Land Rover Defender "Gamelle Trophy" au 1/64e

Je ne sais pas si c’est un effet de loupe ou un vrai engouement. Mais j’ai l’impression d’entendre très souvent parler de Michel Vaillant et du Gamelle Trophy ! Voici donc une quatrième miniature au 1/64^e, aux couleurs du Trophée : un Land Rover Defender… L663 ! Issou !

Comme d’habitude, je l’ai dénichée sur Aliexpress. 

La boite est jolie. Le fabricant a pris le soin de recopier les logos, la charte graphique de Land Rover et même son slogan ! Ce qui doit vous alerter, c’est l’absence de copyright et autres « Land Rover est une marque de Jaguar Land Rover… » 

A la limite, vous pouvez dire : « Ça, c’est le problème de JLR. » Mais on note aussi l’absence de norme CE. Donc aucune garantie sur les matériaux utilisés. Personnellement, je l’ai touchée du bout des doigts, avant de la reposer définitivement sur mon étagère, puis je me suis bien lavé les mains.
Et bien sûr, interdiction de la revendre ; autant contacter directement les douanes volantes…

Et tant qu'à faire, ils y ont collé un logo Agip !

Je vais donc éviter d’évoquer la miniature, pour ne pas être accusé de promouvoir la contrefaçon. 

Tout de même, un Defender L663 « Gamelle Trophy », il faut reconnaitre que le fabricant a de l’imagination. Même s’il s’est contenté d’une teinte sable et de logos, comme Schuco.
Les vrais véhicules du trophée étaient lourdement chargés, sans oublier les longues portés, la roue de secours apparente, les plaques de désensablement, etc.

Pour rappel, le Gamelle Trophy s'est arrêté en 2000, 19 années avant le lancement du L663.

Le succès du Gamelle Trophy reposait sur une rencontre. Un concept dans l’air du temps, un constructeur volontaire, des aspirants Indiana Jones de bacs à sable et des TV complaisantes. Toutes les planètes étaient alignées pour faire un carton.

Tout s’est délité quasi-simultanément, à la fin des années 90. Côté Gamelle, les raids 4x4 étaient passés de mode. Rouler en 4x4 n’avait plus rien d’exceptionnel, à l’heure où de plus en plus de constructeurs en commercialisaient. Le baroud, c'était même devenu plutôt ringard (cf. le vieux beau du spot "Tu t'es vu quand t'as bu".)
La mode, c’était les sports extrêmes et la glisse. Le dernier Trophée, en 2000, fut d’ailleurs orienté sur l’eau vive.

Land Rover avait remonté la pente. Plus question de s’associer à ces cigarettier de plus en plus sulfureux.
Surtout, désormais, il souhaitait mettre en avant le Freelander. Même avec des pneus TT, le Freelander se noyait dans une flaque de boue. En 1998, chaque équipage avait deux véhicules : un Freelander pour les liaisons et un bon vieux Defender pour les épreuves de franchissement.  

Lorsque le Discovery 2 arriva, Land Rover tenta de mettre en place son propre raid, le G4, en 2003. Il revint en 2006. Un troisième raid, programmé pour 2009, fut annulé.

Mais au-delà du divorce Gamelle-Land Rover, les conditions avaient changé. C’est pour cela que les projets en solo des deux parties firent long feu. 

Le Gamelle Trophy, c’était des hommes ordinaires vivant des aventures extraordinaires. Avec les lois sur l’aménagement du temps de travail, impossible de poser quatre semaines d’affilé pour disputer un raid au bout du monde (sans compter les éliminatoires.)
Les participants du G4 étaient ainsi des sportifs, des artistes, des travailleurs indépendants, etc. Bref, toutes les catégories non-salariées. Difficile pour le spectateur de s’identifier ensuite. 

Red Bull l’a très bien compris : pour ses compétitions (concours de plongeons, caisses à savon, break-dance, etc.), il organise des évènements one-shot sur un week-end. Ainsi, des sportifs qui ont une activité en parallèle, peuvent se libérer.

Le dernier point, ce sont les médias.
Les lois sur le tabac se sont durcies. Certaines TV en ont eu marre de se faire taper sur les doigts par le CSA. En plus, d’autres ont compris la leçon des cigarettiers. Dès la fin des années 90, les équipementiers sportifs, puis les boissons énergisantes ont tourné leurs propres images. Du pain béni pour les chaines du câble.
Puis il y eu la télé-réalité. Koh-lanta est un peu le petit-fils du Gamelle Trophy (esprit d’équipe, environnement hostile, etc.) La grosse différence, c’est que TF1 en maitrise la production et surtout, les recettes. 

Pour toutes ces raisons, non seulement le Gamelle Trophy disparu, mais il tomba complètement dans l’oubli. Sauf apparemment chez les fabricants de miniatures au 1/64^e…