Rétromobile 2019 : 35. Lotus Esprit JPS
Pour finir ce tour d'horizon des voitures de Rétromobile, voici une Lotus Esprit S2 aux couleurs de "Jean Joueur & Fils" (son nom officiel est "Commemorative Edition".)
Notez derrière, l'agrandissement du motif d'une boite Matchbox. Après tout, on a tous commencé par les "two inches" et après, certains ont voulu acheter les vraies...
Personnellement, côté Lotus Esprit, je suis resté aux "two inches". J'ai ainsi une L'espion qui m'aimait par Maïsto (merci Shell) et une S1 Hot Wheels... Je n'ai pas eu la S4 distribuée par Lotus au Mondial de Paris 2010, snif.
Dès la fin des années 60, Lotus songeait à remplacer ses best-sellers Elan et Europa.
Au passage, le constructeur songeait à un remplaçant du moteur double-arbre, d'origine Ford. D'après la légende, Colin Chapman était de passage au salon d'Earl's court 1967. La Vauxhall Victor possédait un bloc avec les cotes exactes de celui sur lequel Lotus travaillait ! Du coup, Lotus négocia l'achat de l'outillage du moteur, auprès de Vauxhall. Il fut néanmoins modifié (avec une culasse à 4 soupapes) et réalésé. Différents mulets furent équipés de premières versions du moteur Lotus, dont un Bedford CF (!) Chapman accepta de vendre son bloc à Jensen, même si la Jensen-Healey risquait de concurrencer les Lotus.
En 1970, Tony Rudd (ex-BRM) devint responsable technique de Lotus. Il hérita de deux projets : la M50 (future Elite/Eclat/Excel) et la M70 (future Esprit.) Giorgetto Guigiaro travailla sur la M70. Au salon de Turin 1972, il présenta un concept-car (sur base Europa), dans lequel on reconnait clairement la future Esprit. La principale différence étant des flancs moins bombés.
Petite parenthèse sur le V8. J'ai trouvé quatre sources sur le V8 "909", racontant quatre histoires différentes !
La première dit que parmi les blocs ex-Vauxhall construits à la fin des années 60, il y avait un V8. Mais ses ressources étaient trop limitées. Lotus Cars préféra se concentrer sur les versions 4 cylindres.
La seconde dit que le V8 était presque prêt, vers 1974. Néanmoins, Colin Chapman, effrayé par la crise du pétrole (et la mise au ban des grosses cylindrées), préféra doter l'Esprit d'un 4 cylindres.
La troisième évoque un V8 conçu vers 1979, au moment de l'étude de la S3. Il aurait été stoppé car il était impossible de lui trouver une transmission adéquate.
La version plus officielle se situerait vers 1982-1983. Colin Chapman aurait profité de la De Lorean pour renouer des contacts avec Renault. La boite de vitesse de la R30 pouvait encaisser le couple d'un V8. Giugiaro dévoila en 1984 l'Etna, une "Super-Esprit". Puis John Z De Lorean fut inculpé pour trafique de drogue, Chapman mourut et Rudd fut réaffecté vers l'équipe de F1. L'Etna et son V8, privés d'équipe projet, furent envoyés aux orties.
Quoi qu'il en soit, l'Esprit fut dévoilée au salon de Paris 1975. En 1978, elle évolua en S2. Le changement le plus notable, c'était les feux arrières de Rover SD1.
Cette même année 1978, Lotus domina la F1 avec ses voitures (78, puis 79) à effet de sol. Mario Andretti décrocha un titre de F1 (il aurait préféré le faire avec son écurie de cœur, Ferrari, mais bon...) Ronnie Peterson, mort lors des essais du Grand Prix d'Italie fut vice-champion. Une triste fin pour le Suédois, forcé plusieurs fois de rester derrière l'Américain. Lotus gagna le championnat avec 28 points d'avance sur le second, Ferrari. Colin Chapman est à son apogée. Les "noir et or" avaient remporté davantage de courses que Ferrari (pourtant arrivé dix ans plus tôt en F1 !) Bref, ce titre méritait largement une série limitée...
Hélas, ça allait être le dernier titre de Lotus en F1. En 1979, les autres écuries construisirent des voitures à effet de sol. Il y eu ensuite la voiture à double-châssis, bannie par la FIA. Chapman et "Jabby" Crombac furent les derniers Mohicans du championnat parallèle que la FOCA était censée créer... Lotus réintégra la F1, mais dépourvue de turbo, elle joua les figurantes au championnat. Le V6 Turbo Renault arriva trop tard, alors que les "noir et or" n'avaient plus les moyens d'un top team. Ayrton Senna l'imposa néanmoins, comme il imposa le V6 Turbo Honda. Puis ce furent les moteurs "clients" et finalement, le retrait de la F1, en 1994.
En 1977, James Bond conduisait une Esprit (qui se transformait en sous-marin !) dans l'Espion qui m'aimait. En 1981, il parti au ski avec une seconde voiture, dans Rien que pour vos yeux. Avec ces films, Lotus se positionnait en successeur d'Aston Martin, à l'écran comme à la ville, comme le constructeur britannique de voitures de sport incontournable. Un coup de maitre. Malgré son 4 cylindres d'origine Vauxhall (bientôt aidé par un turbo), l'Esprit tenait son rang face aux Ferrari 308 et autres Porsche 924.
Dans les années 80, Lotus fut un pionnier du placement-produit. A une époque où les constructeurs prenaient les jeux vidéos de haut, l'Esprit s'offrit une apparition dans Turbo Esprit et surtout Lotus Esprit Turbo Challenge. La première mouture du scénario de Pretty Woman était très noire. Julia Roberts était une cocaïnomane, qui acceptait de rester avec le héros car elle avait une énorme dette à payer. Ferrari et Porsche refusèrent d'apparaitre. Lotus, lui, accepta de fournir une Esprit au héros, avant même que le scénario ne soit édulcoré. De même, le constructeur apparu dans le sulfureux Basic Instinct.
Après le flop des Elite/Eclat/Excel et le demi-succès de l'Elan, l'Esprit devint l'unique modèle au catalogue de Lotus, au début des années 90. En 1996, elle reçut enfin son V8 (accouplé à une boite de R25 V6.) Elle fut produite jusqu'en 2004. Nul doute que Lotus aurait poursuivit davantage, mais Renault ne fabriquait plus la boite de vitesse...
Aujourd'hui, Geely est le premier actionnaire de Lotus, via Proton. Les Chinois ont annoncé un investissement conséquent, avec un bureau d'étude plus conséquent et surtout, une seconde usine, en vue d'y produire un SUV. Une nouvelle Esprit serait également sur la table.
Une partie de moi à envie d'y croire. Lotus est une marque évocatrice, qui mérite mieux que ses 2000-2500 voitures par an. Avec un réseau et des moyens digne de ce nom, elle pourrait au moins écouler 10 000 voitures chaque année.
Reste que depuis toutes ces années, j'ai vu GM, Bugatti et Proton faire des promesses. J'étais là, lorsque Dany Bahar, encadré par Naomi Campbell, Brian May et Mickey Rourke, fit son show (avec l'Esprit, l'Elan, l'Elise...) Alors "beati qui non viderunt et crediderunt", mais merci, j'ai déjà donné !
Notez derrière, l'agrandissement du motif d'une boite Matchbox. Après tout, on a tous commencé par les "two inches" et après, certains ont voulu acheter les vraies...
Personnellement, côté Lotus Esprit, je suis resté aux "two inches". J'ai ainsi une L'espion qui m'aimait par Maïsto (merci Shell) et une S1 Hot Wheels... Je n'ai pas eu la S4 distribuée par Lotus au Mondial de Paris 2010, snif.
Dès la fin des années 60, Lotus songeait à remplacer ses best-sellers Elan et Europa.
Au passage, le constructeur songeait à un remplaçant du moteur double-arbre, d'origine Ford. D'après la légende, Colin Chapman était de passage au salon d'Earl's court 1967. La Vauxhall Victor possédait un bloc avec les cotes exactes de celui sur lequel Lotus travaillait ! Du coup, Lotus négocia l'achat de l'outillage du moteur, auprès de Vauxhall. Il fut néanmoins modifié (avec une culasse à 4 soupapes) et réalésé. Différents mulets furent équipés de premières versions du moteur Lotus, dont un Bedford CF (!) Chapman accepta de vendre son bloc à Jensen, même si la Jensen-Healey risquait de concurrencer les Lotus.
En 1970, Tony Rudd (ex-BRM) devint responsable technique de Lotus. Il hérita de deux projets : la M50 (future Elite/Eclat/Excel) et la M70 (future Esprit.) Giorgetto Guigiaro travailla sur la M70. Au salon de Turin 1972, il présenta un concept-car (sur base Europa), dans lequel on reconnait clairement la future Esprit. La principale différence étant des flancs moins bombés.
Petite parenthèse sur le V8. J'ai trouvé quatre sources sur le V8 "909", racontant quatre histoires différentes !
La première dit que parmi les blocs ex-Vauxhall construits à la fin des années 60, il y avait un V8. Mais ses ressources étaient trop limitées. Lotus Cars préféra se concentrer sur les versions 4 cylindres.
La seconde dit que le V8 était presque prêt, vers 1974. Néanmoins, Colin Chapman, effrayé par la crise du pétrole (et la mise au ban des grosses cylindrées), préféra doter l'Esprit d'un 4 cylindres.
La troisième évoque un V8 conçu vers 1979, au moment de l'étude de la S3. Il aurait été stoppé car il était impossible de lui trouver une transmission adéquate.
La version plus officielle se situerait vers 1982-1983. Colin Chapman aurait profité de la De Lorean pour renouer des contacts avec Renault. La boite de vitesse de la R30 pouvait encaisser le couple d'un V8. Giugiaro dévoila en 1984 l'Etna, une "Super-Esprit". Puis John Z De Lorean fut inculpé pour trafique de drogue, Chapman mourut et Rudd fut réaffecté vers l'équipe de F1. L'Etna et son V8, privés d'équipe projet, furent envoyés aux orties.
Quoi qu'il en soit, l'Esprit fut dévoilée au salon de Paris 1975. En 1978, elle évolua en S2. Le changement le plus notable, c'était les feux arrières de Rover SD1.
Cette même année 1978, Lotus domina la F1 avec ses voitures (78, puis 79) à effet de sol. Mario Andretti décrocha un titre de F1 (il aurait préféré le faire avec son écurie de cœur, Ferrari, mais bon...) Ronnie Peterson, mort lors des essais du Grand Prix d'Italie fut vice-champion. Une triste fin pour le Suédois, forcé plusieurs fois de rester derrière l'Américain. Lotus gagna le championnat avec 28 points d'avance sur le second, Ferrari. Colin Chapman est à son apogée. Les "noir et or" avaient remporté davantage de courses que Ferrari (pourtant arrivé dix ans plus tôt en F1 !) Bref, ce titre méritait largement une série limitée...
Hélas, ça allait être le dernier titre de Lotus en F1. En 1979, les autres écuries construisirent des voitures à effet de sol. Il y eu ensuite la voiture à double-châssis, bannie par la FIA. Chapman et "Jabby" Crombac furent les derniers Mohicans du championnat parallèle que la FOCA était censée créer... Lotus réintégra la F1, mais dépourvue de turbo, elle joua les figurantes au championnat. Le V6 Turbo Renault arriva trop tard, alors que les "noir et or" n'avaient plus les moyens d'un top team. Ayrton Senna l'imposa néanmoins, comme il imposa le V6 Turbo Honda. Puis ce furent les moteurs "clients" et finalement, le retrait de la F1, en 1994.
En 1977, James Bond conduisait une Esprit (qui se transformait en sous-marin !) dans l'Espion qui m'aimait. En 1981, il parti au ski avec une seconde voiture, dans Rien que pour vos yeux. Avec ces films, Lotus se positionnait en successeur d'Aston Martin, à l'écran comme à la ville, comme le constructeur britannique de voitures de sport incontournable. Un coup de maitre. Malgré son 4 cylindres d'origine Vauxhall (bientôt aidé par un turbo), l'Esprit tenait son rang face aux Ferrari 308 et autres Porsche 924.
Dans les années 80, Lotus fut un pionnier du placement-produit. A une époque où les constructeurs prenaient les jeux vidéos de haut, l'Esprit s'offrit une apparition dans Turbo Esprit et surtout Lotus Esprit Turbo Challenge. La première mouture du scénario de Pretty Woman était très noire. Julia Roberts était une cocaïnomane, qui acceptait de rester avec le héros car elle avait une énorme dette à payer. Ferrari et Porsche refusèrent d'apparaitre. Lotus, lui, accepta de fournir une Esprit au héros, avant même que le scénario ne soit édulcoré. De même, le constructeur apparu dans le sulfureux Basic Instinct.
Après le flop des Elite/Eclat/Excel et le demi-succès de l'Elan, l'Esprit devint l'unique modèle au catalogue de Lotus, au début des années 90. En 1996, elle reçut enfin son V8 (accouplé à une boite de R25 V6.) Elle fut produite jusqu'en 2004. Nul doute que Lotus aurait poursuivit davantage, mais Renault ne fabriquait plus la boite de vitesse...
Aujourd'hui, Geely est le premier actionnaire de Lotus, via Proton. Les Chinois ont annoncé un investissement conséquent, avec un bureau d'étude plus conséquent et surtout, une seconde usine, en vue d'y produire un SUV. Une nouvelle Esprit serait également sur la table.
Une partie de moi à envie d'y croire. Lotus est une marque évocatrice, qui mérite mieux que ses 2000-2500 voitures par an. Avec un réseau et des moyens digne de ce nom, elle pourrait au moins écouler 10 000 voitures chaque année.
Reste que depuis toutes ces années, j'ai vu GM, Bugatti et Proton faire des promesses. J'étais là, lorsque Dany Bahar, encadré par Naomi Campbell, Brian May et Mickey Rourke, fit son show (avec l'Esprit, l'Elan, l'Elise...) Alors "beati qui non viderunt et crediderunt", mais merci, j'ai déjà donné !
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