Essai Morris Mini Cooper 1071 de Ville Radford 1964
D’après la légende, en 1963, Peter Sellers vint voir Hooper pour lui demander de lui créer une Mini Cooper. Le très prestigieux carrossier acquiesça, contre un chèque de 2 600£. A partir de là, toutes les célébrités voulurent leur Mini personnalisée. Des artisans comme Radford flairèrent le filon…
Voici une Morris Mini Cooper 1071 de Ville. Cette conversion date de 1964, donc avant le lancement de Brydor Cars, lié aux Beatles. Cette voiture fut vendue à l’acteur Ronald Fraser. Il n’avait aucun lien de parenté avec le marchand d’art Robert Fraser, qui introduisit les Beatles à l’art (le logo d’Apple Records est inspiré d’un Magritte offert à Paul McCartney) et à l’héroïne.
Cette voiture est relativement « dans son jus ». Un choix de My Mini Revolution, qui s'est contenté du minimum de réparation, afin de préserver son aspect.
Extérieur
Inutile de revenir sur les lignes archiconnues de la Mini, qui ont peu évolué de 1959 à 2000. Une ligne atemporelle, qui était à la fois très féminine et très viril.
Ces dernières années, on a tellement vu de Mini restomod que celle-ci n’attire pas le regard du profane. Seules les charnières de portes -et quelques détails- trahissent que l’on a bel et bien affaire à une Mk1. Après évidemment, il y a le magique « Mini Cooper « S » » sur la malle et le capot.
Ensuite, côté Radford, ce qui saute aux yeux, ce sont les antibrouillards dans la calandre (NDLA : non, ce ne sont pas des longues portées !), ainsi que les rappels de clignotant sur le montant central.
Intérieur
Là, par contre, dès les premières nanosecondes, on voit la différence ! Les Mini Mk1 étaient très spartiates : le fameux gros tachymètre central et c’est tout ! Ici, on est d’emblée dans une ambiance luxueuse des années 60 : moquette épaisse, sièges en cuir, inserts en bois, autoradio et surtout, un tableau de bord couvert de compteurs et de jauges. Il fait un peu chaud. Pour ouvrir les vitres, je cherche désespérément la manivelle, jusqu’à ce que je trouve deux boutons noirs sur la porte. Oui, cette Mini de 1964 possédait des vitres électriques !
Le détail fun, ce sont les cendriers de part et d’autre de la banquette arrière. Nul doute que les clients de Radford devaient rarement fumer du tabac…
Du reste, en terme d’habitabilité, cela reste une Mini. Signalons qu’il n’y a pas de ceintures de sécurité.
Motorisation
Sous le capot, on trouve un 1 071cm3 « A » équipé de deux carburateurs H4 (une préparation d’époque signée Downtown), avec une fière culasse « Morris ». Le 1,3l n’arriva que plus tard. Ce moteur développe 70ch. Oui, mais il n’a que 670kg à entrainer !
Le contact se fait au centre du tableau de bord. Gag : l’accélérateur a une forme de pied (NDLA : je croyais que ça n’existait que sur la voiture de Snake, dans les Simpsons.) En l’occurrence, il s’agit du pied inversé de Paddy Hopkirk. L’Irlandais venant de gagner le Monte-Carlo avec une Mini.
Le ton est donné : gaaaaz !
La première n’est pas synchronisée et la boite 4 est davantage en « X » qu’en « H ». Il n’y a que 84Nm de couple. Ah ça, avec nos voitures modernes bardées d’assistances électroniques diverses, on en oublierait ce qu’est la vraie conduite ! Les vitesses craquent, la voiture broute et je manque de caler. Mais une fois que l’on a saisi le mode d’emploi, pardon !
Les carburateurs se réveillent vers 3 000tr/min, là, la mamie un peu frêle se métamorphose en vraie boule de nerfs. Comme l’on est vraiment au ras du sol, on peut tirer des trajectoires. Et ce bruit des carburateurs... On dirait l'intro de Revolution des Beatles ! Le tout, avec le confort d'une limousine. Ce qui est problématique, c’est l’absence de rétroviseurs extérieurs. Encore qu’avec ses vastes surfaces vitrées, il y a peu d’angles morts sur une Mini. Quant au rétroviseur intérieur Lucas, il capte toutes les vibrations de la caisse et son utilité est limitée…
Conclusion
Cette de Ville Radford est une vraie machine à remonter le temps ! Une bombinette, avec l’équipement d’une grande berline de l’époque. Le tout avec ce parfum d’exclusivité que recherchait une clientèle composée de célébrités.
On comprend pourquoi, malgré son prix, ce fut un succès.
Vu de 2020, le seul défaut, c’est qu’elle n’est pas identifiable immédiatement pour le profane…
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