Hors-série Rétroviseur Citroën Traction Avant

En cette année du centenaire de Citroën, quoi de plus normal qu'un hors-série sur la marque aux chevrons ? Après celui de La vie de l'auto qui balayait l'ensemble de la marque, voici celui de Rétroviseur (groupe LVA) dédié à la Traction Avant.

Comme son nom l'indique, la Traction Avant fut la première berline de Citroën aux roues avant motrices. Mis à part la maladroite Adler Trumpf, ce fut la première tentative d'un constructeur de grande série sur cette technologie. Elle a finit par s'imposer comme LA berline de référence pour les constructeurs Français. Elle méritait donc largement un hommage, d'autant plus qu'on l'a oubliée...
Petite parenthèse.

Dans les années 70, l'automobile de collection était un loisir élitiste. Les concentrations étaient alors des garden party. On considérait que seules les grosses cylindrées de l'entre-deux guerre étaient dignes d'intérêt. Pendant ce temps, les "popus" étaient envoyées à la casse ou bien customisées à la hussarde. Un petit groupe de passionnés tentaient de créer un monde de la collection "d'en-bas". D'où la création de La Vie de l'Auto, qui était un journal surtout fait de petites annonces et d'encarts pour les prochains rassemblements.

Dans les années 80, le grand public s'est intéressé aux anciennes. On a redécouvert les "popus" des années 50 et les roadsters Anglais des années 60. Rétroviseur fut créé par LVA dans cet esprit. Un magazine grand public, avec une maquette aérée et des photos colorées. D'ailleurs, le N°1 était consacré à la Peugeot 203.

Le phénomène s'est emballé. Les concentrations se sont multipliées. Les hors-série, aussi ! C'était tout simple, une séance photo avec une 4cv ou une Dyna Z, des souvenirs d'un vieux journalistes, quelques clichés de Louison Bobet, Yvette Horner et Juan Manuel Fangio et hop, un hors-série de l'été ! La presse auto généralistes s'en est donnée à cœur joie.
Et le dimanche, dans les réunions d'anciennes, j'avais l'impression de voir toujours les même 4cv, 203 et autres 11cv, souvent tunées. Des voitures à peine sorties du marché de l'occasion. Avec ses ailes détachées et sa robe noire, la 11cv émergeait du lot. Plus de 450 000 des 700 000 Traction Avant ont été produites entre 1945 et 1957 ; c'est donc avant tout une voiture de l'après-guerre. Et 1957, ce n'était pas loin ! En 1991, lorsque j'ai été à Rétromobile (et que Dominique Chapatte m'avait dédicacé l'affiche), les 11cv qui y étaient exposées étaient plus récentes que la Talbot Tagora V6 que j'ai croisé cette année ! Et dans les films... C'était la grande mode des téléfilms sur la Libération. Une 11cv d'après-guerre, quelques Jeep Hotchkiss (en promo dans les ventes des Domaines) repeintes aux couleurs de l'US Army et une Mercedes-Benz 170 S "kamouflache" (pour les nazis) et c'était marre !
Au bout de quelques années, cette omniprésence des popus, notamment les 11cv, avait fini par m'énerver. C'est pour ça que pendant 10 ans, je n'ai plus acheté de magazines d'anciennes et je n'ai plus été à des réunions, y compris Rétromobile ou Vincennes en Anciennes...

Depuis, j'ai redécouvert la Traction Avant et ses charmes. J'ai replis plaisir à en croiser.
Justement, le hors-série commence par donner la parôle à deux journalistes millenials. Ils n'ont pas connu le temps où Rétromobile était un salon de la popu ou les téléfilms écris à la chaine. Pour eux, la Traction Avant est une voiture lointaine. C'est intéressant car ils ont du aller à la Traction Avant. Alors que moi, une génération plus tôt, j'en voyais tous les week-end (ou presque) dans les concentrations.
Ensuite, c'est l'habituelle biographie d'André Citroën. La Traction Avant est la dernière voiture qu'il a commandité. Elle fut d'ailleurs à l'origine de sa ruine. Après c'est difficile de dire quelque chose d'inédit sur le personnage. Au moins, le ton se veut plus dynamique, plus enjoué que la moyenne.
Après la biographie d'André Citroën, on enchaine sur un historique de la Traction Avant, de 1934 à 1957.

Là encore, le ton, l'iconographie et la maquette se veulent plus jeunes. C'est un style scrap-book, très Rétroviseur.  
Rétroviseur n'était pas le premier magazine grand public consacré aux anciennes. Quelques années avant lui, il y avait eu Auto Passion, du groupe Hommell. Mais il était trop poussiéreux, trop académique, trop donneur de leçon... Rétroviseur n'en a fait qu'une bouchée.
Fin de la récréation, on passe au dossier technique : caractéristiques des différentes versions, évolutions et un récapitulatif, année par année.

Les croquis, une habitude de Rétroviseur, illustrent bien chaque modèle. Et ils sont plus authentiques que les images 3D vues ailleurs.
On quitte le sépia avec les essais. Le premier, c'est une 7cv apparemment rouillée, mais en parfait état de marche.

Après tout, il y a plein d'épaves avec une superbe peinture. Pourquoi pas une voiture restaurée avec une carrosserie en mauvais état ?
Second essai : une très, très rare 15cv-Six cabriolet.

En comptant large, 4 000 11cv cabriolet ont été produites. Les Michelin ont refusé de faire repartir la production, après-guerre. Une 11cv cabriolet avec historique complet (des berlines ont été passées par la tronçonneuse dans les années 80) vaut 150 000€. Les 15cv-Six cabriolet, elles, il n'y en aurait eu que 3 ! De mémoire, Turbo en avait essayée une jaune.

Qui plus est, cette voiture appartenait à Anna Michelin, la veuve de Pierre Michelin.
La dernière partie du hors-série est une discrète autocélébration.

Le monsieur au look de cuisiniste, c'est Eric Massiet du Biest. Il avait initié le Tour du monde en Traction, à la fin des années 80. L'homme avait compris que pour financer ses raids, il fallait s'appuyer sur les médias (sans être pour autant un Patrick Peter...) Son tour du monde fut ainsi diffusé en direct dans Rétroviseur. De mémoire, il en avait tiré un film et un livre. Il représentaient alors une nouvelle génération d'amateurs d'anciennes.
Puis il fit d'autres raids, dont le Tracbar Dundee, un tour quasi-annuelle de l'Australie en Traction !

Parmi ses projets, il rêve de refaire la Croisière Jaune...
Autre figure des débuts de Rétroviseur, Dingo.

La photographie automobile fut longtemps très plate, y compris pour les publicités. Une photo de face ou de profil, sur fond blanc. Jean-Pierre Ronzel avait introduit un minimum de composition.

Dominique Sambain, alias Dingo, lui, partait sur des créations artistiques. Angles incroyables, utilisations de filtres... Et surtout, des mises en scène souvent humoristiques. Il était l'homme de la situation pour donner vie aux anciennes de Rétroviseur (ainsi qu'à Nitro, du groupe Hommel.)

Là, il ressort les photos de Traction Avant qu'il avait pris pour Rétroviseur.
Le hors-série se termine pour une Traction "FFI". La mise en scène, avec ses vieux maquisards rappelle Dingo et pourtant, ce n'est pas lui qui a pris les photos !

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