Tour Auto 2019

Le Tour Auto est un de ces rendez-vous incontournables du passionné parisiens. Comme chaque année, j'assistais au drôle de parc fermé du Grand Palais.
Ferrari
Puisqu'on parle d'incontournable, Ferrari, c'est L'exposant du Tour Auto.

Cette année, il exposait une 488 Challenge, lancé l'an dernier, c'est le dernier avatar de ce trophée lancé il y a 26 ans, déjà. Dire que dans mon esprit, c'est une coupe "récente" !
Chez Ferrari, les sponsors se sont presque toujours effacés derrière la marque. Une Ferrari de course, ça doit être rouge ! En tout cas, comme d'habitude, cette Challenge est superbe.
La F8 Tributo est une 488 aux hormones, comme la 288 GTO en son temps. La première fois que je l'ai vu, j'avais cru à un boulot de designer amateur !
J'aime la vulgarité lorsque c'est une provocation, une subversion, qu'elle remet en cause les curseurs. Là, c'est de la vulgarité sans réflexion de fond. De la voiture pour nouveaux riches. Dans six mois on l'aura oublié ; c'est le Bilal Hassani de l'automobile.
BMW
L'autre partenaire historique du Tour Auto, c'est BMW. Il exposait notamment la nouvelle Z4, que je trouve de plus en plus jolie...
A nous les petites Anglaises !
Cette année, les marques Britanniques disparues étaient à l'honneur. Avec un focus sur les années 50-60.

L'occasion de voir des raretés, comme cette Healey Silverstone venue du Japon. Comme d'autres, Donald Healey voulu surfer sur la forte demande en voiture de sport de moyenne cylindrée de l'après-guerre. La Silverstone fut confidentielle. Mais elle permit à Healey de démontrer son savoir-faire. Et il pu ainsi décrocher un contrat avec Nash, puis avec Austin...
Frazer-Nash fabriquait des voitures de sport depuis les années 20. Au milieu des années 30, la société devint l'un des premiers partenaires de BMW hors d'Allemagne. La Grande-Bretagne des années 30 regardait d'un mauvais œil l'Allemagne nazie. Frazer-Nash modifiait les BMW qu'il vendait... Même si la principale modification concernait le remplacement du logo... Dans l'immédiat après-guerre, la BMW 328 était encore très compétitive. Mais en France, les promoteurs de courses avaient souvent gardé de la rancœur envers l'Allemagne. L'astuce, c'était d'inscrire sa voiture comme "Frazer-Nash". Pendant ce temps, Frazer-Nash récupéra la licence de fabrication du moteur de la 328. Elle racheta Bristol pour les produire. Petit à petit, Bristol gagna en ampleur. En 1955, Frazer-Nash devint le distributeur exclusif de Porsche. Peu après, Porsche UK absorba le réseau de Frazer-Nash.

Cette voiture est donc l'une des dernière Frazer-Nash.
Même moteur, mais châssis différent pour cette AC Ace (alias AC-Brisol) :
Dans les années 50, l'industrie aéronautique Britannique se releva, grâce aux programmes civils. Le gouvernement Britannique sépara les activités aéronautiques de Bristol, de ses activités automobiles. Elles firent parti de BAC. Les activités automobiles furent fusionnées avec celles d'Armstrong-Siddeley. Ce vénérable constructeur premium piquait du nez. Rolls-Royce voulait en reprendre la division de moteurs aéronautique. Tony Crook, un pilote indépendant, racheta Bristol Cars pour une bouchée de pains, en 1960.
En attendant, la chaine de production de moteurs de BMW 328 s'est arrêtée. AC se retrouva sans moteur. Elle opta pour le poussif 6 cylindres de la Ford Zodiac, ici installé sur une Aceca. Puis Carroll Shelby suggéra d'installer un Ford V8 sous le capot...
Une Sunbeam Alpine (à ne pas confondre avec le roadster qui en repris le nom...) Dans les années 50, Sunbeam était un constructeur relativement important. La Sunbeam-Talbot avait gagné sa catégorie à la Coupe des Alpes. Un indépendant en proposa une version cabriolet. On la baptisa "Alpine", en l'honneur du succès en compétition.

Face au bloc BMC, Sunbeam créa son propre groupe, Rootes, avec Singer, Hillman, Humber et Commer. Pour la petite histoire, pour sa promo aux USA, Singer avait embauché deux acteurs alors débutants : Sammy Davis Jr et Maryline Monroe ! Au début des années 60, Chrysler racheta Rootes. Pour ne pas marcher sur les plate-bandes de Simca, le réseau continental fut liquidé. La marque au pentagone ne croyait pas au roadster Alpine. En plus, sa version Tiger avait un V8 Ford...
Bientôt Rootes ne se focalisait plus que sur la Grande-Bretagne (à l'exception des Hillman Avenger produite au Brésil sous divers badge -dont VW !- et l'Hunter, qui allait coloniser les rues Iraniennes...) Le cocktail de solutions techniques datées, d'esthétique discutable et de finition "du vendredi soir" torpilla Rootes en une décennie. Les synergies avec Simca et avec Dodge arrivèrent beaucoup trop tard. Lorsque PSA racheta Chrysler UK, Sunbeam ne valait plus un kopeck et les produits furent rebadgés Talbot.
La Jowett Jupiter fut l'ultime véhicule de Jowett. Ce dérivé de la berline Javelin permit à Jowett de passer le virage des années 50. Pourtant, en 1954, la marque disparue.
C'était des circonstances troubles. Comme nombre de constructeurs de l'époque, Jowett sous-traitait ses carrosseries à une entreprise spécialisée. En l'occurrence Briggs. A la même époque, Ford UK voyait ses ventes exploser. Briggs avait une unité adjacente à son usine de Dagenham, alors en 1953, il racheta le carrossier ! Ce qui ne lui était nécessaire, l'ovale bleu le vendit à Fisher & Ludlow. Jowett s'empressa de signer un contrat de fourniture avec cet autre carrossier... Mais BMC le racheta quelques mois plus tard.
Privé de carrossier, Jowett ne pouvait plus fabriquer de voitures. Le PDG proposa de vendre l'usine d'assemblage à International Harvester, qui souhaitait y produire des tracteurs agricoles. L'entreprise se gardera un ultime site, pour y produire des équipements pour Blackburn... Où le PDG de Jowett siégeait au conseil d'administration. C'est ainsi que Jowett se saborda, en 1954.

Fernando Costa
Motul a profité du Tour Auto pour lancer un bidon d'huile vintage :
Motul possède une activité de mécénat artistique, sur le thème de l'automobile. Cette année, il s'est associé à Fernando Costa.

Fernando Costa, je l'ai croisé alors qu'il n'était qu'un jeune artiste qui exposait en province. J'étais tombé sur son expo par hasard. Il refusait qu'on le prenne en photo, ce qui m'avait semblé présomptueux. En tout cas, depuis, je croise régulièrement ses œuvres, à commencer par la Morgan du Mans.

Pour Motul, il a réalisé deux collages. L'un à partir de vieux bidons d'huile et l'autre à partir du fameux bidon argenté.
Le motif de cette dernière création se retrouve sur une Jidé. C'est d'ailleurs l'une des dernières Jidé de l'ère Jacques Durand.
Les voitures
Une partie des équipages ont tendance à s'orienter vers des voitures compétitives et fiables. D'où une profusion, chaque année, d'Alfa Romeo "coupé Bertone", Alpine A110, Ford Mustang, Jaguar MK II, Lancia Fulvia, Porsche 356 et 911...
L'Aventure Peugeot gère désormais les patrimoines de Citroën et DS. Pour fêter le centenaire de la marque aux chevrons, elle engage une 11cv.
Côté Peugeot, il y a une 204 Coupé, une 203 Coupé, une 504 Coupé... Et cette très originale 104 :
Mais je te connais, toi ! Tu étais l'intrépide Opel GT rouge qui roulait avec les GT d'Exclusive Drive !
Dans la catégorie super-tanker de la route, je demande cette Chevrolet Camaro Z28 ! Pour le look (et le bruit...), il n'y a pas photo. Mais elle avait été conçue pour les grands espaces et les loooongues lignes droites des campagnes US. Autant dire que dans les enchainements de virage en descente, le pilote doit se bidonner...
Une Audi 80 et une Saab 96 dans des teintes très seventies.

Notez que le propriétaire de la Suédoise pose lui-même ses stickers. Avant, même les stars faisaient du bricolage. Tripatouiller sous le capot, ça faisait parti du charme. Les ex-pilotes de rallye ou de circuit, ça leur plaisait de descendre de leur tour d'ivoire. Mais désormais, la norme, c'est d'avoir des mécanos, qui se chargent de la préparation et du stickage.
Une triplette de Morgan. J'imagine les réparations : "J'ai tapé à l'arrière. Il y a un Lapeyre pas loin ?"
Une étonnante 356 Speedster immatriculée au Japon, avec hard-top. Et surtout, des grilles de phares évocant la Carrerapanamericana...
Une Porsche 911 aux couleurs du Grand bazar. C'était l'apogée des Charlots. Le quintet, devenu quatuor, enchainait films comiques et musiques rigolotes. Claude Zidi avait réalisé Le Grand Bazar, en 1973. Les Charlots y reprenaient leur numéro habituel de jeunes oisifs farceurs. Michel Galabru y jouait un propriétaire d'épicerie, débordé par le supermarché dirigé par Michel Serrault. Coluche faisait une apparition, c'est dire le budget ! C'était le temps des comédies bon enfant... La critique les assassinait, mais les films des Charlots faisaient des millions d'entrées et ils étaient reçu à l'Elysée !
A la fin des années 70, le filon s'épuisait. Coluche ou Pierre Richard surent changer de registre et se lancer dans des films à gros budgets. Les Charlots, eux, choisirent la facilité et le court-termisme. Ajoutez-y une hygiène de vie déplorable et un manager ayant capté l'essentiel des droits et ce fut le crash...
On reste dans l'ambiance franchouillarde avec ces deux R12 Gordini. Je danse le mia !
Une Datsun 240Z.
Une Lotus Elan aux couleurs de Rebellion. Aux 24 heures du Mans 2012, j'ai pu passer quelques instants chez Rebellion, qui faisait courir une Lotus. J'ai même surpris un Nicolas Prost anxieux, attendant son relais.
Prost Jr est présent au Tour Auto 2019, où il partage une Jaguar Type E avec Bruno Senna. Comme d'habitude, papa Prost est dans les parages. Cette omniprésence du père grève largement la crédibilité de Nicolas Prost. A tort ou à raison, on pense que les équipes signent le fils pour pouvoir organiser des events avec le père. C'est la même chose avec Giuliano Alesi, Pedro Piquet, etc. Je conseillerais aux pères de se mettre en retrait. Car leurs enfants ont tout à y perdre, a fortiori lorsque les résultats ne sont pas là...
Les 94 en force avec des DB et CG !
Cette NSU, elle, provient peut-être des ateliers Meznarie, basés dans l'Essonne.
Une berlinette BSH. J'avoue que je ne connaissais pas. Google m'a répondu que le BSH provenait des initiales des fondateurs, François Benais et Max Saint-Hilaire. Max Saint-Hilaire était un ancien collaborateur de Jacques Durant. Benais et Saint-Hilaire dévoilèrent leur voiture en 1969. Ils la vendaient sous forme de kit. L'acheteur devant néanmoins trouver lui-même une mécanique de R8, un tableau de bord et faire homologuer sa voiture !
Une cinquantaine de BSH auraient été produite entre 1969 et 1971, date à laquelle Benais raccrocha. Saint-Hilaire poursuivit seul, un an, avant de rejoindre Alpine.
Il y aurait encore des dizaines de véhicules qui mériteraient quelques lignes. Les anciennes ont tant d'histoires à raconter...

Pour finir ce tour du Grand Palais, voici une Ligier JS2, déjà croisée l'an dernier.

L'ambitieux Jacques Nicolet a redonné un nouveau souffle à Ligier. L'équipe est présente en LM P2, en LM P3, elle assemble de F4 et des F3 "régionales" aux USA (via l'ex-Highcroft) et désormais, il y a la nouvelle JS2. Nicolet envisage-t-il une version de route ? Ou bien compte-t-il transformer Ligier en Dallara français, quitte à s'impliquer davantage en monoplace ?
En extérieur
Quand il n'y en a plus, il y en a encore !

Motul est venu avec un camion Renault. Je l'ai pris pour un 10000kg. En fait, il est encore plus vieux ! Il s'agit d'un AHS3. La gamme AH apparu en 1939. Le camion servi surtout pendant la Seconde Guerre Mondiale, équipant la Wehrmacht, suite à l'occupation de la France. Il fut produit en version civile après la guerre. Mais dès 1947, il céda sa place au Galion.
Une Porsche 911 destinée aux transporteurs de VIP (dans le baquet de droite) en "conditions de courses".
Un Youtuber profitait de l'évènement pour tourner une vidéo, avec sa DeLorean. Puis il repartit. Le bruit du V6 PRV cassait un peu le charme de cette voiture futuriste...
Pour finir, une (vraie ? fausse ?) Jaguar Type E Lightweight :

Commentaires

Articles les plus consultés