50 ans de National Motos

Ma première présentation purement motos et mon premier article pro sur les motos ! Je me suis retrouvé au pied-levé chez National Motos à La Garenne Colombes, pour le cinquantenaire du concessionnaire/écurie de course.
Auto ou moto, ce genre de fêtes se ressemblent, sur la forme. Vous aviez même l'incontournable food-truck Citroën Type H !
Trêve de plaisanterie, la moto ce n'est pas mon rayon. Même si je l'évoque régulièrement sur ce blog. D'ailleurs, je n'ai pas le permis !

Mais les gens sur place étaient hyper-sympa. Dire "je bosse pour Gilles Gaignault", c'est souvent l'équivalent d'un "sésame, ouvre toi !" Et ça s'est vérifié ce soir-là... Histoire de ne pas écrire n'importe quoi, j'ai demandé des infos à trois personnes différentes (afin de recouper les infos.)
Il faut savoir être humble... Les lecteurs ne m'ont pas jeté des tomates, donc mon article devait être bon... 
En fait, sans le savoir, j'avais déjà croisé National Motos ! Lors d'Exclusive Drive, au Bugatti, j'avais aperçu des motos bleus et jaunes. J'en avais pris quelques photos, à tout hasard. C'est ce que l'on appelle de l'instinct professionnel...
Le Bugatti, c'est une transition toute trouvée. Car National Motos, ce n'est pas qu'un concessionnaire. Depuis 1971, ils engagent des motos en endurance. Avec une victoire "scratch" aux 24 heures motos 2006, s'il vous plait !

Cette année, la "55" a terminé 8e de la course.

Faisons un peu de mathématiques... La Kawasaki des vainqueurs a bouclé 839 tours du Bugatti. En terme de kilométrage, cela représente 257 tours du grand circuit. Or, aux 24 heures du Mans auto, la Toyota victorieuse est passée 385 fois dans les Hunaudières. L'ACO imposait 270 tours pour être classé. La Kawasaki n'aurait donc même pas été classée !
OK, on parle de circuits différents. Le Moto GP est passé à Silverstone. Avec les 260ch pour 150kg de sa Honda, Marc Màrquez prit 360km/h en ligne droite. Il a décroché la pole en 1'58"168. Un mois plus tôt, avec les 380ch pour 673kg de sa Dallara F3, Juri Vips atteignit 300km/h en ligne droite. Ce qui lui avait valu une pole en 1'43"902. 14 secondes pleines... Et les F1, elles, tournent en 1'25...
Pourquoi un tel retard ? La physique n'est pas tendre avec les motos.

Au démarrage, là, les 2-roues ont un avantage. Tout véhicule doit d'abord vaincre le couple de départ, c'est à dire la force nécessaire pour avancer. Une voiture est lourde (une gracile Ferrari F8 Tributo affiche 1,4t sur la balance) et en plus, il y a quatre points de contact. La moto n'a que deux poids de contact et elle ne pèse rien (200kg pour une CBR 1000.) La moto s'envole... Cas extrême : la fusée Ariane V et ses 150t, qui a besoin de 4 secondes pour passer son pas de tir (qui mesure 50 mètres de haut.)
Ensuite, ça se complique. D'abord, à l'accélération, les voitures se cabrent (c'est d'autant plus visible sur les anciennes, avec le débattement souple de amortisseurs.) Sur une moto, c'est plus radicale : poignée à fond, c'est carrément la roue avant qui se lève ! C'est super devant les galinettes cendrées, mais vous perdez du temps. Le motard doit donc doser l'accélérateur.
Puis il y a l'aérodynamique... Demandez à un aérodynamicien de vous dessiner une F1 du futur : il va tout de suite caréner les roues. Dans les années 30, lorsque l'on a commencé à passer les voitures en soufflerie, on a d'emblée mis des ailes plus englobantes. Les roues créent de la perturbation. Or, sur une moto, la roue avant est proéminente. L'air n'aime pas monter et voilà qu'il doit ensuite escalader la bulle du carénage. Sur une voiture, tout est beaucoup plus progressif. Aprilia se vante du gros travail aéro sur sa RSV4, récompensé par un cx de 0,30... Qui est ridicule par rapport au 0,29 d'une modeste Peugeot 208 (ancien modèle.) Quant à une monoplace, au lieu de subir les flux d'air, elle les utilise pour aller encore plus vite.
Mais là où la moto perd tout, c'est en virage. Sur une voiture, une virage trop brusque ou mal-dosé, c'est le sur-virage ou le sous-virage. Avec 2-roues, le freinage déséquilibre la moto. Même en Moto GP, au-delà de 1G de décélération, c'est la gamelle assurée. Il faut donc freiner looooongtemps avant. Et pas question de garder les gaz dans les courbes rapides ! Le seul avantage de la moto, c'est dans les très longues courbes. Car au point de corde, elle passe plus rapidement qu'une auto.
Mais un pilote moto est plus complet. Un pilote auto utilise ses fesses comme capteur. Dans Rush, Niki Lauda claironnait qu'il avait des fesses hyper-sensibles ! A contrario, un pilote moto utilise ses bras et ses jambes pour s'informer.

On a vu des pilotes moto tenter leur chance en auto. Par contre, aucun cas de pilote auto ayant brillé ensuite en moto...
National Motos, c'est la piste. Pourtant, la star de la soirée évoquait plutôt les dunes...

Sans le Paris-Dakar, les 4x4 n'auraient pas connu une telle explosion des ventes dans les années 80. Mitsubishi, en particulier, peut remercier Thierry Sabine... Mais le "Dakar" fit aussi la fortune des vendeurs de motos.
En 1981, Hubert Auriol s'imposait au volant d'une BMW R80 G/S privée. Le constructeur Allemand comprit que dans une industrie dominée par les Japonais, c'était sa planche de salut. En 1983, "l'Africain" avait cette fois un soutien officiel et BMW de remporter trois Dakar consécutif.
Chez Sonauto (Yamaha), Jean-Claude Olivier avait du flair commercial. Vous prenez une XT600 Z, une déco rappelant celle des machines officielles (sponsorisées par "Gooooo!") et vous obteniez une moto au nom évocateur : la Ténéré.
Au milieu des années 80, le Dakar avait suffisamment d'aura pour que le N°1 mondial, Honda, déploie l'artillerie lourde. En 1986, avec sa NXR, Cyril Neveu brisa l'hégémonie des BMW. Deux ans plus tard, elle eu son dérivé "route" : l'Africa Twin. Là encore, la livrée s'inspirait des couleurs du sponsor principal : Lee Cooper.

Trente ans plus tard, après quelques éclipses, voici l'Africa Twin 2020.
C'était l'une des premières apparitions publics de cette machine. En plus, elle était dans l'entrée... Pas facile de l'avoir avec moins de vingt personnes dans le champ...

Mais en fin de soirée, j'ai convaincu Stéphane Baldit (PDG de National Motos et fils du fondateur) de poser avec ! L'occasion de lui souhaiter longue vie à son entreprise.
A l'étage, il y avait d'anciennes Honda, dont cette machine de compétition. Autos, motos ou même camions, je suis toujours sensible aux charmes du passé...

Durant les années 60-70, le constructeur Japonais eu une présence par intermittence en Grand Prix Motos. Il était là, il n'était pas là, il n'était pas là, mais il soutenait des écuries privées, etc.
Et pour finir, dans ce temple de la moto, j'ai tout de même trouvé des voitures !

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