Peugeot Saucisse

Ça manquait de Peugeot 106 et de tuning sur ce blog... Voici de quoi combler ces deux lacunes, d'un seul coup !

Quand débuta le tuning ? Après tout, dans les années 50, on vit l'essor de "l'accessoirisation", avec des entreprises comme GH ou Ruby. A la fin des années 60, on glissa vers un aspect sportif, inspiré du rallye. Notamment les jantes Gotti, les longues portées Cibié ou les pots d'échappement Devil...

Au milieu des années 80, Calandre, puis Option Auto promurent un tuning "CSP+". Déjà, ils employaient cet anglicisme, plus moderne que "accessoirsation". Ambiance grosses cylindrées, high-tech et femmes sexy.
Pendant ce temps, dans les lycées, c'était le temps des mob' trafiquées.

Une dizaine d'années plus tard, les GTI étaient passées de mode. Action Auto s'alarmait que pour moins de 10 000 francs, on pouvait trouver une 205 GTI ou une Supercinq GT Turbo. Le propos du magazine, c'est qu'à ce prix-là, de nombreux jeunes allaient foncer (au propre, comme au figuré) et donner du travail aux PFG...
Sans aller jusqu là, autour de moi, j'ai vu des camarades de classe troquer leur BW's pour une 205 ou une Supercinq, puis lui faire subir le même traitement qu'à leurs scooters... C'était le début du tuning "d'en bas".

Dans l'habitus de Pierre Bourdieu, vous étiez à "Capital culturel -/Capital économique -" ! Ça ne volait pas haut.
Côté esthétique, l'inspiration provenait du DTM (avec ses fameux spoiler avant...), du Supertourisme (en particulier le STW et le BTCC), puis du S1600. C'était le temps des peintures flashy, des gros stickers (vraie-fausse tache, "The Alpine touch"...), du William Saurin modèle restauration collective et de la maxi-sono presque aussi puissante que le moulin. Le tuner se devait de porter un jogging Lacoste (ou Sergio Tacchini) blanc avec casquette. Les accessoires, c'était le CD Techno Booster (pour que le voisinage apprécie votre caisson de bass), le téléphone portable avec coque perso et sonnerie personnalisée et le whisky-coca (parce que "je suis un homme" !) Dans ce milieu viriliste, la place des femmes était limitée. Vous aviez la poupée Bratz portant micro-jupe et débardeur laissant voir le nombril (même par -15°.) Ou bien, c'était le garçon manqué.

Le moment fort, c'était la concentration. Qu'elle soit légale (GTI Tuning International, Paris Tuning Show...) ou illégale (le parking de Parinor 2...) Il y avait aussi une presse foisonnante (GTI Mag, Boost Tuning, Boost Magazine, Shift'R...) et souvent écrite avec les pieds. ADDX était une tentative de titre mieux construit (avec aussi, davantage de filles en bikini.)

C'était un milieu ouvrier et plutôt rural. Le futur leader Gilets Jaunes Eric Drouet en était. GTI Mag était basé à Rodez et son premier annonceur était la Chambre d'Agriculture de l'Aveyron ! C'était aussi un milieu plein d'humours et d'autodérision. Avec notamment le personnage du Jacky/Jean-Michel/Régis ; autrement dit l'idiot du village sauce tuning.

Les fans de tuning ne demandaient pas grand chose. Il n'y avait pas de style de vie, vu que les lundi matin, ils allaient qui au LEP, qui à l'usine. Beaucoup préparaient eux-même leurs voitures. Il y avait bien des garages spécialisés. Mais aucun n'avait vocation à devenir une grosse PME, comme les officines Allemandes. Le milieu manquait d'un porte-parole. Les organisateurs d'évènements et les éditeurs (ADDX appartenait à EMAP ; Drift'R à Hommell...) étaient là pour faire de l'argent, point.
Ce milieu viriliste et faisant l'apologie de la vitesse ne collait pas à l'air du temps. Les constructeurs de voitures étaient mal à l'aise. Pour la promotion de Taxi 3, Luc Besson réalisa carrément une autocritique digne de la Révolution Culturelle ! Quant au milieu artistico-médiatique, il affichait carrément un mépris de classe. Lorsqu'Enquête d'action montra une concentration, c'était sur un ton de zoologue...

Côté constructeurs, les GTI revinrent à la mode. Les 205 GTI et autres Golf 1 GTI passèrent "collection" et devinrent hors de prix. D'ailleurs, ce n'était plus avec une Clio que l'on attrapait de la galinette cendrée. Désormais, les caïds roulaient en AMG Black.
Les pouvoirs publics mirent un tour de vis : contrôle technique plus strict, multiplication des radars et autres dos d'âne dans les lignes droites.

Du coup, le tuning fut avant tout générationnel. Les tuners vieillirent, rentrèrent dans le rang et troquèrent leur Saxo tunée pour un Scenic dCi. ADDX disparu en 2009. En 2012, GTI Mag, aux abois, fusionna avec Boost Tuning, sans succès. Groupe Off Roads, l'éditeur de Boost Magazine, se diversifia. En 2013, De l'essence dans mes veines constata la mort du mouvement.

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