Trois cent quatre

Les 204 et 304 se font de plus en plus rares dans les rues. Elles ne sont plus des "daily", mais d'authentiques voitures de collection, qu'on ne sort plus qu'à l'occasion. A fortiori en cabriolet.
J'ai déjà dit à quel point la 204 et sa sœur, la 304, avait été une révolution pour Peugeot. La firme au lion avait compris que la demande en voitures était devenue hétérogène. Plus question de répondre à tous avec un modèle unique, même en lui offrant un plus petit moteur. Le binôme 204/304 inaugura également la traction, ainsi que le moteur transversal chez Peugeot.

La 204 (1965) fut suivie par les 304 et 504, en 1969. Puis il y eu la 104 (1972) et enfin, la 604 (1975.) Cinq nouveautés en dix ans ! Grâce à cela, il battit Citroën et Simca et s'imposa en rival N°1 de Renault.

Le point faible de Peugeot, c'était l'absence de cohérence. Les 104, 204/304, 504 et 604 avaient chacune leur univers. Techniquement et stylistiquement, elles étaient éloignées. Au moins, contrairement à d'autres, il ne souffrait de la surdépendance à un modèle. Mais a contrario, il n'avait pas vraiment de porte-étendard.
De plus, contrairement à Renault, Peugeot était hostile à une montée en gamme. La 304, par exemple, se contentait d'un 1,3l 65ch, poussé sur la S ici-présente, à 75ch. Alors que les étrangères proposaient désormais systématiquement des 1,5l, voire des 1,6l à ce niveau de gamme. De même, côté équipements, le lion restait habitué à un dépouillement monacal (cette 304 S n'avait même pas droit à un second rétroviseur !), alors que les concurrence proposait des versions suréquipées.
Peugeot, qui avait très bien négocié le virage des années 60, puis des années 70, avait un métro de retard dans les années 80. Ca lui coûta cher (au propre comme au figuré) et avec la 205, il rectifia immédiatement le tir : présence de gros moteurs et de finitions luxueuses, ainsi que création d'un vocabulaire stylistique, appliqué ensuite à la 309, la 405, puis à la 605...
Les 204/304, c'était aussi l'invention du "cabriolet popu" ! Certes, auparavant, il y avait eu la Dyna Junior et les Simca Sport, mais Peugeot créa les premiers cabriolets français offrant les prestations d'une berline pour un prix raisonnable.
Cette tradition se poursuivit avec les 205 CJ/CTI, 306 cabriolet, 206 CC, 307 CC et 207 CC. C'est dommage qu'il n'y ait pas eu de 208 CC. De même, c'est dommage que la lignée des coupés se soit arrêté à la RCZ, après les 406 Coupé et 407 Coupé.

C'est d'autant plus illogique qu'à chaque rétrospective, Peugeot sorte une 602 Eclipse et une 504 Cabriolet... Sans oublier la récente e-Legend...
Un mot sur la RCZ. Moi, monsieur, j'ai été l'un des premiers à la voir en vrai ! C'était aux 200 ans de Peugeot... Il faut bien comprendre qu'au Blog Auto, il y avait un partage informel des tâches. Moi, je n'ai jamais été un expert en Peugeot. Lorsque la RCZ a débarqué, je crois que l'on en a tout de suite essayé deux. Ca n'aurait eu aucun intérêt, pour le lecteur, que j'en essaye une, moi aussi. Donc, je n'ai jamais conduit de RCZ et je ne jugerai donc pas ses qualités intrinsèque.

Ce qui est en revanche évident, c'est qu'elle arrivait au mauvais moment. Jérôme Gallix, qui avait porté le projet, claqua la porte juste avant le lancement. Peugeot s'offrit un nouveau patron du style, Gilles Vidal, puis un nouveau patron tout court, Carlos Tavares, lequel était obnubilé par la future 208. La RCZ, c'était le Peugeot d'une équipe qui avait échoué. A l'instar de la 508 et de la 408, elle fut mise de côté.
Le démarrage fut pourtant prometteur : 30 000 unités en moins de deux ans. Elle fut "Vidalisée" en 2012 et elle passa le cap des 50 000 unités dans la foulée. Ensuite, elle était dans les dernières pages de catalogue et dans les recoins de stands. Sa générosité en CO2 (139g pour le HDI FAP et 168g pour le THP156 d'entrée de gamme) n'arrangeait rien. Sans surprise, les ventes s'effondrèrent et elle disparu discrètement, fin 2015... Avec des exemplaires qui ne trouvèrent preneur qu'en 2017.

Je pensais que Carlos Tavares, l'homme de la renaissance d'Alpine, allait promouvoir un coupé Peugeot. Apparemment, il y aurait un "traumatisme de la RCZ" chez Peugeot. Interdiction de parler de coupé.
A mon avis, c'est une erreur. Les constructeurs -et pas que PSA- ont trop tendance à financiariser leur direction et à se focaliser sur des modèles rentables. Or, dans un contexte de standardisation, où tous les généralistes vivent grâce à une citadine, un SUV "B" et un SUV "C", il faut des voitures de niche, pour porter de la différenciation.

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