Ayrton Senna, la course dans le sang

En 2007, j'achetais Auto-Hebdo chaque semaine. Un mercredi d'octobre je disposais ainsi de ce numéro, vendu avec un DVD d'Ayrton Senna.

Le visionnage du DVD m'avait tellement marqué, que j'ai mis le DVD de côté pour le démolir... Et je l'ai tellement bien mis de côté, que je l'ai oublié pendant près de 12 ans ! Voici donc, enfin, ma chronique.
La première question, c'est pourquoi rendre hommage à Senna en octobre ? Le pilote Brésilien est né en mars et mort en mai. Qui plus est, 2007, ça ne représentait pas un chiffre rond pour ce pilote né en 1960 et mort en 1994...

Déjà, à cause de la protection anti-piratage, le DVD ne peut pas se lire avec son PC. Heureusement, j'ai toujours mon lecteur DVD...

Au moins, à la première image, j'ai une réponse à ma question : BRM l'a commandité.
Première surprise : c'est quoi cet écran-titre fait sous WordArt ?
Là encore, la réponse ne tarde pas. En fait, c'est un documentaire de 1991.
C'était le service minimum : ils ont converti une VHS en DVD, point final. Pas de chapitrage, ils n'ont pas ré-étalonné l'image ou changé les sous-titres. Y compris ceux avec des fautes, comme ce "Mac-Laren" qui pique les yeux...
Par contre, loi Evin oblige, ils ont flouté les noms de cigarettiers. Alors que la période 1985-1995 était l'apogée des cigarettiers...
D'Ayrton da Silva à Ayrton Senna
Le DVD débute par un retour sur l'enfance d'Ayrton Senna, ses débuts en karting, l'exil en Europe pour devenir l'un des experts de la catégorie. Avec visite de la piste où il a fait ses premiers pas et interviews de son mentor et Stefano Modena, son ex-rival de l'époque.
Puis, sans transition, on arrive à la F1. Tant pis pour la FF et la F3. En prime, après un bref résumé du Grand Prix de Monaco 1984 (en version politiquement correcte), on passe directement au Senna d'aujourd'hui (c'est à dire, en 1991, à l'époque du documentaire.)
Senna, le dompteur de chronomètres 
Le film alterne ensuite, images de Grand Prix, conférences de presse de Senna et interviews de personnes qui le côtoient ou l'ont côtoyé. Avec, en bonus, l'habituel œil des experts, en l'occurrence Jackie Stewart et Niki Lauda (NDLA : RIP Niki...)
L'idée générale, c'est qu'Ayrton Senna est un perfectionniste. Il VEUT vaincre, quitte à débriefer jusqu'à plus d'heures avec ses ingénieurs.

Ils citent trois Grand Prix en exemple.
D'abord, celui de Monaco, en 1988, où il a course gagnée. Il veut absolument prendre un tour au second, Alain Prost, pour l'humilier. Alors il surconduit et finit par taper le rail.
Celui du Japon, en 1989. Senna est prêt à tout pour empêcher Prost d'être titré. Faute d'être plus rapide, le Brésilien sort le Français, repart et s'impose (après avoir dégagé Alessandro Nannini, néo-leader.) Les foudres de la FIA s'abattent sur lui et c'est un Senna en pleurs qui avoue avoir eu envie de raccrocher.
Puis le Brésil 1991, où il est physiquement à bout, mais où il reste devant, juste pour s'imposer à domicile. Et il se tort de douleur sur le podium.
Senna, côté coulisse
Le DVD évoque aussi un Senna moins souvent vu : le Senna farceur. Comme ici, lorsqu'il entarte Jo Ramirez, alors N°2 de McLaren.
En parallèle, en pleine intersaison, Senna se confie depuis sa résidence secondaire. Il parle de dieu, de son avenir post-F1... Tout en faisant du jet-ski, du ski-nautique et du hors-bord. Ici, le petit garçon qui pilote le hors-bord, ce n'est autre que Bruno Senna...
Copyright 1991
Le point faible de ce documentaire, c'est qu'il a mal vieilli. Déjà, en 2007, il semblait bien vieux, alors aujourd'hui...

Comme vous pouvez vous en rendre compte, l'image est pourrie. Aujourd'hui, on filme mieux avec un smartphone premier prix.

Et puis, il y a la musique...
Là, on voit un tour lancé du Brésilien, à Monaco (non-daté.) Ah, le bruit du V8 Honda... Hélas, au bout de quelques secondes, ils mettent de la musique dessus !
Et bon sang, le documentaire est postérieur à Melrose des Tangerine Dream ou à 808:90 de 808 State, alors d'où sortent ces musiques toutes nazes ? A mon avis, le compositeur a eu un bug et toutes les boites à rythmes de son synthé se sont déclenchées en même temps !
Il y a une séquence malaise où le narrateur se vante que les accidents en F1 ne sont plus mortels. La preuve : Senna peut taper, partir en tonneau et sortir de sa voiture sans le moindre bobo.

Ils auraient pu la couper au montage...
La narration, justement, est signé Lionel Froissart et il en fait des tonnes, en matière d'envolés lyriques !

Le pilote devient un chevalier des temps modernes, repoussant sans cesse les limites du réel pour mieux toucher du doigt les frontières de l'impossible. Ayrton Senna s'est engagé dans une quête éperdue mais ô combien noble avec le temps pour effectuer le plus parfait des tours... C'est Lionel in the sky with diamonds ! Et il n'arrête pas, pendant les 52 minutes que durent le documentaire. Par contre, lorsqu'il s'agit d'évoquer les polémiques du Grand Prix de Monaco 1984 ou du Japon 1989, là, il est pour une fois silencieux...

Conclusion
Le sujet est intéressant. En 1991, Ayrton Senna vient de décrocher un troisième titre de F1 et l'apogée de sa carrière. Avec le recul, c'est un témoignage précieux.

Ce qui est dommage, c'est que le DVD a été complètement bâclé. Ils ont pris du temps pour flouter les marques, alors pourquoi n'en ont-ils pas pris un minimum pour améliorer la présentation ?
Et ce qui m'énervait au plus au point, en 2007, c'est que des DVD bâclés, Auto-Hebdo en pondait régulièrement. Il n'y avait même pas de trame-type ! C'est dire le niveau de jmenfoutisme. Je soupçonne qu'à chaque fois, le partenaire (ici, BRM) débarquait, faisait réaliser son DVD et Auto-Hebdo le glissait dans le magazine sans (se) poser de questions. Ah ça, il peut regarder Robert Lafont de haut...
En théorie, le DVD devait être un produit d'appel pour appâter le lecteur-zappeur en librairie et le transformer en abonné. Sauf que personne n'aimait ces DVD. Qui plus est, ça allait de pair avec des interviews complaisantes des dit-partenaires... Sur les World Series by Renault (alors sponsorisées par l'hebdo) on ne savait pas trop où s'arrêtait le service com' de Renault Sport et où commençait la rédaction du magazine. En critiquant ce dernier, c'est le premier qui m'avait demandé de retirer mon post...

2007, c'était l'émergence des blogs. Hommell avait commis une erreur de stratégie, au pire moment. Les lecteurs avaient une alternative -gratuite, qui plus est- et ils ont vite changé de crémerie. Personnellement, j'en avais marre de payer 4,90€ pour une suite de publi-rédactionnels. Tant qu'à faire, j'ai accédé moi-même aux communiqués de presse des disciplines et ça devint plus tard, les "résultats et brèves des autres disciplines".

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