DRIVING TOMORROW

Lotus dévoile son plan pour l'avenir. En janvier dernier, le constructeur annonçait l'arrêt de la production des Elise, Evora et Exige. Qui va leur succéder à Hethel ? C'est l'objet de cette longue présentation.

Feng Qingfeng est le premier intervenant. PDG de Lotus depuis 2018, il est l'illustration la plus visible de la prise de contrôle par Geely. Il est d'ailleurs vice-président, en charge de la planification stratégique, du constructeur Chinois.

A l'été 2017, Geely devenait donc le premier actionnaire de Lotus Cars. L'année suivante, alors que la marque fêtait ses 70 ans, Lotus dévoilait son plan Vision80. Aujourd'hui, on assiste donc à la mise en pratique de Vision80.

Matt Windle, directeur opérationnel, détaille le plan.

Jusqu'ici, Lotus semblait englué dans la marginalité. Dany Bahar a donné quelques coups de peinture. Jan-Marc Gales a rendu Lotus rentable. Néanmoins, sur le long terme, la marque semblait condamnée.

L'objectif est donc de créer un cercle vertueux. Grâce à un investissement lourd, Lotus lance des produits compétitifs. Ils permettent de générer du profit. Profit qui est investi dans le développement de la marque.

On est sur un discours industriel, enrobé par du marketing.

Qu'est-ce que Lotus ?
- de la performance. Au sens de la fiche technique, mais également de la compétitivité. Matt Windle sous-entend qu'à l'avenir, les Lotus seront moins pointues à conduire.
- des technologies intelligentes, avec le passage au tout-électrique en 2028.
- du développement durable. Matt Windle entend par là le développement de la société. Lotus doit sortir de l'ornière, pour être toujours là dans 20, 30, 40 ans...

Pour atteindre ces objectifs, Lotus a défini une stratégie en 5 points :
- électrifier, avec donc la passage progressif au tout-électrique.
- amplifier, avec davantage de technologie dans les voitures
- simplifier, pour que malgré tout, les futures Lotus ne soient pas des usines à gaz
- intensifier, avec le développement de la marque, en terme de présence mondiale
- personnifier, avec l'envie de continuer à faire du sur-mesure, malgré les gros volumes.

Matt Windle enchaine les éléments de langage. Faute d'objectifs chiffrés, tout cela sonne un peu creux...

Le plan Vision80 compte 4 jalons :
- 2018, avec le kick-off du projet
- 2021, avec les lancements des Evija et Emira (type 131)
- 2025, avec le lancement de l'Elise électrique
- 2028, fin de production de l'Emira, passage au tout électrique et d'ici-là, une forte progression des volumes.

Lotus Engineering
Uday Senapati, gestionnaire produit, évoque Lotus Engineering.

Geely compte bien développer la filiale. Notamment en en faisant un expert de la conception et de l'écosystème autour du VE. Pour le groupe et pour d'autres constructeurs.

Avec ses projets de développement, Lotus se retrouve à l'étroit à Hethel.

Lotus Engineering va délocaliser une parti de ses activités au Lotus Advanced Technology Centre (LATC.) Il sera situé à Wellesbourne, sur le campus of the University of Warwick. A l'origine, 100 employés partiront là. Ils seront rejoints par 200 employés, recrutés pour l'occasion.

La plupart des clients de Lotus Enginering préfèrent rester discret.

Lee bureau travaille avec des partenaires au-delà de l'automobile. C'est le cas des vélos de l'équipe olympique britannique, en partenariat avec Hope. Un travail qui rappelle celui des vélos de compétitions (type 110 et type 111) dans les années 90...

Lotus Engineering est également partenaire technique de JBXE, l'équipe de Jenson Button en Extreme E.

Uday Senapati évoque les quatre gros projets actuels de Lotus Cars :
- Hypercar (Evija)
- Sportscar (Emira)
- Premium (SUV)
- Electric Sportscar (Elise électrique)

Hypercar (Evija)
L'Evija (type 130) st la première Lotus de l'ère Geely.

Cette hypercar électrique représente pas mal de nouveautés pour la marque.
Bien sûr, c'est sa première hypercar. La volonté Chinoise étant de faire monter en gamme la marque.
Elle dispose d'un atelier construit ex nihilo. Dans une optique d'expansion industrielle.
Enfin, c'est le premier modèle électrique, afin d'ouvrir la voix des futures voitures de sport Lotus. Et également, après un quart de siècle de monoculture Elise, le premier modèle 100% inédit.

Geely voulait frapper fort, avec un hypercar électrique aussi aboutie que si elle avait été conçue par Ferrari ou McLaren.

Dévoilée en 2019, l'Evija reste très loin de la production. Daniela Crestan, chef de projet, s'abrite derrière le Covid. La pandémie empêchant Lotus de pouvoir aller tester sa voiture hors des îles Britanniques.

Faute de proto correct, les intervenants se font filmer aux côtés d'un mulet. Surtout, ils ont du sous-traiter la conception pour rester dans les délais. Les 130 unités prévues sont déjà vendues et cela représente 130 personnes qui s'impatientent...

Mais on nous promet des performances époustouflantes, avec l'un des meilleures temps absolus sur la piste d'Hethel... 

Sportscar (Emira)
C'est la grande information du jour. Les mauvaises langues, diront que c'est la seule information. La Type 131 a un nom : Emira. Cela signifie "commandant" ou "chef" dans différentes langues anciennes.

L'Emira revient de loin ! Parmi les nombreux projets présentés par Dany Bahar lors du Mondial de Paris 2010, la GT (alors appelée Esprit) était la seule dont l'étude avait vraiment débutée. Jean-Marc Gales se battit pour la faire avancer. Après pas mal d'évolution du projet, la voici enfin. Et donc, Lotus n'a pas souhaiter ressusciter le nom "Esprit".

Lotus Cars a prévu une présentation le 6 juillet, avec démonstration à Goodwood, le 8.

Pour aujourd'hui, il faudra se contenter d'un nom et d'un teaser.

Dernière voiture de sport Lotus thermique, l'Emira n'aura pas la moindre hybridation.

Geely se vante d'avoir investi plusieurs milliards d'euros dans Lotus Cars. Dont 100 millions de livres (115 millions d'euros) pour l'usine principale.

Faute de place, Lotus ne peut construire de nouveaux bâtiments. Il faut réaffecter l'existant. Certains activités connexes étant transférées sur d'autres sites. Déjà, Dany Bahar avait délocalisé Clive Chapman et son Classic Team Lotus. Le futur atelier de peinture de l'Esprit fut ainsi pris sur un ancien bâtiment. Et une fois la production des Evora, Elise et Exige achevées, il faudra se dépêcher d'y installer la chaine de l'Elise.
Un sacré challenge industriel.

Premium (SUV)
On retrouve Uday Senapati. Il confirme une rumeur : Lotus va produire un véhicule qui ne sera pas une voiture de sport. Très, très probablement, un SUV électrique. On sent une certaine gêne, pour ne pas dire de la honte. Ce SUV badgé Lotus permettra de faire du volume, donc des profits. "Alpine, Aston Martin et Ferrari lancent des SUV, alors pourquoi pas nous ?" dit-il à demi-mots...

Lorsqu'il parle "d'étendre la marque", c'est aussi géographiquement. Car ce SUV électrique sera -sauf erreur- produit à Wuhan. Quelques minutes plus tôt, dans son tour du monde, Lotus avait brièvement évoqué la Chine.
Le site de Wuhan porte officiellement le nom de "Wuhan Lotus factory". A priori, le constructeur apportera une vraie valeur ajoutée. Mais on sera loin du "Light is Right"...

Electric Sportscar
En janvier dernier, Renault et Lotus avaient simultanément officialisé leur partenariat technique. Ainsi, les futures Alpine A110 et Lotus Elise auront un châssis commun et seront électriques !

Nul doute que Geely était demandeur d'un partenaire pour supporter les coûts de développement. Mais en conséquence, de l'arrivée d'Alpine, il faudra patienter jusqu'en 2025 pour voir cette Elise VE...

La bonne nouvelle, c'est que Lotus et Alpine ont opté pour un moteur et des batteries situées à l'arrière. A l'opposé de la tendance actuelle des batteries sous le plancher. De quoi permettre des silhouettes plus graciles...

Autre info : Lotus compte vendre son châssis à des tiers. Rappelons que l'Elise sortante avait donné son châssis (et parfois plus) aux Tesla Roadster, Opel Speedster, Detroit Electric, Hennessey Venom... La marque d'Hethel ne s'est donc pas (complètement) reniée...

Réseau
Geoff Dowding, responsable des ventes, est le dernier intervenant.

Construire des voitures, c'est bien. Mais faut-il encore disposer d'un vrai réseau.

Hors de Grande-Bretagne, Lotus a pu compter sur quelques moines-soldats. Comme Marcassus Sport en France, PB Racing en Italie ou LCI au Japon. Des gens passionnés et motivés, mais souvent livrés à eux-mêmes.
Mais ailleurs, c'est plutôt l’appât du gain la motivation première. Lorsque ça ne vire pas au grand n'importe quoi, avec un nouvel importateur tous les six mois (Etats-Unis, Chine...)


Lotus a monté à Hethel un show-room type. Charte graphique, agencement... Il doit définir l'ensemble des show-rooms Lotus dans le monde. Qu'il s'agisse d'un vaste garage ou d'un corner dans un centre commercial.

Une étape nécessaire, alors que certains, comme McLaren, ont bâti leur succès sur un réseau performant.

En conclusion, mis à part l'Emira, on a surtout eu une confirmation des rumeurs.

Maintenant, ces quinze dernières années, on a entendu pas mal de plans pour Lotus. Et je ne parle même pas de ceux de GM ou de Bugatti... Espérons que celui-ci se concrétise. Car Lotus se trouve actuellement dans les limbes : il est beaucoup plus gros qu'un artisan (cf. Ginetta, Morgan...) sans avoir la taille et les moyens d'un vrai constructeur (cf. Aston Martin, Ferrari, McLaren...) D'où des produits inaboutis et manquants de noblesse.
Les puristes eux, auront peur qu'un Lotus vendant 20 000 voitures par an ne perde son âme...

(Captures d'écran de Lotus.)

Commentaires

Articles les plus consultés