Un tour à Munich...

La semaine dernière, j'étais trois jours à Munich. Je me disais : "Munich, c'est BMW-land ! Il doit y avoir des 02 et des E21 à tous les coins de rue ! Et sans doute, des modèles que l'on voit rarement de ce côté du Rhin. Sans oublier toutes les youngtimers allemandes..."

Mais non, nib de nib ! Après trois jours, je n'ai pas vu grand chose : un MAN série G, une Mercedes W124 et une Jetta 2... Pas vraiment des déclencheuses de torticolis... Et côté BMW, les seules BMW un peu exceptionnelles, ce sont ces série 8 et i8 Spider vues à l'aéroport !
Munich, j'y suis déjà allé deux fois. J'ai visité le musée BMW en 1993. Et puis, il y avait cette présentation Jaguar XF sur les bords du lac de Constance...

Mais cette fois, point de visite de musée. J'étais à Munich pour un entretien... Un beau projet, où j'aurais un rôle proéminent. Mon éventuelle chef ne me connaissait que de réputation. J'étais évidemment très flatté que ma réputation dépasse les frontières de l'hexagone ! Elle a contacté plusieurs personnes. Les autres lui ont dit "mon tarif, c'est tant." Moi, j'ai dit : "OK, je saute dans un avion et on en discute face-à-face." Ca lui a plu.
Je ne vais évidemment pas vous dire quel est son projet. Vous vous en doutez, si elle m'a contacté, c'est que ça a un rapport avec la Chine... C'est un produit nouveau qui plaira certainement aux Chinois. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont 1,4 milliards que l'on pourrait leur vendre n'importe quoi. Il leur faut un produit adapté et surtout, un produit abouti. Donc, entre la conception et le ramp-up, vous allez brûler des sommes folles avant même de voir votre premier client. Ce sont ces investissement démesurés (à l'échelle d'une nouvelle entreprise) qui ont jusqu'ici dissuadé les autres. Justement, si je me suis déplacé, c'était aussi pour vérifier que la fondatrice avait une surface financière suffisante...
Il va falloir des mois pour que son projet se concrétise, s'il se concrétise. Au cas où, j'ai déjà contacté quelques collaborateurs potentiels. Ma contribution, c'était aussi de venir avec des CV sous le bras. Elle avait peur de ne pas se faire écouter. Je pense si elle réussit à lever ses fonds, comme Michel Audiard faisait dire à Jean Gabin dans Le Pacha : "Oh, tu sais, quand on parle pognon, à partir d'un certain chiffre, tout le monde écoute."
Haas, concessionnaire Opel-Nissan à Munich.

Haas, c'est un nom typiquement Juif Allemand. Je suis toujours surpris de voir qu'en 2018, il y a encore des Juifs en Allemagne.
Pour les plus vieux "Haas", cela évoque Carl Haas. Pilote amateur de GT, dans les années 50, cet Américain finança sa carrière en vendant des pièces de compétitions. Il profita d'une course en Grande-Bretagne pour obtenir des cartes exclusives pour les USA. Son business grandit, Haas raccrocha le casque, tout en décrochant la représentation d'Elva et de Lola. Il gardait néanmoins une écurie, qui domina la Can-Am, à la fin des années 70 (avec Lola, bien sûr.) Sachant la série condamnée, il a réussi à convaincre Lola de s'engager en CART. Pour attirer les investisseurs, il contacta Paul Newman, croisé dans les paddocks de SCCA. L'acteur fut plus qu'un porte-parole, au sein de Newman-Haas. Grâce aux Andretti père et fils, ainsi qu'à Nigel Mansell et plus tard, à Sébastien Bourdais, Newman-Haas décrocha de nombreux titres. Puis les nuages s'accumulèrent : la fusion Champ Car-Indycar (où Newman-Haas se retrouva marginalisé), la mort de Paul Newman et enfin, la maladie d'Alzheimer. Carl Haas ferma son écurie en 2012. Il participa à la reprise partielle de Lola (avec Multimatic), avant de quitter la scène publique. Il est mort en 2016.
Aujourd'hui, cela évoque Gene Haas. Une histoire à l'Américaine, digne d'Hollywood. Un diplômé d'université qui se fit usineur, faute d'emploi. Puis il créa ses propres machine-outils. En 2002, il racheta la structure Nascar Truck d'Hendrick Motorsport. Le team Haas CNC devint Stewart-Haas avec l'arrivée du controversé Tony Stewart. En 2006, Haas fut accusé d'avoir des oublis lors de ses déclarations d'impôts. Alors que d'appels en appels, il s'orientait vers de la prison ferme, il parlait d'ouvrir une écurie de F1 ! A l'époque, le projet US F1 GP venait de s'effondrer et l'annonce pouvait faire sourire... De 2008 à 2009, Haas fit 18 mois de prison. En 2014, Haas s'offrit les restes de Marussia F1 (qui poursuivit néanmoins brièvement son activité.) En 2016, la Haas VF-16 débuta en F1. Contrairement à Caterham, Manor et HRT, Haas réussit à marquer des points d'emblée. Elle termina même 5e du championnat 2018 !
Tous ces "Haas" sont en fait des descendants des paysans Allemands qui traversèrent l'Atlantique au XIXe siècle. La misère économique ne faisait pas le distinguo de la religion... Levi Strauss venait de Buttenheim, au nord de Munich. Il ouvrit à San Francisco un atelier de confection de pantalon, qu'il baptisa logiquement Levi's... Strauss n'avait pas d'enfants. Ce sont ses neveux, les Haas, qui prirent la suite. Le jean était souvent l'uniforme du fermier US. Les GIs avaient donc l'habitude de se balader en jeans pendant leur permissions. Et à la Libération, toute l'Europe voulu ces pantalons de GIs... Peter Haas a vu le filon. Il fila des paires à Marlon Brando, à Maryline Monroe ou à James Dean. Le pantalon des fermiers devint celui des stars d'Hollywood et la PME Levi's envahie le monde. Bob Haas, son cousin, prit le relais dans les années 80-90. Mais aux USA, Levi's était ringardisé par les jeans de Gap ou de Calvin Klein. En 2000, Philip Marineau fut l'un des premiers non-Haas à prendre les raines. A ses côtés, un autre Haas, un jeune-loup censé donné un nouvel élan... Ca a tellement bien marché que Levi's a fermé ses deux dernières usines US ! D'ailleurs, impossible de retrouver le nom de cet héritier Haas...
Pour finir, un assureur auto. Visiblement, cela fait quelque temps qu'il n'a pas refait sa devanture ! Admirer ces Bburago et Maisto au 1/24e et au 1/18e des années 2000...

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