Hors-série Auto-rétro En route sur les Nationales 6 et 7 en anciennes

Encore un hors-série du groupe LVA ! Cette fois-ci, il s'agit d'Auto-rétro avec En route sur les Nationales 6 et 7 en anciennes.

Comme son nom l'indique, c'est une promenade en anciennes sur les deux routes nationales françaises. Une exaltation du road-trip.
Un peu d'histoire... Le paradoxe de l'humanité, c'est que l'Homme s'est préoccupé de ses déplacements lorsqu'il s'est sédentarisé !
Dès le néolithique, alors que les premiers villages, puis les premiers royaumes émergent, l'Homme construisit des routes. Il ne s'agissait plus de migrer un peu au hasard, au gré des saisons et des ressources, mais d'aller vers un point précis, de manière récurrente. La route permettait de rattacher une province récemment conquise ou de capter des flux commerciaux (cf. la Route de la Soie.) Au fil des siècles, dans les civilisations avancées, les pistes informelles laissèrent place à des chemins délimités, puis pavés. On voyait apparaitre des infrastructures : caravansérails, relais, ponts et plus tard, tunnels.
En France, la construction et l'entretien des routes connu des périodes d'investissements lourds, puis de jachères. Napoléon, conscient de l'intérêt stratégique, fit bâtir des routes. Louis-Philippe, keynésien avant la lettre, y voyait un moyen de créer de l'emploi et de faire baisser les tensions sociales. Mais sous Napoléon III, la star, c'était le rail. L'hexagone se couvrit de voies ferrées et de gares.
A la fin du XIXe siècle, le vélo, puis l'automobile débarquèrent. Les premières voitures étaient lentes et peu fiables. En 1888, Bertha Benz fit un trajet de 65km et ce fut une épopée ! Néanmoins, 6 ans plus tard, 17 des 21 concurrents du Paris-Rouen rallient l'arrivée. L'Automobile Club de France, créé en 1895 et le Touring Club de France (qui représentait davantage les cyclistes) faisait un lobbying pour un bitumage des routes. Michelin, lui, avait compris qu'à l'instar du cheval et du train, l'automobile allait développer son écosystème. L'entreprise milita pour une numérotation et une classification des routes. Surtout, il s'inspira des guides déjà existant pour créer ses fameux guides verts et guides rouges, destinés aux automobilistes. Sans oublier les cartes routières...

La grande époque de la Nationale 7, ce fut l'immédiat après-guerre. Avec la motorisation de masse, les Français découvrirent les joies des vacances sur la Cote d'Azur. Charles Trenet chanta Nationale 7, en 1955. Garages et restaurants poussèrent le long de la route. Mais les infrastructures avouèrent leurs limites avec ses embouteillages dans les villages et ses accidents meurtriers sur les "points noirs".
En 1952, Antoine Pinay (qui fut l'un des tout premiers détenteurs du permis de conduire) présenta un projet de construction d'autoroute. L'A7 et l'A6, deux des premières autoroutes, empruntaient justement des parcours parallèle à celui de la N7. Les automobilistes furent d'abord méfiants. Mais le pli fut pris dans les années 70. Et c'était sur l'autoroute des vacances que se passait Une belle histoire de Michel Fugain (1972.)

La Nationale 7, c'est donc la nostalgie d'une époque révolue, comme la Route 66 aux Etats-Unis.
Le hors-série se présente sous la forme de scénettes ayant lieu sur les différents tronçon des N6 et N7. Avec bien sûr, des anciennes (Austin-Healey, Hispano-Suiza, Renault Goélette...)

L'illustrateur Thierry Dubois est un véritable historien des deux nationales. C'est lui qui fournit les documents d'époque.

Jean-Claude Amilhat fournit lui les textes accompagnants les mises en scène.

Notez que les deux comparses servent également de mannequins pour les photos...
A la fin, Thierry Dubois propose un guide pour retracer les parcours des N6 et N7. Dès 1972, des tronçons sont déclassés. Depuis 2005 (2006 pour la N6), l'essentiel est passé en départementales. Certaines zones ont même été liquidées, avec la construction d'autoroutes. Pour le passionné, c'est donc un jeu de piste (exactement comme pour la route 66, d'ailleurs.)
Notez que Thierry Dubois n'a pas pu s'empêcher de dessiner dans les marges, tel un écolier dissipé...
Le sujet est intéressant et original. Les grandes migrations estivales autoroutières tendent à s'estomper. Désormais les classes moyennes voyagent en avion. Quant aux plus jeunes, ils partent toute l'année, grâce aux promotions sur les sites web.
Par contre, ce que l'on voit, c'est l'arrivée de road-trip, à l'américaine. Rouler pour rouler. Les N6 et N7 offrent donc un prétexte idéal pour prendre la route et (re)découvrir la France des "itinéraires bis"...

Un reproche à ce hors-série, c'est le ton assez pessimiste des textes. Les personnages des différentes scénettes sont souvent des losers limite dépressifs. Comme ce lecteur de maison d'édition, qui ressasse sa jeunesse enfuie et ses amours très passagères ou ce livreur de TV qui vivote...
Un peu d'optimisme, que diable !
Remarquez, je comprends que l'auteur n'ait pas la tête à écrire des choses joyeuses. Visiblement, LVA a de plus en plus de mal à écouler ses titres. D'où la multiplication des hors-série. D'ailleurs, Rétroviseur et La Vie de l'Auto viennent chacun d'en publier un.

Le bulletin d'abonnement à Auto-Rétro, lui, il est planqué sur la dernière page. Comme si, de toute façon, plus personne ne s'abonne...

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