ePrix de Paris 2019 : 2. Ghost Racing

La Formule e se met à la réalité virtuelle ! En marge de l'ePrix de Paris, il y avait une présentation de Ghost Racing. C'est à la fois un jeu vidéo et un mode de diffusion de la Formule e.
A la tête de Virtually Live, il y a un ancien d'Eurosport (à droite.) Son constat, c'est que la diffusion classique d'évènements sportifs, c'est has been. Les téléspectateurs ne veulent plus rester passivement devant leur TV indéfiniment. Ils veulent des séquences courtes (ou "snacking") et surtout, participer.
Et c'est d'autant plus vrai en Asie, où il n'y a pas de tradition de télédiffusion d'évènements sportifs.
Grâce à des capteurs (sur les voitures et sur la piste), on peut suivre en temps réel la course, d'où l'on veut.
La modélisation 3D en temps réel, ça existait lorsque de la Louis Vuitton Cup, présentée à Imagina 94 (mais vu la puissance des bécanes et des routeurs de 1994, avoir quelques secondes de transmission tenait du miracle.) La diffusion multi-angle, c'était le Kiosque de Canal+ (ce qui coutait un bras.) Désormais, on a la puissance pour faire de la modélisation 3D temps réel, diffusé sur votre portable (via une appli) et gratuitement.

En parallèle, Ghost Racing propose un plus classique sur la Formule e. Non seulement le jeu reproduit les conditions de courses (avec interruptions, sorties de pistes, etc.) Mais il est possible de disputer en direct un ePrix, avec sa voiture fantôme. Ainsi, si vous étiez connecté le dimanche, vous auriez vu Tom Dillmann partir d'un seul coup dans le mur ou la pluie tomber.
Il est possible de customiser sa voiture. Mais lorsqu'on dispute un ePrix en temps réel, la FE redevient "stock".
Ce qui a un peu cassé la baraque, c'est lorsque l'animateur a interrogé le fondateur de Virtually Live. Il a raconté qu'il avait d'abord approché la F1 et le football, sans résultat. La Formule e, c'est donc un choix par défaut...
Stoffel Vandoorne était là, à la fois en tant que pilote de Formule e (pour témoigner du réalisme) et en tant que "jeune". Surtout, Stoffel Vandoorne, c'est un champion de GP2, ex-pilote McLaren et récent 3e de l'ePrix de Rome. Je m'attendais à une superstar...
Et il a été très nul. Il répondait par monosyllabes aux questions, tout en regardant ses chaussures. Visiblement, il ne connaissait pas Ghost Racing et il s'en contrefichait. Il a fait trois tours de l'ePrix de Rome et il est parti, en plein milieu de la présentation, sans même un "au revoir" !

J'aurais été le responsable de Virtually Live, dès la fin de la présentation, j'aurais eu une conversation musclée avec le manager du pilote Belge. En tout cas, c'est sûr que si à chaque event, il a fait son sous-Kimi Raikkonen, il a du être vite brûlé en F1...
Etre pilote, ce n'est pas que cumuler des podiums. C'est aussi créer de l'intérêt autour de soit. Et si vous avez des résultats ET de l’intérêt, c'est un mélange explosif ! Ca donne Lando Norris en Europe ou Colton Herta, aux Etats-Unis ; les écuries se battaient pour les signer !
A contrario, j'en ai vu, des pilotes : "Signer des autographes ? Faire des selfies avec les fans ? Pas le temps !", "Répondre à des interviews entre deux courses ? Faire des séances-photos ? Pas le temps !", "Animer mes comptes sur les réseaux sociaux ? Faire des compte-rendus pour le site web ? Pas le temps !", "Assister à des events ? D'accord, mais pour [cachet délirant] et pas plus d'une heure ! Et à "une heure" je suis dans ma voiture, en train de sortir du parking !" Et en fin des saison, ça leur retombe sur la figure : "Salut, je cherche un budget pour... - Pas le temps !" Parfois aussi, des années plus tard, ils sont là : "Salut, c'est Machin, ex-pilote de [discipline], je suis promoteur de [produit foireux] ! Ca te dirait, une interview pour parler de [produit foireux] ? - Pas le temps."
Alejandro Agag est arrivé en fin de conférence. Que voulez-vous, en tant qu'ancien politicien et en tant que businessman, il a du bagou. Il sait captiver son auditoire.

Agag fut d'abord un espour du Parti Populaire espagnol. C'est là qu'il rencontra son épouse, la fille de José Maria Aznar. Député Européen, il plaqua tout, en 2002. A l'époque, la F1 était au plus bas en Espagne. Les carrières de Pedro de la Rosa et de Marc Gené n'ont pas décollé et Fernando Alonso n'était que pilote d'essai Renault. Il acheta les droits TV de la F1 pour un prix ridicule. Il les revendit au plus fort de l'Alonsomania. Il acheta les Queen Park Rangers, avec Flavio Briatore (manager d'Alonso) et Bernie Ecclestone, en 2007. Ce fut un flop, mais Agag faisait désormais parti du premier cercle de "Mr E". En 2009, il racheta la structure GP2 de Campos (Andrian Campos étant l'ex-manager d'Alonso...), qui devint Addax. Elle remporta le titre en 2011. Agag fut assez rusé pour se tenir à distance du projet HRT. Et en 2014, il liquida Addax pour lancer la Formule e.

Ce soir là, Agag est persuadé qu'avec les préoccupations environnementales, la FE va tracer la voie. Elle doit créer son propre écosystème et innover.
Ghost Racing en fait parti. Ce n'est pas un F1 2019 sauce FE. Le bémol, c'est qu'au-delà des services marketing des constructeurs et des médias tenus par des yesmen, personne ne parle de la Formule e ! Alors qui va télécharger l'appli ?

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