L'autre Multipla...
Une Multipla, pas le kitschissime monospace ! Non, l'autre, la vraie...
Les adorateurs de Fiat disent que c'est le premier monospace. Ce n'est ni faux, ni vrai. En fait, personne n'a inventé le monospace, ni Matra, ni Fiat, ni un autre. Ce fut un effort collectif. Une histoire avec des accélérations et des ralentissements.
Les toutes premières voitures n'étaient que des calèches sans chevaux, avec un moteur sur le train arrière. Mais très vite, les mécaniques se firent plus puissantes -et plus encombrantes- Du coup, elles migrèrent devant l'habitacle. Pour d'évidentes raisons, le train avant fut avancé à son tour. Terminé, le look de calèche ! En 1896, les magasins du Louvre, à Paris, organisèrent un concours. Pierre Selmersheim le gagna avec un drôle de monocorps composé de deux habitacle. Son projet resta à l'état de maquette.
Juste avant le tournant du siècle, Camille Jenatzy franchit les 100km/h avec une électrique en forme d'obus. Avec la Blitzen Benz (1909), on retrouvait l'idée d'un profilage. On découvrait l'aérodynamique et les flux d'air. C'était une préoccupation pour les voitures de course et de record. Les voitures de route, elles, dépassent à peine les 50km/h. En 1913, Castagna caréna tout de même entièrement une Alfa Romeo, à la demande du comte Ricotti.
La première guerre mondiale vit l'avènement de l'avion. Grâce à lui, les recherches aérodynamiques firent un bond en avant. Edmund Rumpler, venu justement de l'aviation, créa sa "Tropfen-Auto" en 1921. Dans un autre genre, il y eu la Leyat Helica (1920.) Avec le retour du moteur arrière, on songea à des monocorps. Il y en eu quelques uns (surtout en France et aux Etats-Unis) avec l'Autobloc d'Emile Claveau (1927), la Dymaxion de Buckminster Fuller (1933), la Scarab (1935), la Dubonnet Dolphin (1935) ou l'Aircar de Pribil (1938.) Restait une question : pourquoi faire ? Au-delà de l'exercice de style, quel était l'intérêt ? Le Corbusier y répondit en 1928. Dans des villes devenues des mégapoles, chaque m3 compte. Il faut optimiser et redistribuer l'espace. Dans les maisons et les appartements, bien sûr, mais aussi dans l'automobile. D'où sa "voiture maximum", faisant la part-belle à l'habitacle.
La seconde guerre mondiale vit une nouvelle accélération. Sur les fourgons et les camions, la cabine avancée se généralise. Après la guerre, de nombreux constructeurs et carrossiers industriels lancent des fourgons. Certains ont l'idée de les proposer en version vitrée, avec des bancs ou des strapontins à l'arrière. En 1956, Fiat alla plus loin avec sa 600 Multipla. 6 vraies places dans l'encombrement d'une 600 ! Hélas, Fiat ne su pas trop quoi en faire. C'était un break sans coffre, un minibus bas de plafond ou une citadine bien lourde. Bref, les gens n'y virent que des inconvénients, alors que l'idée était géniale.
Les dernières Multipla furent vendues comme taxis. A l'époque, ça semblait être un débouché naturel pour les monocorps/monospaces. Renault fabriqua des prototypes, sur base Juvaquatre, à la fin des années 40. Pio Manzu créa un taxi sur base Glas en 1965 et un autre sur base Fiat, en 1968. En 1976, Giugiaro signa un New York Taxi, sur base Alfa Romeo, pour un concours organisé par le MOMA.
Outre-Atlantique, c'était la mode des vans. Les vans des hippies s'étaient embourgeoisés. A la fin des années 70, on voyait débarquer des Bedford CF customisés avec peinture extérieures intergalactique et sellerie en velours. Pour autant, c'était des véhicules peu performants et peu confortables. A l'aube des années 80, les Japonais sortirent des "break hauts" comme le Nissan Prairie (1982), le Mitsubishi Space Wagon (1983) ou la Honda Civic Shuttle (1983.) Mais comme Fiat, ils ne savaient pas trop comment le positionner.
Avec le Rancho (1977), Matra avait exploré un concept entre 4x4 et van. Il voulu aller plus loin avec un monospace entièrement modulable. Peugeot n'en voulu pas (notamment car Matra était lié à Simca...) et il le vendit à Renault. Ce fut l'Espace (1984), précurseur des monospaces modernes...
Après un pic au début des années 2000, les monospaces se sont fait balayés par les SUV. Aujourd'hui, un à un, ils disparaissent des catalogues. 88 années d'efforts fichus en l'air... Je pense que le monospace familiale, ce déplaçoire bourré de coffres à rangement et mû par un poussif diesel a tué le concept. Pour les gens, le monospace était synonyme de véhicule strictement utilitaire, sans aucune part de rêve. Les constructeurs l'ont bien compris et pour leurs SUV, ils préfèrent montrer des images de familles faisant du kite-surf...
Les adorateurs de Fiat disent que c'est le premier monospace. Ce n'est ni faux, ni vrai. En fait, personne n'a inventé le monospace, ni Matra, ni Fiat, ni un autre. Ce fut un effort collectif. Une histoire avec des accélérations et des ralentissements.
Les toutes premières voitures n'étaient que des calèches sans chevaux, avec un moteur sur le train arrière. Mais très vite, les mécaniques se firent plus puissantes -et plus encombrantes- Du coup, elles migrèrent devant l'habitacle. Pour d'évidentes raisons, le train avant fut avancé à son tour. Terminé, le look de calèche ! En 1896, les magasins du Louvre, à Paris, organisèrent un concours. Pierre Selmersheim le gagna avec un drôle de monocorps composé de deux habitacle. Son projet resta à l'état de maquette.
Juste avant le tournant du siècle, Camille Jenatzy franchit les 100km/h avec une électrique en forme d'obus. Avec la Blitzen Benz (1909), on retrouvait l'idée d'un profilage. On découvrait l'aérodynamique et les flux d'air. C'était une préoccupation pour les voitures de course et de record. Les voitures de route, elles, dépassent à peine les 50km/h. En 1913, Castagna caréna tout de même entièrement une Alfa Romeo, à la demande du comte Ricotti.
La première guerre mondiale vit l'avènement de l'avion. Grâce à lui, les recherches aérodynamiques firent un bond en avant. Edmund Rumpler, venu justement de l'aviation, créa sa "Tropfen-Auto" en 1921. Dans un autre genre, il y eu la Leyat Helica (1920.) Avec le retour du moteur arrière, on songea à des monocorps. Il y en eu quelques uns (surtout en France et aux Etats-Unis) avec l'Autobloc d'Emile Claveau (1927), la Dymaxion de Buckminster Fuller (1933), la Scarab (1935), la Dubonnet Dolphin (1935) ou l'Aircar de Pribil (1938.) Restait une question : pourquoi faire ? Au-delà de l'exercice de style, quel était l'intérêt ? Le Corbusier y répondit en 1928. Dans des villes devenues des mégapoles, chaque m3 compte. Il faut optimiser et redistribuer l'espace. Dans les maisons et les appartements, bien sûr, mais aussi dans l'automobile. D'où sa "voiture maximum", faisant la part-belle à l'habitacle.
La seconde guerre mondiale vit une nouvelle accélération. Sur les fourgons et les camions, la cabine avancée se généralise. Après la guerre, de nombreux constructeurs et carrossiers industriels lancent des fourgons. Certains ont l'idée de les proposer en version vitrée, avec des bancs ou des strapontins à l'arrière. En 1956, Fiat alla plus loin avec sa 600 Multipla. 6 vraies places dans l'encombrement d'une 600 ! Hélas, Fiat ne su pas trop quoi en faire. C'était un break sans coffre, un minibus bas de plafond ou une citadine bien lourde. Bref, les gens n'y virent que des inconvénients, alors que l'idée était géniale.
Les dernières Multipla furent vendues comme taxis. A l'époque, ça semblait être un débouché naturel pour les monocorps/monospaces. Renault fabriqua des prototypes, sur base Juvaquatre, à la fin des années 40. Pio Manzu créa un taxi sur base Glas en 1965 et un autre sur base Fiat, en 1968. En 1976, Giugiaro signa un New York Taxi, sur base Alfa Romeo, pour un concours organisé par le MOMA.
Outre-Atlantique, c'était la mode des vans. Les vans des hippies s'étaient embourgeoisés. A la fin des années 70, on voyait débarquer des Bedford CF customisés avec peinture extérieures intergalactique et sellerie en velours. Pour autant, c'était des véhicules peu performants et peu confortables. A l'aube des années 80, les Japonais sortirent des "break hauts" comme le Nissan Prairie (1982), le Mitsubishi Space Wagon (1983) ou la Honda Civic Shuttle (1983.) Mais comme Fiat, ils ne savaient pas trop comment le positionner.
Avec le Rancho (1977), Matra avait exploré un concept entre 4x4 et van. Il voulu aller plus loin avec un monospace entièrement modulable. Peugeot n'en voulu pas (notamment car Matra était lié à Simca...) et il le vendit à Renault. Ce fut l'Espace (1984), précurseur des monospaces modernes...
Après un pic au début des années 2000, les monospaces se sont fait balayés par les SUV. Aujourd'hui, un à un, ils disparaissent des catalogues. 88 années d'efforts fichus en l'air... Je pense que le monospace familiale, ce déplaçoire bourré de coffres à rangement et mû par un poussif diesel a tué le concept. Pour les gens, le monospace était synonyme de véhicule strictement utilitaire, sans aucune part de rêve. Les constructeurs l'ont bien compris et pour leurs SUV, ils préfèrent montrer des images de familles faisant du kite-surf...
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Qu'est-ce que vous en pensez ?