Londres appelle
Celui qu'on appelle un peu rapidement Austin FX4 a été produit durant 39 ans, de 1958 à 1997 ! Il est apparu dans nombre de films et de clips. Il était présent dans les livres d'anglais, au collège. C'était la première chose que l'on voyait en sortant d'Heathrow ou de Douvres... Et lorsque vous rentriez chez vous et que M6 re-rediffusait Chapeau melon et bottes de cuir ou Amicalement votre, vous le retrouviez !
Pourtant, d'Austin à London Taxi International, le FX4 a connu pas mal de mésaventures. La ligne évolua très, très discrètement (déchromage, jantes, boucliers modernes...)
Celui en plaques noires et blanches est un FX4S. En 1984, Manganese Bronze (ex-BSA) racheta Mann & Overton, alors distributeur du fameux taxi. Le groupe était déjà propriétaire de Carbodies, qui le produisait. Du coup, une nouvelle entité, London Taxi International, regroupa les activités de production et de distribution du taxi. Le développement de l'affreux CR6 -son remplaçant- s'éternisait. En attendant, LTI lança le FX4S. "S" correspondant à l'évolution. Les taxis Londoniens ont toujours été fâché avec l'ordre alphabétique et la numérotation. Les évolutions successives du FX4 furent D, R, Q, S et S-Plus ! Le S reçu un 2,5l diesel (atmo) Land Rover 62ch. Le 2,2l du FX4 R avait du mal à tirer les 1600kg au sommet des cotes. Le S est donc moins sous-motorisé.
Celui à plaques modernes est un Fairway. Principale différence à l'extérieure : la calandre. Le CR6 n'arriva jamais. En 1989, LTI commercialisa une ultime évolution du FX4. Le Fairway adoptait un 2,6l diesel Nissan 81ch (déjà testé depuis des années.) Surtout, le taxi reçu enfin un traitement anti-corrosion efficace.
Le Fairway était une réponse à l'ambitieux Metrocab, plus moderne. Mais ce dernier fut un feu de paille et LTI de geler son modèle, en attendant le remplaçant...
En août 1997, la production du FX4/Fairway s'arrêta. Le black cab est mort, vive le black cab ! LTI avait compris que le FX4 possédait un capital sympathie à cause de ses rondeurs. Le TX1 de 1997 adoptait un look gentiment rétro.
Au tournant du siècle, il évolua en TX II. On le reconnait à sa calandre chromé. Metrocab -proche de Ford- étant KO, LTI pu récupérer un 4 cylindres Duratorq.
Les années 00 virent une dérégulation des "hackneys". Hors de Londres, les villes autorisèrent les taxis normaux. En 2008, Penso put faire rouler son Vito modifié dans la capitale Britanniques. Surtout, en 2001, les "private hire" (alias minicabie, les VTC Britanniques) reçurent un cadre légal, qui permit leur développement.
Tout ceci heurta de plein fouet LTI, menacé jusque dans son fief.
Le quatrième et dernier taxi, c'est un TX4. Il remplaça le TX II en 2007 (NDLA : je vous l'ai dit, ils étaient fâché avec les chiffres et les lettres...) Cette fois-ci, la calandre descendait jusqu'en bas et le moteur était un 2,5l VM turbo-diesel 101ch.
Après des discussions avortées avec Brilliance, LTI se tourna vers Geely. Le constructeur Chinois devint actionnaire de Manganese Bronze, en 2007. Le constructeur Chinois rêvait de montée en gamme et d'expansion internationale.
L'usine Geely de Shanghai (ex-Shanghai Mapple Automobile) était à l'arrêt. Le constructeur y fit fabriquer un TX4 à conduite à gauche et moteur Mitsubishi, destiné à l'export. On vit ainsi le TX4 Chinois débarquer en France. A terme, le taxi devait servir de base à de futures grandes berlines et limousines. Le gros défaut du TX4, c'était son prix de vente. Geely apportait son aide pour mieux négocier les prix et ouvrir le sourcing aux fournisseurs Chinois.
Mais les tuiles s'accumulèrent. En 2009, Geely s'offrit Volvo. Cet achat siphonna les comptes du constructeurs Chinois. Tous les développements autour du TX4 furent annulés. Trop cher pour la Chine et avec un réseau international embryonnaire, le TX4 "Chinois" fut un bide. La chaine de Shanghai ne tourna guère longtemps et mille unités, ventousées après l'arrêt, furent soldées à l'Azerbaïdjan, en 2011. En Grande-Bretagne, les pièces en chinium cassaient et le TX4 eu mauvaise réputation. Surtout, en 2011, Boris Johnson imposa qu'à partir de 2016, tous les taxis londoniens soient propre. A quoi bon acheter un taxi bon pour le musée dans 5 ans ? Metrocab revenait justement avec un taxi électrique, disponible bientôt...
En 2012, LTI mit la clef sous la porte. Geely fut contraint et forcé de mettre la main au portefeuille. London Taxi Company, filiale à 100% de Geely, vit le jour. Nouveau projet : LTC sera le hub Européen du groupe. La grande berline EC7 décrocha 4 étoiles à l'Euro NCAP et elle devait donc être le premier modèle distribué par LTC. En parallèle, LTC s'appuyait sur Volvo pour développer un nouveau taxi, le TX (ex-TX5.) Boris Johnson mit de l'eau dans son vin, autorisant un temps les taxis thermique au-delà de 2016. LTC fit un procès (qu'il gagna) à Metrocab pour avoir repris la silhouette du TX4. Ce fut le coup de grâce d'un projet mal financé.
Et aujourd'hui ? Fin avril 2022, LEVC (ex-LTC) fêtait le 5 000e TX roulant à Londres... Et un mois plus tard, le 7 000e TX sortait de Coventry. C'est dire la surreprésentation du marché Londonien. Et nul doute que Cao Cao (VTC ; filiale de Geely) achète l'essentiel du solde. Le LCV, un TX bricolé en van, semble avoir disparu corps et bien.
Surtout, avec Lotus, les Chinois ont mis la main sur une marque ayant bien plus de potentiel. Le Geely Design Center UK, filiale de LEVC, a été attribué à Lotus. C'est là qu'a été créée l'Eletre. Il ne faut pas voir le Geely Group comme un tout, mais davantage comme un agglomérat d'ensembles. Il y a grosso modo Geely Auto (Zeekr, Geometry, Radar...) avec des satellites "internationaux" (Proton, Lynk&Co, Polestar...), Lotus, Volvo, LEVC, Smart et des participations (Renault Korea, Horse...) Chaque entité est plus ou moins livrée à elle-même. Il y a même compétition entre entités. Li Chu Fu, c'est Andy dans Toy Story : il se passionne pour son nouveau jouet, puis il passe au suivant. LEVC, chouchou déchu, se retrouve dans l'expectative.
L'autre véhicule immuable de la Grande-Bretagne, c'est le bus à deux étages. A quelques centaines de mètres de là, il y en a justement un exemplaire. En l'occurrence, un Daimler, des années 50.
Notez les transformations pour le food-truck (porte arrière élargie, cheminée d'évacuation...)
Le constructeur Anglais produisit des bus, en parallèle de ses berlines de luxe. En 1960, BSA vendit Daimler à Jaguar, qui venait de racheter les camions Guy. Plus tard, dans la galaxie British Leyland, ils cohabitèrent avec l'Austin FX4. En 1975, BL décida de rebadger "Leyland" le Fleetline et s'en fut fini de la branche bus. Et peu après, l'ex-groupe BSA revint à l'automobile, en s'offrant l'Austin FX4...
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Qu'est-ce que vous en pensez ?