd'hui, quatre ans après les débuts Français, huit ans après la MG3 de Brighton, treize après Shanghai et Wenzhou, MG est l'un des dix premiers constructeurs du marché Français. L'octogone a écoulé 34 441 voitures dans l'hexagone. C'est plus que le nombre de MG exportées, tous pays confondus, en 2020 !

Naguère fier d'être un pure player de l'électrique, MG propose aujourd'hui aussi des hybrides.

Presque toute la gamme est là, à l'exception du Cyberster.

La première MG3 n'était qu'une Rover Streetwise (elle-même une 25 à talonnettes) rebadgées. NAC y avait mis ses derniers yuan.
La seconde MG3 était basée sur des Grande Punto que Fiat avait laissé derrière lui. Elle débuta en grandes pompes au salon de Shanghai 2011. A l'époque, les micro-citadines (Chery QQ, ChangAn Ben Ben, Byd F0...) avait connu un succès d'estime et d'aucuns misaient sur une montée en gamme de la clientèle. Mais malgré une carrière longue de 13 ans, on les cherche, les MG3, dans la circulation Chinoise ! Proportionnellement, ce fut surtout un succès à l'export.
Cette mévente à domicile explique pourquoi MG a longtemps préféré lancer des berlines et des SUV, plutôt que de remplacer la MG3. D'autant plus que contrairement aux autres MG, il ne peut pas s'appuyer sur une plateforme Roewe. Si l'octogone remplace aujourd'hui la MG3, c'est donc qu'il compte conquérir le vieux continent avec. D'où aussi la motorisation hybride, à l'heure où la Chine ne jure que par le tout-électrique.

En début de soirée, la MG3 est encore drapée...

Très bref discours du responsable de MG Chelles...

Puis la voiture est dévoilée, au sens propre !

Pour cette présentation, il n'y a pas vraiment de profil du visiteur. Des célibataires, des couples avec enfants, des retraités... En tout cas, beaucoup sont intrigués par cette nouveauté.

Il n'y a encore pas si longtemps, dans ce genre d'évènements, j'étais le seul à faire des reportages photos. Mais ce soir, il y avait au moins trois autres blogueurs/vlogueurs/influenceurs. Vous avez tous les niveaux. De celui qui remarque que c'est une distribution par chaine, à celui qui -commentant en direct- est ébloui par cette "voiture Japonaise".

Et cette MG3, alors ?

Côté look, c'est du "moyen +". Ils ont beaucoup repris du vocabulaire de la MG4. Tant pis notamment pour les feux arrières hauts perchés, qui rappelaient la Grande Punto.
Dans les années 80, les citadines mesuraient environ 3,7m de long. D'où cet aspect ramassé, très vertical et plus nerveux. Aujourd'hui, c'est 4m minimum (4,13m pour la MG3) d'où cet aspect allongé. MG a fait dans le consensuel. Et les Chinois restent fidèle aux petites roulettes.

Intérieurement, par rapport à l'ancienne MG3, il y a un bond en matière de choix des matériaux et de qualité perçue. 

La sellerie de cette Luxury est censément en simili cuir. On a connu meilleure imitation.

L'écran 10,25 pouces avec GPS est disponible dès la version Standard -entrée de gamme-. Les djeuns diront "seulement 10,25 pouces ?" Mais pour les autres, c'est tant mieux, car on en a ras-le-bol des dalles qui occupent la console centrale.

Sous le capot, j'ai pouffé de rire. Il faut croire que les Chinois sont allergiques aux capuchons de connecteurs et autres chaussettes. Les fils apparents, cela fait bricolage. Pendant deux semaines, j'ai râlé auprès de mes fournisseurs Chinois et voilà la même chose sur la MG3 !

Trêve de plaisanterie, on a affaire à un 1,5l 102ch accouplé à un moteur électrique 100kW. Ce dernier est capable de lancer la MG3 jusqu'à 60km/h. La minuscule batterie 1,83kWh n'ayant tout de même qu'une autonomie très limitée. Grâce à cela la citadine affiche 100g de CO2 et ne consomme que 4,4l aux 100km.

On peut lui trouver des défauts, à cette MG3... Puis l'on regarde l'étiquette. La version de base -déjà bien équipée- est à 19 990€. Autant qu'un Dacia Sandero Stepway Extreme TCe90 full option. Avec toutes les options, la sino-britannique atteint à 24 140€. A comparer aux 27 700€ d'une Renault Clio E-Tech Esprit Alpine 175ch.

A ce niveau de gamme, 3 500€, ça compte. Forcément, la MG3 n'en devient que plus intéressante. En plus, en tant qu'hybride, elle est a priori immunisée contre la surtaxes sur les VE Chinois.

Une future arme de séduction massive ? Ce sont surtout les Coréens et les Japonais (hors Toyota, avec son indéboulonnable Yaris venue du Ch'nord) qui devraient souffrir.

En 2023, MG a écoulé 123 000 voitures en Europe Continentale. Prudent, la marque table sur 160 000 unités en 2024. Il aura dépassé le seuil au-delà duquel les volumes d'un même modèle sont suffisants pour être produits sur place.

Il y a 20% de surcapacité dans l'industrie automobile. Des usines qui tournent au ralenti, il y en a. Stellantis est obligé de jongler entre ses sites, pour habiller Paul sans déshabiller Jean. Le paradoxe, c'est qu'aucune usine ne convient à MG. Il y a 15 ans, la surcapacité était de 35%. Les constructeurs ont sanctuarisé leurs grosses unités. Les petites usines, comme PSA Aulnay, l'ex-usine Bertone de Grugliasco, Volvo Uddevalla, etc. ont été sacrifiées. Or, les grosses usines possèdent un point mort plus élevés. Un point mort bien au-delà des volumes de MG, même à moyen terme. Il y a aussi le cas des usines Britanniques. Le Brexit fut un coup de grâce pour une industrie agonisante. Mais à cause du Brexit, pas question de reprendre l'une des dernières unités (tant pis pour ceux qui espéraient une ressuscitation de Longbridge.) Ainsi, MG sera sans doute contraint de bâtir une usine ad hoc (comme Tesla l'a fait à Berlin), alors qu'ailleurs, les usines ferment.

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