XPeng P7 OTA Update
Ils sont énervants, ces Chinois ! Il y a une quinzaine d'années, ils débarquaient avec des marques inédites. A chaque communiqué, de nouveaux noms apparaissaient ! Jiang-ceci, Cheng-cela... En plus, on aurait dit qu'elles sortaient du sketch de Pierre Palmade sur le Scrabble ! "Zhongxing ? T'es sûr que c'est un mot ?"
Puis on a réussi à s'y habituer, à les identifier, à les lister... Mais voici qu'avec les voitures électriques, on nous bat de nouveau les cartes ! Kandi, Lark Auto, Link Tour (à ne pas confondre avec Lynk&Co), Nio... Il n'y a plus qu'à reprendre la cartographie de l'industrie Chinoise à zéro !
En 2014 "Henry" Xia Heng et He Tao, deux cadres de GAC fondèrent Xpeng. Les start-upers He Xiaopeng (fondateur du FAI pour mobiles UCWeb, repris par Alibaba) et Li Jun (fondateur de Xiaomi) apportèrent les fonds. He Xiaopeng fut nommé PDG de XPeng. Le tour de table laisse rêveur : Alibaba, Foxconn, le fond souverain Qatar Investment Authority et celui d'Abu Dhabi, Mubadala.
C'est au CES de Las Vegas, en 2018, que Xpeng dévoila son SUV électrique G3. Comme beaucoup de ces nouveaux constructeurs, XPeng squattait l'usine d'une marque existante en difficulté. En l'occurrence, celle d'Haima.
En revanche, sa berline électrique P7 est produite sur un site dédié, à Zhaoqing (près de Canton.) Xpeng, entreprise privée, a obtenu la précieuse autorisation de produire des voitures particulière. Un sésame que Pékin ne distribue qu'au compte-goutte. Cela prouve que Xpeng possède les bonnes "connexions".
XPeng a produit 16 668 voitures en 2019, pour sa première année pleine et 27 041 en 2020. Pas de quoi pavoiser.
Néanmoins, la marque ambitionne d'être le "Tesla Chinois". Après deux années de production, elle a déjà débuté sa conquête du monde. Elle possède d'ailleurs déjà un bureau d'étude à Mountain View, en Californie.
Et qu'il est loin, le temps des poussifs 4x4 de Landwind, en carton bouilli ! Avec ses 316kW (l'équivalent de 430ch) et ses 562km d'autonomie (706km en version 2RM 196kW), la P7 vise le haut de gamme. Et la vidéo de présentation insiste sur son niveau de sécurité et de finition.
Avant lorsqu'on achetait un véhicule, sa définition était gelée. Sauf campagne de rappel, avec remplacement ou modifications réalisées a posteriori.
Désormais, il faudra s'habituer aux mises à jour. Tesla a ouvert la voie avec des mises à jour à distance : options de l'infotainment, fonctionnalité du GPS, gestion des batteries... Tout se fait "OTA" (Over The Air) ; un terme vulgarisé par Tesla. Exactement comme un ordinateur. Tout est transparent pour l'utilisateur.
Renault a d'ailleurs annoncé que la future Megane aura droit à de telles mises à jour. Cela signifie que votre voiture sera moins vite obsolète. Sachant qu'un VE passe moins souvent au garage (les pièces d'usures étant moins nombreuses), sa durée de vie sera longue. Ce sera donc un sacré défi pour les constructeurs et leurs réseaux.
Pour le propriétaire de P7, la nouveauté la plus visible, c'est le passage en version 2.5.0 de l'OS Xmart d'infotainment.
De nouvelles applis sont disponibles, dont un karaoké ! Et le service de streaming sera plus intuitif.
Jusqu'ici, XPeng a vendu exclusivement en Chine, à l'exception d'un lot de 100 voitures vendues en Norvège. La barrière n'est pas une question de normes, mais d’ergonomie. En effet, toutes les applis sont chinoises.
Car dans un esprit à la fois de censure et de protectionnisme, Pékin a bloqué la plupart des géants US du web (Facebook, Spotify, YouTube...), les remplaçants par des équivalents Chinois. Et bien sûr, ces applis sont en mandarin.
Le constructeur reconnait qu'il va devoir revoir son OS pour y intégrer des applis plus connues dans nos contrées...
De son côté, le NGP (Navigation Guided Pilot) XPILOT passe en version 3.0.
Chaque G3 et chaque P7 dit à XPeng quelles fonctions sont utilisées, ce qui conditionne les mises à jour ultérieures. A quoi bon s’entêter à proposer des services que personne ne va utiliser ?
Or, jusqu'ici, les 15 062 propriétaires de P7 ont presque tous utilisé les fonctions de pilote automatique. Avec le XPILOT 3.0, le niveau d'autonomie passe entre 3 et 4.
Sur autoroute, on retrouve les fonctions classiques de prévention des changements de file, de vitesse ajustée aux panneaux ou de détection des collisions. Rassurez-vous, les fournisseurs sont occidentaux : Bosch, Lidar, Nvidia...
Les caméras de la P7 comparent en permanence la route avec les données fournies par une cartographie HD. Le conducteur est alerté s'il y a des écarts.
La nouveauté, c'est que la P7 est capable d'elle-même de changer de file, voire de dépasser un véhicule. Elle peut aussi détecter des zones de travaux (rarement signalées en amont en Chine) et les cônes de signalisation.
Autre nouveauté : un affichage en réalité augmentée, à 360°.
L'avenir, ça sera une autonomie de niveau 5. De quoi rouler en ville, à un rythme normal. Côté hardware, la P7 st d'ors et déjà équipée notamment de caméra pour filmer le conducteur et anticiper ses réactions. Elle n'a même pas besoin d'infrastructures particulières.
Mais les logiciels, eux, ne sont pas prêts. Voir, c'est bien, mais il faut savoir interpréter ce que l'on voit. Les voitures autonomes ont encore du mal à distinguer les vélos, les enfants... Et les noirs.
Du coup, à l'heure actuelle, certains équipements de la P7 ne servent à rien. Demain, les constructeurs vous vendront des véhicules avec des caméras et des capteurs qui seront peut-être capable de fonctionner au bout de n années.
D'ailleurs, on s'oriente vers une législation européenne où le conducteur restera responsable de son véhicule. Si votre P7 ne s'arrête pas au passage-piéton, c'est vous le coupable ; vous auriez du reprendre la main et freiner.
Là encore, les données source sont fournies par un logiciel chinois. En l'occurrence AutoNavi d'Alibaba. Pour l'occident, XPeng sera contraint de s'allier à Google ou Wayz...
Notez que même en Chine, certaines zones ne sont pas cartographiées. Donc la P7 n'est pas capable d'y rouler en mode autonome. Et comme il s'agit de zones rurales peu peuplées, Alibaba récupérera peu de données des utilisateurs.
A terme, cela créera une fracture entre des zones urbaines bien couvertes et de véritables zones blanches, en rase campagne.
Ce que cette présentation confirme, c'est qu'au-delà des avancées technologiques, il y a une autre manière de consommer l'automobile. Et encore, on parle d'une conception propriétaire assez classique. On n'est pas sur de l'autopartage ou du leasing.
L'autre défi, c'est bien sûr la croissance de XPeng. Tesla a produit 509 337 véhicules en 2020, soit 25 fois plus que son aspirant rival. XPeng n'est donc pas près de le chatouiller...
(Photos et captures d'écrans de XPeng.)
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