Dites-le avec des fleurs

D'un van Citroën à un autre, complètement par hasard...

Cela fait bien longtemps que les livreurs n'ont plus de 2cv fourgonnette et pourtant, ce fleuriste-là en possède une ! Flower power !
Pour le néophyte, toutes les camionnettes 2cv se ressemblent. On pourrait croire que Citroën s'était contenté de contenté de changer la face avant, au gré des évolutions de la berline.
En fait, en 26 ans de carrière, elle a beaucoup évolué : elle a été rallongée, rehaussée et elle a changé de moteur.
Il faut dire que dés 1961, Renault lançait une R4 du même acabit. Citroën réagit et les deux rivaux se lancèrent dans une course à l'armement.

L'ultime évolution, c'est cette AKS400 (1975-1978), avec son moteur 33ch et ses phares rectangulaires. Le producteur Normand de brioches en possède une identique.
En 1978, la 2cv fourgonnette quitta la scène... En fait, Citroën -en mal de liquidité- avait répondu à de nombreux appel d'offres publics. Du coup, pour les honorer, il produisit des 2cv fourgonnette jusqu'en 1981.
Surtout, l'Acadiane qui la remplaçait, n'était qu'une 2cv fourgonnette "Dyanisée". Elle ne parti qu'en 1987, 4 ans après la Dyane.

L'arrivée du Renault Express et du C15 lui avaient fait beaucoup de mal. D'ailleurs, la rivale R4 (devenue R4 F6) s'effaça l'année suivante.
Notez quand même qu'avec cette 2cv fourgonnette, le fleuriste privatise la place de parking devant sa boutique. Mais avec un véhicule "vintage", ça passe mieux. C'est un sport jusqu'ici surtout prisé des restaurateurs parisiens.
La différence de couleur de bitume prouve que la voiture ne bouge pas beaucoup. D'ailleurs, elle sert visiblement de débarra. En prime, il s'est bien reculé. Et avec le balais-route et la poubelle derrière, cela fait une place et demi de disparue ! Pourtant, dans le coin, les places sont chères...

On parle de "micro-agressions". Moi, je parle plutôt de "micro-emmerdeurs". Au même titre que les gens qui se garent en double-file pour aller chercher leurs clopes, les VTC qui chargent et déchargent en plein milieu d'un carrefour ou les scooteristes qui se garent en travers des trottoirs et n'hésitent pas à faire les cent derniers mètres sur le trottoir. C'est la définition même de l'égocentrique. Les autres n'existent pas, à eux de se débrouiller.
Qu'est-ce que vous allez faire ? Héler un policier et le tirer par la manche, toutes les 5 minutes ? Engueuler les fautifs, au risque d'être pris à parti ? Les dénoncer sur les réseaux sociaux, quitte à passer pour un mauvais coucheur ? A quoi bon ?


La dernière 2cv est sortie de l'usine de Mangualde, au Portugal, le 27 juillet 1990. L'an prochain, ont fêtera donc les 30 ans de l'arrêt de la "deuche". Je suis donc de la dernière génération à avoir vu des 2cv dans les concessionnaires Citroën.
Pour ceux qui ont 20 ans, la 2cv a toujours été un objet de collection, conservé jalousement et chassée des villes.

Pourtant, comme j'ai pu le constater à Maison & Objet, la mémoire de la 2cv est plus vivace que jamais ! Les uns voient en la 2cv la voiture des baba-cools et des routards, le temps de l'insouciance et de la liberté des années 70... D'autres y célèbrent la France profonde, ouvrière et rurale. La France authentique (y compris chez des gens qui ne sont pas "Français de souche".)
Et plus généralement, avec ses formes rondouillardes et sa fragilité, elle séduit. Ce n'est pas un SUV agressif !
En tout cas, ce n'est pas une voiture comme les autres.
D'où la question, forcément, pourquoi est-ce que Citroën ne produit pas de "2cv de 2020" ?
Pour l'Europe, la réponse est simple. Déjà, il faudrait mettre la 2cv aux normes antipollutions et aux normes sécuritaires. Et puis, le client ne voudrait pas d'un bouilleur de 29ch. De plus, le GPS, la climatisation manuelle et les vitres électriques sont devenus le minimum acceptable. En bref, de fil en aiguille, la note gonfle et à part le look, votre "nouvelle 2cv" n'aurait plus grand chose de l'ancienne...

Quid des pays émergents ? Eux, ils accepteraient une voiture minimale ! Ca leur permettrait de répondre à un désir de mobilité de masse...
C'est ce qu'à pensé Chrysler, du salon de Francfort 1997. La China Concept Vehicle (NDLA : CCV, 2c v...) était une 2cv moderne, destinée à la Chine. Les Chinois n'en ont pas voulu. Pour François Castaing, gouru du design de Chrysler, ce fut la boulette de trop et il fut rétrogradé.
11 ans plus tard, Ratan Tata dévoilait la Tata Nano à Genève. La Nano n'a aucun très stylistique commun avec la 2cv. Néanmoins, l'idée d'un ultra-low-cost pour les campagnes est assez similaire au concept, tel qu'échafaudé par la firme aux chevrons, dans les années 30... Une voiture pour 2000€, cela semblait imparable. Les écologistes s'alarmaient d'ailleurs des conséquences d'une Inde motorisée par des millions de Nano. Les pays d'Asie du Sud-est et d'Afrique voulurent en assembler. L'usine Bengali devait être construite sur des terres confisquées aux paysans, qui se rebellèrent. La Nano dut se trouver une autre usine, à la hâte. Puis les premières Nano prirent feu. En 2012, les premiers chiffres de vente étaient décevants. Non, les Indiens ne veulent pas n'importe quoi ; ceux qui possèdent le permis veulent un véhicule ayant un minimum de stature. En 2015, Tata tenta un ultime effort avec une Nano reliftée et mieux équipée, destinée à la jeunesse urbaine. En 2017, son usine de Gujarat ne fonctionnait plus qu'en pointillé et en 2018, après environ 300 000 unités, le rideau tomba sur la Nano.

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