Maison & Objet

J'ai été invité au salon Maison & Objet, à Villepinte. C'est un salon consacré à la décoration d'intérieur. Aucun lien avec l'automobile ? Ah ah, c'est mal me connaitre ! Grâce à ma vision bio-ionique, je sais repérer le moindre bibelot ayant un rapport avec les voitures, aussi minuscule soit-il !

Notez que Land Rover sponsorisait le salon. L'occasion d'admirer le nouveau Range Rover Evoque.
Le Volkswagen Combi (Type 2 T1) était sans conteste le véhicule le plus présent. Il y en avait même un vrai ! Le salon fonctionnait avec des exposants répartis par zones thématiques. Et dans presque toutes les zones, vous aviez un Combi ! Il y avait ce masque fait d'ancien bidons d'essence, façon récup' ou ce profil dans une ambiance surf... Le Combi est tellement évocateur et universel, qu'il peut se marier à toutes les décos !
Certains allaient jusqu'à reproduire le logo VW. D'autres, sans doute plus prudents vis-à-vis du copyright, modifiaient les lignes. Mais les proportions, le pare-brise en deux parties et les portes avants trahissent l'inspiration...
Le deuxième véhicule le plus présent, c'était la Vespa. Notez que j'ai vu très peu d'autres deux-roues. La grise est une Bajaj fabriquée sous licence en Inde. La plus comique, c'est cette chaise à bascule (comme ça, bébé peut s'entrainer à devenir livreur chez Deliveroo, comme papa.) Il y avait aussi ces avant avec phare fonctionnel, façon Christian Dior...

La raison de l'engouement, à mon avis, ce sont les scooteristes. Ce sont des automobilistes passés à 2 roues (de gré ou de force.) Ils ne se voient ni comme des automobilistes, ni comme des motards. Alors, ils se cherchent un mythe (au sens sociologique du terme.) D'où cette référence à la Vespa, dans son aspect ludique.
La Citroën 2cv était loin derrière. Trop franchouillarde, elle ne parle pas assez aux étrangers. Or, c'était un salon à vocation mondiale...
Bien sûr, comme partout, il y avait un Type H !
Celui-ci, immatriculé en Allemagne, portait les couleurs d'un fabricant de cartes postales fantaisies. Je me demande qui, en 2019, envoi encore des cartes postales. Personnellement, cela fait des années que je n'en ai pas écrites... Quel intérêt, à l'heure des e-mails, des réseaux sociaux et de Whatsapp ?

Pour ceux qui ne peuvent pas mettre un Type H dans votre salon, vous pouvez vous contenter de ce bar, avec le profil du célèbre fourgon...
Il y avait pas mal de miniatures un peu grossières à l'échelle 1/24e environ. Puis il y avait cette Miller 91 "A Perfect Circle" quasiment grandeur nature ! En tant que fan d'Indycar, mon cœur s'emballa !
Mécanicien autodidacte, "Harry" Miller s'est lancé sur le tard. Pour sa première voiture de course, il s'était inspiré des Peugeot Grand Prix contemporaines (qui dominèrent les 500 Miles d'Indianapolis, à la fin des années 10.) Ironie de l'histoire, ses premières créations furent copiées par Bugatti pour la Type 35. Au fil des années 20, Miller expérimenta l'aérodynamisme et la traction avant (Citroën s'appuya d'ailleurs sur ses recherches.) Bientôt, les Miller étaient la voiture incontournable pour briller à Indianapolis. Le problème, c'est que ses voitures étaient trop solides ! Une fois tout le peloton équipé de Miller, les écuries les alignèrent d'années en années et le constructeur n'en vendit quasiment plus. Son adjoint (un certain Fred Offenhauser...) avait une idée de moteur. Miller ne l'écouta pas et Offenhauser fonda son propre atelier... En 1934, Preston Tucker convainquit Edsel Ford de financer des Miller équipées de V8 Ford. Ce fut un fiasco. Gulf approcha ensuite le constructeur pour qu'il produise des voitures, afin de promouvoir son carburant aviation. Inspiré par les Auto-Union, Miller opta pour un moteur central arrière (20 ans avant Cooper.) La combinaison carburant aviation (extrêmement chaud) et moteur central arrière (mauvais refroidissement) fut une très mauvaise idée. Les Miller-Gulf partirent littéralement en fumée. Ruiné, puis atteint d'une difformité, Miller mourut dans l'anonymat.

Cette Miller 91 disputa les 500 miles d'Indianapolis 1927. Pete DePaolo, vainqueur en 1925, se qualifia 2e. Il fit une poignée de tours avant d'être trahi par son compresseur. Historiquement, ce n'est pas la Miller ayant le plus gros palmarès. Mais elle est venue à Goodwood, ce qui explique sans doute sa reproduction.
Hélas, la maquette est très approximative. Ils auraient pu au moins soigner les typographies...
Un espace était dédié aux lithographies. Ca m'a rappelé ce salon de l'art contemporain, Porte de Versailles...

La belle Américaine de Cuba reste une valeur sûre. Allez à Cuba, photographiez-y des Américaines des années 40-50, insistez bien sur les filtres Photoshop et voilà !
Ce qui est tendance, c'est de transformer un ancien garage en restaurant, en lieu de soirées, voire en résidence. Tout en ayant une décoration évoquant le lieu d'origine. Seulement voilà, les garages ont tendance à se raréfier. Et en 2019, plus question de transformer une ancienne en table ! Quant aux plaques émaillées, catalogues d'époque, etc. Ils ont atteint des prix délirants.
D'où cette tendance à la reproduction. Comme cette table avec un vrai-faux capot de tracteur agricole. La porte est censée reproduire celle de la Lancia Delta, victorieuse au Monte-Carlo 1992 avec Didier Auriol. Quant à cette plaque émaillée, elle promeut un imaginaire garage "à l'ancienne".
Dans un autre genre, voici une chaine hifi aux formes inspirées d'un échappement d'Aventador, avec des enceintes de slicks Pirelli (avec l'imprimatur des marques respectives.)
Dans la partie "exotique", les références à l'automobile se raréfiaient, mis à part ce 4x4 en osier :
En 1954, Günther Quandt mourrait. Il laissait à ses fils Herbert et Harald un empire industriel, comprenant notamment BMW. Herbert songeait à vendre le constructeur à Mercedes-Benz (dont il était également actionnaire.) La firme à l'étoile aurait utilisé l'usine de Munich pour ses voitures et liquidé la marque. Harald le convainquit de s'accrocher et Hebert négocia un plan de relance avec le Land de Bavière (au détriment du dossier de Borgward, également sur la table.) Et il lança ainsi la Neue Klasse, point de départ du décollage de béhème, dans les années 60...
Herbert fut marié trois fois. L'une de ses filles, Sonja, se passionna pour la coutellerie. Elle racheta une maison multi-centenaire, qu'elle renomma à son nom.

D'où cette Isetta sur le stand Sonja Quandt.
Puis, c'était la zone des objets pour enfants. Peu de voitures par là, juste des jouets pour enfants en bas âge. Certes, ce n'était pas un salon du jouet. Mais je pense que le mal est profond. Après tout, que voient les enfants citadins de la voiture ? Pour eux, c'est un engin qui pollue, qui tue des gens sur les routes et qui bouchent les trottoirs. Leurs parents ne conduisent pas et les parents de leurs camarades de classe, non plus. Tout le monde se déplace en bus, en métro, à vélo ou en VTC. Alors pourquoi joueraient-ils aux petites voitures ? Et plus tard, ces enfants ne passeront pas le permis de conduire et ils n'achèteront pas de voiture. Et ça sera un vrai souci pour les constructeurs...
Pour terminer, Schuco. Le fabricant Allemand propose des Kübelwagen et autres Schwimmwagen d'un goût douteux. "Allez, fiston, on va jouer au Front Russe ! Auf der Heide blüht ein kleines Blümelein/und das heißt: Erika..." Il y a surtout presque toute la production Allemande des années 30 aux années 60... C'était sacrément tentant. Qui plus est, le prix  "grossiste" était dérisoire. Les distributeurs rajoutent un zéro, voire deux... Là, pour 100€, je repartais avec le stand ! "Désolé, nous ne vendons qu'aux professionnels. Avez-vous un numéro de TVA ? - Euh... Je l'ai oublié dans ma voiture ?"

Notez que ce ne sont pas de réédition, mais de nouvelles références "dans l'esprit d'autrefois". Prudence, donc, sur les brocantes et les sites de ventes... Parce que là, un petit coup de meuleuse, un autre de papier de verre, un bain d'eau salée et on vous fait passer un Schuco de 2019 pour une de 1960. Et les prix "mint box de 1960"...

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