39. Volkswagen Polo

Une Volkswagen Polo Mk1 avec un orange bien seventies ! Je me devais d'être pris en photo avec. Même si cette situation, dans un sous-bois, en fin de journée, n'était pas idéale pour l'image...

C'est sans doute une voiture convertie au GPL, d'où la trappe moderne sur le flanc droit.

La Volkswagen Polo et l'Audi 50 sont intéressantes car elles représentent le paradigme post-Coccinelle du constructeur. Un changement radical, où l'ex-best seller devint une paria et où, au milieu des années 70, le groupe a du improviser, frôlant le naufrage...
A la fin des années 60, Volkswagen, c'était la Coccinelle, point. En occident, c'était LA voiture de la jeunesse de la classe moyenne. L'imagerie des hippies fut une publicité gratuite, en complément des campagnes très originales de DDB. Dans les pays émergents (Brésil, Nigéria, Philippines, Kenya...), elle était omniprésente.
La production avait du mal à suivre la demande. D'où l'ouverture du site de Emden (1964), le rachat de DKW (1964) et son site d'Ingolstadt, ainsi que NSU (1969) et son site de Neckarsulm. Avec Wolfsburg, cela faisait quatre sites qui produisaient essentiellement des Coccinelle. Hanovre, le cinquième site, étant dédié au Combi.

Dès le début des années 60, Volkswagen réfléchissait à l'après-Cox. Pour autant, il se pressait doucement.
La raison évidente, c'était que les signaux étaient au vert. La Coccinelle restant dans une phase de croissance. Et la tendance ne semblait pas près de s'inverser à moyen terme.
Le second point, c'était que Volkswagen était presque une entreprise nationalisée. Kurt Lotz, intronisé comme PDG en 1968, était l'envoyé de la chancellerie. Or, un état actionnaire a tendance à investir a minima.
Enfin, Volkswagen venait de sortir le chéquier pour bâtir une usine, racheter Audi et NSU. Il fallait se laisser du temps pour amortir tout cela.

Au milieu des années 60, le projet le plus avancé fut l'EA266, conçue par Porsche. Cette compacte à moteur central (sous le plancher) devait accoucher d'une nouvelle gamme complète (roadster, van...) à l'aube des années 70. L'EA 266 alla jusqu'à la pré-série et Volkswagen organisa même une présentation presse !
L'EA 266 était un projet commandité par Heinrich Nordhoff. Lorsque Lotz prit les commandes, il l'envoya aux orties. L'avenir prouva que ce fut une bonne décision. Avec son moteur centrale, l'EA 266 aurait été un genre d'Hillman Imp allemande. Et Volkswagen aurait connu le destin d'Hillman...
Vers 1970, la production atteignit un pic. Puis ce fut le plongeon. Du jour au lendemain, Volkswagen se retrouva avec quatre sites sous-utilisés. NSU et Neckarsulm furent sacrifiés. Avec la berline K70, un projet NSU rebadgé, le constructeur inaugura la traction et les lignes cunéiformes. L'EA 266 fut largement remodelée en EA 276, qui devint la Golf, en 1974. Insuffisant pour occuper quatre usines. Quatre, car suite à une grève, Neckarsulm resta ouvert...

Quid de la Polo, alias Audi 50 ?
Hypothèse N°1. Dans la panique, Volkswagen rouvrit les archives de NSU. Il en sorti une citadine traction avant, qui devait remplacer la Prinz. NSU ayant été absorbé par Audi, la voiture prit un badge Audi. Elle fut lancée en 1974, alors que la Prinz quittait la scène. Néanmoins, suite à l'érosion rapide des ventes de Coccinelle, Volkswagen décida de la commercialiser également avec un badge VW. Et ce fut la Polo de 1975.
Hypothèse N°2. Avec une queue de budget de l'EA 276, Volkswagen créa une citadine. Rudolf Leiding, qui remplaça Lotz en 1971, pensait que cela risquait de choquer la clientèle. Comme Fiat avec Autobianchi, Volkswagen utilisa Audi pour un projet jugé osé. Mais dans cette hypothèse aussi, face au succès de l'Audi 50 et à la chute des ventes de Coccinelle, Volkswagen récupéra le bébé et lança la Polo.
Sauf que ce n'est pas là Polo qui a relevé Volkswagen, mais la Golf. Le constructeur passa de la monoculture Coccinelle à la monoculture Golf. La Polo dut se contenter de petite motorisation et d'un marketing limité.
Volkswagen était persuadé que la clientèle préférait une Golf d'entrée de gamme à une Polo suréquipée. Après tout, Peugeot fit la même erreur de positionnement, avec la 104. Les segments B et C étaient nouveaux ; les constructeurs tâtonnaient. Là où Volkswagen eu moins d'excuse, c'est qu'il fallu attendre 1994 pour que la Polo ait enfin droit à un développement digne de ce nom, alors que les autres généralistes avaient déjà des citadines ambitieuses depuis longtemps...

L'Audi 50 avait les mêmes finitions et les mêmes motorisations que la Polo. Volkswagen n'a pas songé à lui donner un positionnement premium. De plus, elle n'eu pas de descendante directe. Pourtant, l'Autobianchi/Lancia Y10 démontra qu'il existait alors un marché pour une citadine en access premium. Après l'A2, qui ne savait pas trop ce qu'elle était, Audi ne se réveilla qu'avec l'A1, 30 ans après la dernière Audi 50...

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