Baroud'Tour Lille
De PRO à ATO
Le livre sur les Raids en 2cv se terminait par une présentation des raids de PRO.
Jean-Paul Debroise, un tripier n'ayant guère franchi les limites de Noyal-sur-Villaine, voulu organiser une expo d'anciennes. De fil en aiguille, ce deuchiste se retrouva à la tête d'une grosse machine. Il du créer une société pour la gérer, les Pionniers de la Route (PRO.) En 1990, PRO organisa un premier raid en 2cv, le Raid des Baroudeurs, jusqu'au Maroc. Il y eu ensuite des Paris-Pékin, Paris-Saïgon, des raids en Amérique du Sud, etc. Avec une cinquantaine de participants.
Noyal-sur-Villaine, c'est aussi le fief du groupe d'agroalimentaire Triballat Noyal (Sojasun, Vrai...) L'industriel Breton prit la main sur PRO, qui devint PRO-Sojasun.
En 2008, ATO racheta l'activité "raids" de Triballat Noyal. Dans un premier temps, ATO poursuivit l'activité tel quel. Puis les raids 2cv laissèrent place à des raids en anciennes. Même s'il y a toujours des 2cv au départ. Des raids aussi plus selects, avec moins de participants pour pouvoir davantage les encadrer. Exit aussi les nuits sous la tente, place aux hôtels.
ATO, je les connaissais de vue. Je les croisais chaque année à Rétromobile (ici, en 2015.)
Il faut savoir que depuis plusieurs éditions, la journée presse de Rétromobile a été groupée avec la soirée avant-première/VIP. Les grilles s'ouvraient à 19h (hors taxe.) Ensuite, vous entriez un par un. Là, vous aviez toujours l'incrustor qui n'a pas le bon billet : "Je suis de [sponsor de Rétromobile] ! Cela fait une heure que j'attends ! Ça ne se passera pas comme ça !" Le caméraman dont le vigile voulait inspecter chacune des poches de son sac. La représentante de [sponsor de Rétromobile] qui fendait la foule pour faire entrer le râleur sus-cité et sa troupe de VIP. Lorsque c'était enfin votre tour, vous deviez ensuite prendre votre badge. A minima, là, il était déjà 19h30, alors qu'à 22h, les grilles se refermaient.
A 21h15, j'en avais fini avec le hall 1. J'avais les pieds en compotes, mon boitier était sur son dernier carré de batterie et la mémoire de mon smartphone, saturée. Il me restait encore à couvrir ArtCurial, les expositions... Sachant que chaque stand organisait sa propre sauterie et il était souvent impossible de poser des questions. Clic, clac, quelques photos, une plaquette mise dans le sac et je filais au stand suivant.
Néanmoins, j'ai quand même réussi à leur glisser une carte de visite et me voilà donc invité au Baroud'Tour. La présentation itinérante des activité du Raid des Baroudeurs. Avec en guest-star, une Peugeot 504 de 1970.
J'ai retrouvé un cérémonial naguère familier... Se lever au petit matin, un week-end. Rouler dans des rues quasi-désertes. Emprunter l'autoroute. Passer Roissy, puis le péage. Sur le côté, les immeubles laissèrent place à des forêts.
Mais pas comme avant. Un samedi matin sans départs en week-end, avec ses SUV équipés de coffres de toit. Une autoroute A1 sans camping-car Néerlandais, ni Vauxhall ou Ford en plaque Britanniques. Pas de vans aux couleurs de société d’événementiel. Pas de particuliers tractant, qui une motocross, qui un bateau. Non, uniquement des poids-lourd. Pas d'attente au péage ou à la station-service. Et à Lille, des zombies craintifs qui se pressaient, afin de s'enfermer dans leur tanière avant le couvre-feu. De quoi se prendre pour Charlton Heston dans The Omega Man !
Puis enfin, au fond d'un hôtel Ibis désert, d'autres humains. Ma première présentation depuis des mois.
Le produit-phare d'ATO, c'est le Paris-Pékin. Si Matthias les laisse passer, le 11 juillet prochain, la troupe partira du Futuroscope de Poitiers. L'arrivée à Pékin est prévue pour le 16 août.
C'est la quatrième édition, après 2015, 2017 et 2019.
L'accroche dit "sur le tracé du Paris-Pékin de 1907". Sauf qu'entre Vilnius et Moscou, le tracé originel passait par Saint-Pétersbourg. Et à l'est de Moscou, la route passait plus au sud, à Chelyabinsk, au lieu d'Ekaterinabourg... Surtout, en 1907, bien que la course s'appelait "Paris-Pékin", c'est de Pékin qu'ils se sont élancés !
Il existe d'ailleurs un Pékin-Paris réservé aux anciennes. Le Britannique Endurance Rally Association l'a fait renaitre en 1997. ERA (qui m'avait aidé pour mon livre sur les voitures Chinoises) prétend respecter rigoureusement l'esprit de 1907... Bien que son propre tracé passe bien plus au sud.
Les années paires, le Paris-Pékin alternera avec un trophée par la Route de la Soie. Ce tracé passe par l'Asie Centrale. Les Chinois ont construit une autoroute à travers le Kazakhstan, jusqu'à Orienberg. Mais ATO lui préfère le Kirghizistan, où dit-on, les routes sont plus belles.
C'est peu ou proue l'itinéraire emprunté par la Croisière Chine de PRO et ses 2cv, en 2007. Jean-Paul Debroise prétendait refaire le tracé de la Croisière Jaune.
Ce qui était à moitié vrai, car les autochenilles devaient effectivement traverser l'Asie Centrale, jusqu'à ce que l'URSS ne verrouille les portes de l'Ouzbékistan, du Kirghizistan, du Kazakhstan et du Turkménistan. De toute façon, le tracé de 1931-1932 passait par la Syrie, l'Iraq, l'Iran et l'Afghanistan. Des pays impossible à traverser de nos jours.
Enfin, du 7 novembre au 22 décembre, ATO organisera un raid dans les Andes. Encore un parcours défriché par PRO.
Signalons un quatrième raid, le Raid Indochine, où les 2cv gardent une place prépondérante. La troupe se perdra dans la jungle des anciennes colonies asiatiques. Les infrastructures sont rustiques et seules 2cv et 4x4 vintage sont autorisés.
La force d'ATO, c'est de proposer une formule à la carte. A minima, le promoteur fournit l'assistance et le road-book. Il peut également vous réserver des hôtels le long du parcours. Et si vous n'avez pas d'anciennes, il en possède plusieurs, dont la fameuse Peugeot 504 de 1970.
Le règlement d'ATO est assez léger. Les raids sont ouverts aux voitures antérieures à 1990. Par pragmatisme, il s'est ouvert aux youngtimers. Le promoteur préconise des moteurs essence (les pompes diesel étant rares en Asie Centrale) et carburateur (l'injection supportant mal l'essence de mauvaise qualité.)
Je suis toujours admiratif devant cette voiture. Bien qu'à la retraite depuis 40 ans, elle est encore utilisée comme "daily" en France. Et je ne parle pas des pays Africains, où cette bête de somme rend bien des services, tant en break 7 places (hors taxe) qu'en pick-up...
Géraldine Reynaert m'en fait la démonstration : leur 504 est prête à traverser de nouveau l'Eurasie !
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