Golgopel

Opel s'invite dans la rue de Turenne, à Paris, le temps d'un Pop'up store. Il est baptisé "Golgopel". L'opération porte également le nom d'Opel Neue Welle x Golgotha. Neue Welle signifiant "nouvelle vague" dans la langue de Goethe.

L'opération n'a duré qu'un week-end.
A l'heure du lancement de l'e-Corsa, Opel sort son album de souvenirs pour se légitimer dans l'électrique. L'Elektro GT de 1971 est un bel alibi. Exposée au salon de Francfort, elle s'est ensuite rendue en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, avant d'arriver rue de Turenne.
L'Elektro GT, mise sous cloche, à une place d'Autolib attire le regard. Mais le spectacle était aussi à l'intérieur.

L'agence de design Golgotha est coauteur de l'opération. Ils ont fait une animation avec une Elektro GT façon manga, déclinée en vêtements. Au moment où j'étais là, il y avait la queue à la caisse. Ce n'était pas forcément le but, mais les vêtements Golgopel se sont vendus comme des petits pains !
J'aimerais avoir l'occasion de parler en détail de l'Opel GT. Il y a tellement de choses à dire dessus...

Bob Lutz fut l'un des pères de ce que GM avait défini comme un "mini-Corvette". Pour le look, d'accord. Mais pour le moulin, on était loin de la 'Vette...

Avant elle, Opel fabriquait par et pour les Allemands. La GT amorça les ambitions continentales du constructeur au "blitz" dans les années 70. C'était le trait d'union d'un Opel qui était davantage qu'une excroissance de GM, mais pas encore tout-à-fait indépendant...

De plus, elle fut produite à Creil, chez Brissonneau et Lotz. Le carrossier industriel fut absorbé par Alsthom et cette incongrue division automobile fut cédée à Chausson. C'est là que furent produits les premiers Renault Trafic !

Enfin, aux Etats-Unis, elle fut vendue dans le réseau Buick. Johnny Weissmuller fut le porte-parole, pour une pub façon "Tarzan en famille". Parce qu'en voyant l'Opel GT, le publicitaire s'est dit : "Elle serait parfaite, dans un décor de jungle ! Et pour évoquer la jeunesse, rien ne vaut un acteur sexagénaire sur le retour !" Encore un publicitaire "inspiré"... If you want to hang out/you've gotta take her out...
Pour se faire connaitre, Opel n'avait pas encore les moyens de développer une écurie de course. D'où le choix des records.

La première, ce fut l'Elektro GT de 1971. Extérieurement, on remarque surtout le carénage des roues, le déchromage et le remplacement des feux arrières par des plaques de tôle. De quoi gagner quelques kilogrammes.  A l'intérieur, seul le siège conducteur reste. Les autres places sont occupées par un châssis accueillant les batteries supplémentaires. A l'avant, une moteur électrique Bosch développe l'équivalent de 120ch (soit un tiers de puissance en plus !)
Elle roula 44km, à 188,86km/h de moyenne et battit six records.

L'année suivante, Opel récidiva avec la GT Diesel Rekordwagen. Car en 1972, le diesel faisait figure de carburant du futur, au même titre que l'électrique. Et parce qu'il consommait moins, le moteur diesel séduisait même les premiers écologistes !
Cette fois, elle était davantage transformée, avec un avant profilé et une cellule centrale monoplace (façon Peugeot 404 Diesel des records.) Mais celle-là, elle est désormais politiquement incorrecte et Opel n'est pas prêt de la ressortir...
L'Opel Elektro GT en témoigne : l'électrique fut un serpent de mer de l'automobile. Les années 70 furent l'une de ses réapparitions. Peu après l'Elektro GT, lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Munich 1972, le porteur de la torche était suivi par une BMW 2002 électrique. Puis ce fut la crise du pétrole et tous les constructeurs créèrent au moins un prototype. Comme la R5 électrique croisée au Mondial de Paris 2018. Puis l'électrique hiberna de nouveau...

Ce qui a longtemps manqué, c'était de vrais investissements. Le thermique marchait, alors pourquoi se casser la tête à réinventer la roue ?
Dans les années 2010, les constructeurs ont davantage misé sur l'électrique. Le succès commercial de Tesla changea la donne. Grâce à Tesla, l'électrique est devenu chic, dans le luxe. Les constructeurs premium ont emboité le pas.
Il y aussi eu le dieselgate. Non seulement le diesel perdit son image "propre", mais pour une partie du public, c'était l'automobile en tant que telle qui perdait sa crédibilité... Mais dans le même temps, le diesel gagnait une image "col bleu". Les Gilets Jaunes ont fustigé les bobos Parisiens qui font 200m en trottinettes électriques, pour aller dans leur start'up, tandis que les ruraux doivent parcourir 50km pour pointer à l'usine.
Les constructeurs adorent le mot "disruptif". Mais là, pour le coup, ils sont face à une véritable disruption ! A court-terme, la voiture thermique sera bannie des grandes villes.

Sur les neuf premiers mois de 2019, en France, il s'est vendu 2,4% d'électrique. Autour de moi, je ne connais personne qui roule en électrique ou qui souhaite vraiment acheter une électrique.
Les e-208, e-Corsa et Zoe 2 sont dans les starting-blocks. Je vais scruter leurs chiffres de ventes. Les généralistes vont-ils réussir à transférer leur clientèle vers du VE ? Ou bien va-t-on voir un effondrement massif du marché, car la clientèle optera pour les alternatives (transports en commun, vélo, autopartage, etc.) ? Si c'est la deuxième solution, il n'y aura plus de place pour tout le monde et on pourrait assister à la disparition de constructeurs.

Commentaires

Articles les plus consultés