Astravan

Je suis tombé sur une vieille Opel : une Kadett Combo pré-facelift (1987-1989.) C'est sûr, ça attire moins l’œil que la Rekord, mais il doit en rester à peu près autant sur les routes ! Et puis, vous connaissez mon amour des utilitaires...

Celle-ci est vraiment nickel. A croire qu'elle n'a pas beaucoup servi, en une trentaine d'année de carrière...

En 1979, après des années de trois volumes propulsion, la Kadett devenait une compact deux volumes. Dans le cadre du rapprochement avec Vauxhall, la Kadett D fut produite à l'identique outre-manche, sous le nom d'Astra (un nom qui fit du chemin...) Esthétiquement, la Kadett D n'était pas terrible. Et surtout, l'année suivante, Ford lançait un missile intercontinental : l'Escort.

Dès 1984, Opel revu sa copie avec la Kadett E (alias Astra B.) La nouvelle avait les mêmes dimensions que l'ancienne (elle était juste un peu poil plus large et un poil plus haute.) Pourtant, elle donnait l'illusion d'être plus longue et surtout, plus dynamique.
Sur le continent, la Golf 2 connu un démarrage poussif et la Kadett en profita. Par la suite, la Golf 2 prit son envol et la Kadett passa au second plan. Pour autant, c'était l'époque de "Opel, faites-vous une idée neuve" et le duo Corsa/Kadett explosait les objectifs. Grâce à ses usines dans la péninsule Ibérique, Opel perçait en Europe du Sud, où Ford et Volkswagen étaient peu présents. Les alternatives étaient rares. Fiat, PSA et Renault avaient sous-estimé la demande en compacts. Du coup, leur clientèle n'hésita pas à aller voir ailleurs, où on les accueillait à bras ouverts... Dans les années 80, les Japonais étaient marginaux. Quant à Seat, il commençait timidement à mettre les pieds hors d'Espagne. En Grande-Bretagne, l'Escort régnait en maitre. Vauxhall insista beaucoup sur le "made in Great Britain" et elle capta ainsi la clientèle des déçus de BL. Après des années d’hémorragie des ventes, la Rover 200 parvint à stabiliser la situation. Mais Austin Rover en était désormais réduit à un second rôle...

Notez enfin que Daewoo obtint de GM l'outillage de la Kadett E. Jusqu'ici, il n'était qu'un simple assembleur et l'état Coréen faisait pression pour qu'il mue en constructeur. La Corée du Sud était alors une dictature. Daewoo était un chaebol proche du pouvoir et son métier principal, c'était le textile. Dans les usines, il y avait régulièrement des grèves. La police débarquait, embarquait les meneurs et ils avaient tendance à tomber dans l'escalier... GM avait des réserves à s'associer à un partenaire aussi sulfureux. Néanmoins, il lui confia un jeu complet d'outillage. Daewoo pu ainsi devenir le second constructeur Coréen (Kia, trop distant du Prince, avait été bridé.) La Kadett E devint Daewoo LeMans (en un mot), puis Nexia. Elle fut vendue aux USA par Pontiac, avant d'être importée en France.

La Kadett D eu son dérivé utilitaire. Sauf erreur, l'Astravan (badgé Bedford !) ne fut pas vendu sur le contient. La Kadett E eu donc elle aussi sa version van. En 1987, l'Astravan franchit la manche et devint Opel Kadett Combo. Elles étaient produite à Ellesmere Port, chez Vauxhall.

On voit qu'à l'époque Bedford et Vauxhall gardaient encore leur autonomie vis-à-vis de Opel.

Mais dès 1989, la production déménagea à Azambuja, au Portugal. Signalons qu'au passage, la Kadett E fut reliftée, on peut donc distinguer la voiture, suivant son site de production. Bedford avait été liquidé. Le bureau de design Vauxhall fut liquidé. Automotive Development Consultants (ADC), composé d'anciens, tenta de proposer ses services à Austin-Rover et à Ford. Cela donna l'étonnante Metro Scout, une Austin Metro au look de tout-terrain, en 1990. ADC travailla également sur la MG R V8 et la MG F, avant de disparaitre.

Et maintenant, c'est au tour des activités de conception d'Opel de passer sur l'échafaud...

En 1993, la Kadett Combo fut remplacée par un modèle basé sur la Corsa B. En 2011, la Combo, alors cousine de la Fiat Doblo, s'éloigna de la Corsa. L'actuelle est basée sur les Berlingo/Partner. Elle sera prochainement vendue en Russie. Les versions 4x4 Dangel seront-elles du voyage ?

L'Astravan poursuivit sa route en parallèle, jusqu'au crépuscule de l'Astra H, en 2010. Opel/Vauxhall déclara ensuite que le positionnement de l'Astra n'était plus compatible avec cette version.
Ca me fait doucement rire. Quel est l'univers de l'Astra ? Et ce n'est pas une pique contre Opel. Que reste-t-il aux compacts, en général ? Quel est l'univers de la 308, de la Megane ou de la Golf ? Les SUV ont phagocyté l'aspect statutaire, des hauts de gamme. Comme voiture de fonction, le jeune cadre dynamique ne veut plus d'une Megane ; il veut un Kadjar, voire une Audi Q2 ! Les constructeurs ont liquidé les versions cabriolet, les 3 portes façon coupé ou les finitions suréquipés. Plus de gros efforts de promotion. Lorsque votre argumentaire, c'est de dire que votre voiture est équipée du wifi, c'est vraiment que votre produit n'est pas terrible ! Car les compacts sont devenues des voitures de flottes. Des déplaçoires marron ou gris.
Alors dire que l'Astra est trop upper class pour une version utilitaire...

L'Astra, c'est la dernière "Voiture de l'année", que j'ai conduit. J'avais écris un long article sur la Voiture de l'Année. J'avais dit que le mode de scrutin, avec son comité d'experts, ses votes sur plusieurs tours, c'était suranné. J'avais fait le parallèle avec l'académie des Oscars et la polémique sur l'âge du capitaine et l'opacité du vote, source de soupçons. L'accueil des lecteurs fut tiède, mais les constructeurs... Critiquer le COTY ? Blasphème ! Le rédac'chef m'informa que c'en était fini des articles de type "édito" et que c'en était fini des essais de modernes...
Juste après, j'avais un dernier essai de programmé. Le responsable presse me dit -en off- que j'avais raison. Il allait encore plus loin en expliquant que le COTY, c'était des vieux machins qui se décidaient après un tour de pâté de maison au volant d'un modèle surmotorisé et suréquipé, ne représentant pas du tout l'essentiel des ventes... Oui, mais ça, c'était du off. En "on", comme les autres, il râlait contre mon article sur le COTY. D'ailleurs, l'essai du véhicule, jugé "politiquement incorrect" par le redac'chef, ne fut pas publié...

Nicolas Meunier a écrit un excellent papier dans Challenges, sur le Jaguar I-Pace, dernière Voiture de l'année en date.
Je ne suis pas surpris par ses conclusions. JLR n'a aucune expérience des électriques. Leur expérience se limite à des Land Rover "light hybrid", inauguré par le Freelander 2. Et c'est logique, car le bureau d'études de JLR n'a longtemps été qu'une excroissance de ceux de Ford. JLR n'a ni les moyens, ni l'expérience de ses rivaux allemands. Ni même de Tesla, qui produit des électriques depuis une dizaine d'années. Justement, Jaguar a voulu prendre de cours ses rivaux avec un SUV tout électrique. Et bien sûr, c'est un véhicule inabouti, comme tout premier jet.
Dans ce contexte, le jury du COTY semble surtout vouloir essayer de rester à la page. Historiquement, le COTY n'a pas "vu" les SUV, ni les hybrides. Donc, là, le jury a tenté d'anticiper les tendances et de récompenser un SUV électrique. J'ai surtout l'impression que nos vieux machins ont mis une casquette de travers et qu'ils veulent jouer les djeuns. "How do you do, fellow kids ?"