Jaguar Land Rover Festival 2019 : 1. Anciennes et modernes

Deux ans après le premier Jaguar Land Rover Festival, Jaguar et Land Rover reviennent à Montlhéry. J'avais beaucoup apprécié la première édition et je ne pouvais donc manquer la seconde !

Pour commencer, voici un tour des voitures exposées de manières statique. Comme il y a moins de nouveautés qu'il y a deux ans, je vais couvrir les anciennes et les modernes dans un unique post.
Comme en 2017, le temps est très "anglais", surtout le matin : froid et pluie fine. Au moins, on est dans l'ambiance !

Le spectacle commence dès le parking, où les premiers arrivants sont dans le ton.

Jaguar d'hier
Impossible d'évoquer toutes les Jaguar et tous les Land Rover présents. D'où un focus sur certains modèles rares.

La star, c'était cette Jaguar Mark IV, de la fin des années 40. Encore que les visiteurs lui préféraient la XJ220 à ses côtés...
D'abord fabricant de side-cars, puis carrossier, le constructeur se lança en 1931, avec la SS One. A l'instar d'Alvis ou d'AC, SS Cars se contentait de cloner les Bentley contemporaines. Le moteur était un Standard (d'où un prix de vente inférieur aux productions de Crewe.) Dès 1935, SS parti dans deux directions. D'un côté, les SS 90, puis Jaguar SS 100 se voulaient sportives. De l'autre, avec les SS 1 1/2 Liter et SS 2 1/2 Liter, SS Cars voulaient créer des berlines plus luxueuses et surtout, plus abouties. En 1937, la SS 3 1/2 apparut. Les trois berlines partageaient le même châssis ; seul le moteur différait. Notez que par analogie avec la Jaguar SS 100, elles prirent le nom de Jaguar SS 1 1/2 Liter, Jaguar SS 2 1/2 Liter et Jaguar SS 3 1/2 Liter.
La production fut stoppée avec le conflit. En 1947, lorsque l'usine redémarra, il n'était bien sûr plus question d'utiliser le nom "SS". Comme "Jaguar" avait été utilisé avant guerre, il devint le nom officiel des modèles. La Jaguar SS 100 ne fut pas produite après guerre. Quant aux Jaguar SS 1 1/2 Liter, Jaguar SS 2 1/2 Liter et Jaguar SS 3 1/2 Liter, elles furent regroupées sous le nom de "Mark IV". Il n'y a jamais eu de Mark III ; le nom faisait référence à la Bentley Mark V ! Notez aussi que Jaguar avait racheté à Standard les droits de production des mécaniques.

Puis, en 1948, Jaguar dévoila les Mark V et Jaguar XK120. Sous une apparence similaire, la Mark V inaugurait un nouveau châssis et le moteur XK, qui dérivait des moteurs Standard. Jaguar allait prendre son envol...
Les voitures sont plus ou moins regroupées par type. De loin, cette Jaguar champagne a l'air d'une Mk 2 accidentée. En fait, il s'agit d'une 3,8 Liter, alias Type S (S-Type en V.O.)

Au début des années 60, William Lyons pensait que la Mk 2 arrivait en fin de développement. D'où la Type S, pensée comme une "Mk 3", qui évolua finalement en modèle au-dessus du best-seller.
Jusqu'au siège arrière, la Type S est peu ou prou une Mk 2, jusqu'aux moteurs 3,4l et 3,8l. Seule la direction -assistée- est spécifique. Par contre, elle reçoit un train arrière de Mk X (dont elle reprend également les suspensions) et surtout, une poupe complètement inédite.

Difficile d'exister aux côtés de la Mk 2. La Type S connu une carrière discrète, de 1963 à 1968. A cette date, Lyons (théoriquement retraité, mais toujours influent) fit remplacer les Mk 2, Type S et Mark X (devenue 420) par la XJ6.
Le nom S-Type fut repris en 1998. Cette fois-ci, il s'agissait d'une voiture placée en-dessous de la XJ. En revanche, le dessin s'offrait quelques références. La S-Type deuxième du nom fut étouffée par la X-Type, qui arriva peu après. Décidément, les S-Type sont maudites, chez Jaguar...
Changement d'époque et de contexte avec cette Jaguar XJ-S. Et pas n'importe laquelle : une XJR-S.

Dès 1976, avec l'éphémère XJ 12C de Broadspeed, le matou songe à ce que l'on appelle pas encore le tuning. A la fin des années 80, face aux succès des BMW "M" et bientôt, de la Mercedes-Benz 500E, il ne peut pas rester les bras croisés... Seulement, encore convalescent de l'ère British Leyland, il n'a pas de sous...
La solution arrive avec Tom Walkinshaw. L'Ecossais est le préparateur officiel de Jaguar en tourisme, puis en endurance. Il a remarqué un potentiel pour une version "civile" de sa XJ-S BTCC, comme l'avait fait Broadspeed 10 ans plus tôt.
En 1988, TWR et Jaguar forment Jaguar Sport, une émanation de TWR. Après une XJR-S 5,3l, il réalèse le V12 à 6,0l, en 1991. Zytek le retravaille et en sort 308ch. Le seul défaut, c'est la boite auto 3 rapports (qui trahi le manque de budget.) On remarque surtout le look ravageur : boucliers inédits, aileron arrière, jantes 16 pouces, pneus larges. Contrairement aux réalisations germaniques contemporaines, XJR-S 6.0l a plutôt bien vieilli.
Land Rover d'hier
Les Land Rover font face à leur demi-sœurs de chez Jaguar.

Difficile de ne pas voir celui-ci et pas uniquement à cause de sa couleur...

A l'origine, le Land Rover est un engin purement utilitaire. Pourquoi donc ne pas le transformer en camion tout-terrain, avec cabine avancée et garde-au-sol généreuse ?
Ça donne le Forward Control de 1962. Basé sur le "Series" SII A 109, il en reprend le châssis... Et le moteur diesel 2,25l 52ch. La nouvelle carrosserie, toute en tôle pliée, est indestructible. Par contre, elle est lourde et même sur le plat, le Forward Control se traine.
En 1966, le Forward Control devient SII B, avec un nouveau différentiel. Notons que l'empattement gagne un pouce à l'avant. C'est donc un 110 avant la lettre...

Le Forward Control est un flop et en 1972, il quitte le catalogue.
Néanmoins, à la même époque, Land Rover dévoile le FC101, un camion tout-terrain militaire. Le FC101 repose sur un empattement inédit et esthétiquement, il est différent des Forward Control civil. Néanmoins, difficile de croire que le retour d'expérience de l'un n'a pas été utilisé sur l'autre... Ainsi, comme d'aucuns se plaignaient du moteur de mobylette du Forward Control, le FC101 reçu le célèbre V8 Rover 3,5l. Il est produit de 1975 à 1978, avec un gros rétrofit en 1980.
En 1985, Land Rover réfléchit à une version civile, avec le Llama. Il dispose cette fois d'une vraie cabine de camion et d'un box à l'arrière. Land Rover le propose à l'armée Britannique, qui n'en veut pas. En 1986, en pleine réorganisation de Land Rover, avec la conception du Discovery, le Llama passe à la trappe.

Au final, l'idée du Land Rover à cabine avancée aura été testée pendant près de 25 ans. Ça, c'est de l'abnégation !
Le Range Rover 6 roues de pompiers, je connais. J'en ai même conduit un ! Mais le Land Rover... Il s'agit d'un Stage 1 V8 Carmichael.

Au milieu des années 70, British Leyland veut améliorer le "Series" et en faire un véhicule moins rustique. D'où le Stage 1 (niveau 1) en 1979. Il n'y aura pas de "Stage 2", mais le Defender de 1983 sera une évolution du projet.
Pour remplacer les diesel asthmatiques, il bénéficie d'un moteur Isuzu. Et côté bloc essence, le V8 3,5l reste disponible.

Carmichael est un carrossier industriel Britannique. Il existe toujours, sous le nom de CSS. Carmichael a donc l'idée de rajouter un troisième essieu au Land Rover Stage 1 V8 et d'en faire un camion de pompier. Pour le look, c'est du visible ! A croire qu'il a été conçu d'après le dessin d'un gamin de 5 ans... J'adore le mat avec deux drapeaux et le projecteur au sommet... Par contre, j'imagine qu'il fallait faire le plein après chaque intervention...
Ce Land Rover rose était déjà là en 2017, mais je ne l'avais pas évoqué.

Il s'agit d'un véhicule utilisé par les SAS dans le désert Omanais. Les dunes Omanaises sont roses, d'où ce camouflage inhabituel.
A la fin des années 60, la guérilla du Front populaire de libération d'Oman et du Golfe arabe, appuyé par le Yémen Démocratique voisin, fond sur l'Oman oriental. La guérilla rêve de renverser le sultan et de chasser les Britanniques, qui soutiennent le pays. En 1970, les SAS débarquent avec leur Land Rover rose, harcelant les guérilleros. En juillet 1972, 800 guérilleros tentent de prendre un fortin, à Mirbat, mais 9 SAS les repoussent. Durant les années qui suivent, les combats sont si violent, que l'armée Britannique n'a plus de munitions !
Battue militairement et isolée politiquement, le Front populaire de libération d'Oman et du Golfe arabe est dissout en 1976.
D'un désert l'autre, avec le Range "VSD" du Paris-Dakar 1981.

Quelques années avant Jaguar, Tom Walkinshaw prépare des Rover 3500. Lors des premiers Paris-Dakar, le puissant Range Rover apparait vite comme une arme idéale. Et vu qu'il possède le même V8, TWR s'en occupe.
Ce Range possède un moteur légèrement poussé (170ch contre 132ch d'origine), par contre malgré l'arceau et un réservoir de 320l, il ne pèse que 1,6t (alors que de série, il affiche 1,8t à vide !)

René Metge remporte la Dakar 1981 à son volant. Le bleu à côté est un ex-Hubert Auriol.
Justement, René Metge et Hubert Auriol sont invités au Jaguar Land Rover Festival.

Metge se souvient qu'au début des années 80, Austin-Rover écoule 500 Range Rover par an ! A 93 200frs le bout (autant qu'une Porsche 924), c'est sûr qu'un concessionnaire comme Metge a de quoi financer lui-même un Paris-Dakar !
Notez que comme en 2017, l'ambulance et le DJ roulent eux-aussi en Land Rover !
Seulle food-truck détonne. Par contre, c'est une tête connue...
Jaguar d'aujourd'hui
La marque au félin arrive en fin de cycle produit.

La XJ -uniquement proposée en électrique- n'apparaitra que l'an prochain.

En attendant, l'accent est mis sur le I-Pace.
Derrière, il y a son grand-frère de compétition, le I-Pace eTrophy.

C'est l'unique compétition en ouverture de la Formule e. J'adore le look de ce SUV de compet'. Par contre, pour l'avoir vu en action, le plus dommage, c'est le plateau squelettique. Seuls 5 "pros" ont disputé l'intégralité du championnat.
En espérant que pour 2019-2020, il y ait davantage de voitures au départ...
La toujours aussi belle Jaguar de Formule e. En 2018-2019, Nelson Piquet Jr a explosé en plein vol. Alex Lynn n'a guère fait mieux. Lynn a toujours manqué de force de caractère, en piste. C'était vrai en British F3, puis en GP3, où il a gagné le titre, mais sans panache. Ensuite, il avait eu l'idée lumineuse de se brouiller avec le Red Bull Junior Team, en s'acoquinant avec Williams... Comme ça, il s'est garanti de ne jamais faire de F1. Et là, de la même façon, il a été transparent chez Jaguar, alors qu'il aurait fallu se transcender.
Du coup, pour 2019-2020, Mitch Evans (le seul à avoir triomphé avec Jaguar) fera équipe avec... Roulement de tambours... James Calado. Encore un pilote qui n'a pas touché une monoplace depuis des années (en l'occurrence, 2013, au temps du GP2) et qui n'a jamais été une star.

Pourquoi est-ce que ce genre d'équipe ne mise pas plutôt sur un Jake Hughes, un Dan Ticktum, un Toby Sowery ou même un Harrison Scott ? Pourquoi est-ce qu'ils misent tous sur des never was ? J'aimerai bien connaitre les arguments des décideurs...
Et sinon, évidemment, Jaguar met en avant le titre de voiture de l'année obtenu par l'i-Pace. C'est la première Jaguar à obtenir un tel honneur.
Pour finir, un trio de Jaguar sportives...
Land Rover d'aujourd'hui
Chez Land Rover, par contre, il y a du neuf !

Annoncé dès 2016 (lorsque la production de la précédente génération fut arrêtée), le Defender débarque enfin !
Un trio de "Series" et de Defender posent devant, pour confirmer la généalogie.
Trop rustique et trop polluant, le Defender avait dépassé la date de péremption depuis longtemps. Même s'il conservait des fidèles auprès des professionnels.

Ford avait réfléchi à un remplaçant basé sur le Transit. La revente de JLR saborda le projet. Il doit donc attendre que JLR développe sa "Prenium Lightweight Architecture" pour disposer d'une plateforme. Et encore. Comme JLR veut faire du volume, pour payer un minimum ses investissements, les Jaguar XE, XF, F-Pace, I-Pace et le Range-Rover Velar ont la priorité. Sans oublier les normes WLTP, histoire d'ajouter du retard au retard !
Le nouveau venu se veut aussi modulaire que l'ancien. A Francfort, JLR en avait dévoilé une tripotté. Il débute en 90 (3 portes) et 110 (5 portes), ainsi qu'en version utilitaire. C'est donc désormais un monocoque.
Il est proposé avec le D200 (4 cylindres turbodiesel 2,0l 200ch), le D240 (idem, mais en 240ch), le P300 (4 cylindres essence 2,0l 300ch) et le P400 (6 cylindres 3,0l mild-hybrid 400ch.)

Il est produit à Nitra, en Slovaquie, aux côtés du Discovery. Il ne souffirait donc pas d'un éventuel hard Brexit...
Que vaut le nouveau venu ? Il faudra laisser les professionnels répondre...

En attendant, Philippe Etchebest et Alban Michon, les deux ambassadeurs de Land Rover sont là pour amuser la galerie.
Sinon, dans l'espace réservé au journalistes (NDLA : désolé, les influenceurs), il y a un Defendeur en Lego, également en vente dans la boutique.

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