Pauvre(s) Alesi

Giuliano Alesi a pu piloter une Ferrari SF71H, à Fiorano. Malheureusement pour le pilote Français, c'était un pot de départ de la Ferrari Driver Academy. Alesi Jr portait le 28, exactement comme son père, ici même, 30 ans plus tôt, lors de son premier test avec Ferrari...

Jean Alesi fait alors son Henri Grandsire dans la Gazzetta Dello Sport. Il déclare grosso modo que la F1 est devenue un club où seuls les protégés de Toto Wolff et Frédéric Vasseur et/ou les fils de milliardaires peuvent percer.

6 saisons, 0 titre
Les Alesi père et fils, c'est avant tout une histoire triste. Celle d'un père, ancienne gloire, persuadé que son fils va reprendre le flambeau. Et d'un fils incapable d'être à la hauteur des ambitions. 

Jean-Pierre Beltoise, Alain Prost, Olivier Panis ou Jean-Marc Gounon ont eu des fils pilotes. Aucun de ces rejetons n'a percé et les pères ont vite pris du recul. Leurs enfants se sont reconvertis, qui en endurance, qui en TCR, avec succès. Jean Alesi, lui, s'entêta et il s'entête encore. Son fils sera pilote Ferrari en F1, point. Jurant également que c'est Giuliano, le plus motivé du binôme.

Ajoutez-y la sympathie que les Français ont pour l'inoubliable "Jeannot". Face à la froideur de Prost ou la discrétion de Panis, Alesi représentait un pilote toujours à 100% devant les caméra : 100% heureux, 100% énervé, 100% déçu... Il fut l'un des derniers pilotes spontané. Et aussi quelqu'un de très généreux avec ses fans. Il a la tape sur l'épaule et le tutoiement facile.


C'est gênant d'évoquer le palmarès d'Alesi Jr. Autant tirer au lance-roquette sur une ambulance. 

6 saisons, aucun titre, aucun podium final. Dès le GP3, il semblait avoir atteint le Principe de Dilbert. Mais la Ferrari Driver Academy et son père le poussèrent en F2. Un unique top 5 en deux saisons.
Son excuse, c'est qu'il a débuté en kart à l'âge canonique de 14 ans. Mais logiquement, ça aurait du l'affecter lors de ses débuts en monoplace, deux ans plus tard. Or, au contraire, c'est lors de ses premières saisons qu'il signa ses meilleurs résultats.
Objectivement, il n'aura jamais le niveau pour la F1. A l'instar d'un Sean Gelael, on ne sent pas qu'après trois ou quatre saisons, il soit capable de décrocher le titre.

Et maintenant, il va courir en Super Formula Lights, avec Tom's. Cette discipline est le pendant Japonais de l'EuroFormula Open. Le seul autre gaijin sur la maigre grille (cf. photo ci-dessous), c'est Lucca Allen. Un Irlandais ayant roulé en fond de grille en British F4, avant de s'exiler en Asie. Pour Alesi Jr, un pilote de F2, c'est une rétrogradation de deux niveaux.

Le fils de Jean
Le plus marquant dans cette interview, c'est que c'est Giuliano Alesi qui pilote, mais c'est Jean Alesi qui répond aux questions ! En fait, l'ex-pilote de F1 a toujours été omniprésent. Hasard ou coïncidence, Giuliano Alesi a débuté quelques mois après l'annonce de la retraite sportive de son père. Exactement comme Sebastian Montoya ou "Dudu" Barrichello.

Il n'avait fallu que quelques mois à Max Verstappen pour se faire un prénom. Alors qu'après six saisons, Giuliano reste "le fils de Jean".

Avoir un père déjà impliqué dans le sport auto de haut niveau (pilote, mais aussi sponsor ou team manager), c'est un "plus" pour débuter. Ne serait-ce que pour mobiliser des fonds. Néanmoins, cela peut devenir toxique. Le père est obnubilé par ce qu'il projette. Au temps où j'écrivais pour l'escrault, on en avait, des pères qui souhaitaient des "corrections" sur le résumé de course. À l'avantage du fiston, bien sûr. Et comme par hasard, les parents de champions, eux, ils ne nous contactaient pas...

Ce n'est pas propre au sport auto. Nul doute qu'un Zinedine Zidane ou un Lilian Thuram soient objectifs sur les performances de leurs fils... C'est extrêmement compliqué de faire le deuil d'un rêve. De reconnaître que son fils n'aura jamais le niveau... Après, Giuliano a presque 22 ans et six saisons d'automobile dans le dos ! Il serait plus que temps d'ouvrir les yeux !


Pérez, ce héros
Jean Alesi poursuit sa diatribe. Si son fils n'est pas en F1, c'est parce que les portes sont verrouillées ! Tout se fait au piston. En guise d'exemple de pilote qui aurait mérité mieux, il choisit Sergio Pérez. 4e du championnat 2020, avec une victoire, il a pourtant eu des difficultés à trouver un baquet pour 2021.

A ceci près que Sergio Pérez court depuis dix saisons. Débutant plus que probant chez Sauber, il a trébuché chez McLaren. Ensuite, à l'instar de Nico Hulkenberg, Kevin Magnussen ou Romain Grosjean, il a surtout fait de présentiel. Si c'était un crack, on l'aurait remarqué, depuis le temps, non ?

Le fils de Giuliano et Kumiko
Alesi Sr est d'autant plus mal avisé que son fils est justement un pistonné. C'est Alesi père qui fit du lobbying sur la Ferrari Driver Academy, afin qu'elle conserve Alesi Jr.

Et s'il met le cap sur le Japon, c'est pour profiter de l'aura de ses parents. 

En effet, sa mère est Kumiko Goto, une actrice. Goto et Alesi Sr avaient été un couple glamour sur l'archipel, à la fin des années 90. Playstation avait surfé sur la vague en les intronisant porte-parole de F1 97 pour le Japon. D'où une série de pubs et de visuels...

Ferrari Driver Academy
Au-delà du cas Alesi Jr, il y a l'utilité de la Ferrari Driver Academy.

Le Red Bull Junior Team met ses pilotes sous pression. Si le pilote ne décroche ne glane pas de podiums, c'est la porte. Parfois, des espoirs sont licenciés à mi-saison. D'où un manque de motivation et un fort turnover.

La Ferrari Driver Academy, c'est l'excès inverse. Charles Leclerc est l'exception qui confirme la règle : un pilote rapide, à la carrière météorique. Ses camarades ont eu une progression plus laborieuse. Néanmoins, le cheval cabré s'entête à leur donner une deuxième chance, puis une troisième chance. Enzo Fittipaldi et Marcus Armstrong sont les exemples actuels de pilotes qui végètent depuis plusieurs saisons. Faire croire au 15e de la F3 FIA qu'il ira en F1, un jour, ce n'est pas lui rendre service.

Le résultat, c'est que faute de talents en interne, Red Bull et Ferrari sont contraints d'en chercher à l'extérieur (avec respectivement Sergio Pérez et Carlos Sainz Jr.) Un changement de cap s'impose.

(Capture d'écrans de la Gazetta Dello Sport, du Sun, de Telmex et de la Ferrari Driver Academy.)

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