Stellantis, Building a new world leader

Déception. C'est le premier mot qui peut nous venir à l'esprit après la conférence Stellantis. Ça devait être la naissance d'un grand groupe. Le troisième étage de l'ère Carlos Tavares chez PSA. Le renouveau de FCA après l'interminable solde des années Sergio Marchionne. Les attentes étaient immenses et objectivement, ni sur le fond, ni sur la forme, cette e-présentation n'était pas à la hauteur.

Denise Fabre
La présentation de Stellantis vient une semaine après le "Renaulution" de Renault. La marque au losange avait opté pour un keynote classique. Stellantis a sans doute souhaité se démarquer, pour ne pas être accusé de copie.

Pour autant, "différent" n'est pas synonyme de "mieux".

La preuve avec ce décor ridicule. On s'attendrait presque à ce que Carlos Tavares nous annonce le films de 20h30...

Clairement, on n'avait pas l'impression d'assister à l'introduction d'un groupe multinational. Et sûrement pas en 2021.

Dans un grand groupe, ce type de présentation est préparé des mois à l'avance. Chaque mot du discours, chaque police de caractère des diapositives, chaque objet en arrière-plan, tout est l'objet d'intense débats.
Et c'est donc difficile de comprendre qu'au terme de toutes ces validations, on en arrive à cela. Par exemple, ce classeur avec l'impression des diapositives, en guise de conducteur.

Et puis ces photos de banque d'images, c'est d'une pingrerie... On se croirait dans une production The Asylum !

Esprit Cogip
Stellantis, c'est une galaxie de 14 constructeurs automobile. 

A titre de comparaison, lors de la fusion British Leyland-British Motor Holding, on obtenait un portefeuille de 12 marques (hors marques locales type Innocenti, Authi, Santana...)
12 marques également pour le GM tentaculaire des années 2000 (hors participations.)
Or, ces deux groupes ont implosé.

Certes, il n'est guère difficile de mieux gérer un groupe que British Leyland ou GM. Mais qu'est-ce qui permettra à Stellantis de consolider ses positions et de conquérir à 14, là où d'autres ont sombré à 12 ? Et malheureusement, la présentation n'a pas répondu à cette interrogation.

Théoriquement, Stellantis est né le 18 janvier avec l'introduction du titre à la bourse de New York. Pour autant, la première communication commune de PSA et FCA remonte au 31 octobre 2019. Le nom "Stellantis" fut lui dévoilé le 16 juillet 2020.
Et bien sûr, des équipes mixtes travaillent ensemble depuis des mois. D'ailleurs, Carlos Tavares leur a rendu hommage lors de son introduction.

On s'attendrait donc à des annonces. Le principe même de ce type de présentation, c'est de surprendre son auditoire. Le fameux "wow". Après 15 mois de travail, on pouvait légitimement espérer que des projets avaient atteint un stade avancé de maturité.

Les chiffres ne sont pas une fin en soit. Le criminologue Alain Bauer possède une méthode très efficace, qui résume la problématique : diagnostic, pronostic, thérapeutique.
Diagnostic, ce sont donc les chiffres.
Pronostic, c'est un état des lieux. Ici, il est absent. Si on prend la diapositive ci-dessous, sur la présence de Stellantis. On voit que le groupe est très présent sur le marché "mainstream". Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
Enfin, la thérapeutique est complètement absente. Chez Renault, sur chaque diapositive, il y avait "2020" et "target 2025". Ici, il n'y a aucune projection.

La déception fut grande en matière de produits. Quid des prochains lancements de Stellantis ? En particulier pour l'ex-FCA, qui manque cruellement de perspectives. A commencer par Lancia.

Après la présentation, Stellantis dévoila un nouvel organigramme. Linda Jackson prend la tête de Peugeot. Elle remplace Jean-Philippe Imparato, qui prend la barre d'Alfa Romeo. Thierry Koskas, ex-futur N°2 de Renault et vice-président vente et marketing de PSA, conserve son poste.

On note aussi que les marques sont regroupées par pôles : "core" (Fiat et Citroën), "upper mainstream" (Peugeot et Opel/Vauxhall), "premium" (Alfa Romeo, DS et Lancia), "luxury" (Masrati), "American brands" (Chrysler, Dodge et Ram) et "global SUV" (Jeep.)
Si on était méchant, on rappellerait que cette séparation en bloc rappelle les préconisations du rapport Ryder (British Leyland : the next decade), en 1975. Surtout, cela démontre une séparation claire entre les activités Européennes et Américaines. On se souvient notamment du malheureux plan Lancia-Chrysler de 2010...

Ça ne sert à rien de s'acharner.

Honnêtement, c'est difficile de trouver du positif. Au terme des 27 minutes, on ne perçoit pas un mot d'ordre ou même une direction prise. Le tout avec un manque criant de conviction. C'est unimpressive comme dirait les anglo-saxons.
C'est d'autant plus dommage que Stellantis possède des idées et des voitures dans ses tuyaux. Pourquoi ne pas les mettre en valeur ?

Le slogan lui-même est consternant.

(Captures d'écran de Stellantis.)

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