Brooklyn !
Après la BMW de Ralph Lauren, voici la Mercedes-Benz de Lee ! En l'occurrence, la voiture est une Classe S (W126) US (d'où ces phares carrés.) J'ai vu cette affiche sur un mur parisien.
La photo est prise par Jamel Shabazz. Ce natif de Brooklyn s'est fait connaitre dans les années 80, avec ses photos de son quartier. Un style authentique, du à la proximité entre le photographe et ses modèles.
Lee souhaite surfer sur la nostalgie des années 90 (avec une collection baptisée "nostalgie des années 90".) Le tout, avec le côté "fringues américains" (ça fait toujours autant rêver) et le côté "hip-hop" (pour toucher les djeuns.) Jamel Shabazz était donc LE photographe adéquat.
La Mercedes-Benz me chiffonne. New York est l'une des rares villes US à posséder à réseau de métro digne de ce nom. D'ailleurs, la photo est prise sous un tronçon de métro aérien. La plupart des New-yorkais n'ont pas de voitures. Les cols bleus roulent dans des Corolla ou des Sentra de quatrième main. Ceux qui ont de l'argent, roulent US : SUV Cadillac et dans une moindre mesure, Lincoln ou Buick.
Les ouvriers Américains sont plutôt conservateurs et patriotes. Mais il en va aussi de l'histoire de la communauté noire américaine. Au début du XXe siècle, des noirs quittèrent le sud misérable et ségrégationniste. La première destination fut New-York. Ils héritèrent de postes dans l’hôtellerie, la restauration ou les services. En résumé, c'était le noir barman, liftier ou à l'accueil du parking. C'était mieux que de ramasser du coton, mais les perspectives étaient limitées. Dans les années 20, ce fut l'appel des Grands Lacs. L'automobile avait besoin de bras, peu importe leur couleur... Pour autant, s'il était bien une chose sur lesquels patronat et syndicats étaient d'accord, c'était sur l'exclusion des noirs des chaines de montage ! Ils héritèrent de postes de sous-traitants (notamment chez les carrossiers et chez les équipementiers.) Durant la seconde guerre mondiale, les blancs partirent au front. Des noirs voulurent s'engager, mais l'armée limitaient leur rôle à l'intendance (pas question d'apprendre à un noir à manier des armes, de peur qu'il n'assassine son patron blanc, à son retour...) Les usines étant vides, le patronat fit sauter le verrou et les noirs assemblèrent des voitures. Après la guerre, les vétérans de l'armée se voyaient offrir des formations accélérées, avec des promotions. Faute de blancs sur les chaines de montage, les noirs embauchés en 1941 purent conserver leur poste. Plus les usines se "noircirent", plus les ouvriers blancs refusèrent de travailler dedans. En conséquence, dans les années 80, les noirs de Detroit furent les premières victimes des grandes vagues de licenciement. Pour nombre de noirs, rouler en Américaine, c'est donc continuer à faire travailler ses "frères".
La campagne de Lee était destinée à l'Europe. Le commanditaire a peut-être jugé qu'une Cadillac ne "parlerait" pas aux jeunes. A contrario, une Mercedes-Benz, le public pourrait l'identifier. D'autant plus que l'association de Mercedes-Benz avec l'univers du hip-hop est limpide (et désormais revendiquée par le constructeur lui-même.)
A moins bien sûr que ce soit la voiture du couple...
La photo est prise par Jamel Shabazz. Ce natif de Brooklyn s'est fait connaitre dans les années 80, avec ses photos de son quartier. Un style authentique, du à la proximité entre le photographe et ses modèles.
Lee souhaite surfer sur la nostalgie des années 90 (avec une collection baptisée "nostalgie des années 90".) Le tout, avec le côté "fringues américains" (ça fait toujours autant rêver) et le côté "hip-hop" (pour toucher les djeuns.) Jamel Shabazz était donc LE photographe adéquat.
La Mercedes-Benz me chiffonne. New York est l'une des rares villes US à posséder à réseau de métro digne de ce nom. D'ailleurs, la photo est prise sous un tronçon de métro aérien. La plupart des New-yorkais n'ont pas de voitures. Les cols bleus roulent dans des Corolla ou des Sentra de quatrième main. Ceux qui ont de l'argent, roulent US : SUV Cadillac et dans une moindre mesure, Lincoln ou Buick.
Les ouvriers Américains sont plutôt conservateurs et patriotes. Mais il en va aussi de l'histoire de la communauté noire américaine. Au début du XXe siècle, des noirs quittèrent le sud misérable et ségrégationniste. La première destination fut New-York. Ils héritèrent de postes dans l’hôtellerie, la restauration ou les services. En résumé, c'était le noir barman, liftier ou à l'accueil du parking. C'était mieux que de ramasser du coton, mais les perspectives étaient limitées. Dans les années 20, ce fut l'appel des Grands Lacs. L'automobile avait besoin de bras, peu importe leur couleur... Pour autant, s'il était bien une chose sur lesquels patronat et syndicats étaient d'accord, c'était sur l'exclusion des noirs des chaines de montage ! Ils héritèrent de postes de sous-traitants (notamment chez les carrossiers et chez les équipementiers.) Durant la seconde guerre mondiale, les blancs partirent au front. Des noirs voulurent s'engager, mais l'armée limitaient leur rôle à l'intendance (pas question d'apprendre à un noir à manier des armes, de peur qu'il n'assassine son patron blanc, à son retour...) Les usines étant vides, le patronat fit sauter le verrou et les noirs assemblèrent des voitures. Après la guerre, les vétérans de l'armée se voyaient offrir des formations accélérées, avec des promotions. Faute de blancs sur les chaines de montage, les noirs embauchés en 1941 purent conserver leur poste. Plus les usines se "noircirent", plus les ouvriers blancs refusèrent de travailler dedans. En conséquence, dans les années 80, les noirs de Detroit furent les premières victimes des grandes vagues de licenciement. Pour nombre de noirs, rouler en Américaine, c'est donc continuer à faire travailler ses "frères".
La campagne de Lee était destinée à l'Europe. Le commanditaire a peut-être jugé qu'une Cadillac ne "parlerait" pas aux jeunes. A contrario, une Mercedes-Benz, le public pourrait l'identifier. D'autant plus que l'association de Mercedes-Benz avec l'univers du hip-hop est limpide (et désormais revendiquée par le constructeur lui-même.)
A moins bien sûr que ce soit la voiture du couple...
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