Un pilote Chinois en F1

Zhou Guan Yu sera pilote Alfa Romeo Racing, en 2022. Après son titre en F3 Asian 2021, le pilote Chinois avait désormais assez de points pour obtenir une superlicence. La question n'était donc plus de savoir s'il allait faire de la F1, mais avec quelle écurie.

Zhou Guan Yu sera ainsi le premier pilote du Pays du Milieu au départ d'un Grand Prix.

En France, les réactions sont tièdes. On peut les diviser en : a) Qui ça ? b)Encore un coup des Chinoux ! De toute façon, dans 10 ans, tout le monde roulera en Chinoise... c) Oscar Piastri méritait le volant. La F1, c'est tous des pourris, d'ailleurs, moi, je ne regarde plus que l'endurance...
En revanche, le web Chinois est au taquet, en prouvent ces illustrations.


 

De 2004 à 2019, la F1 est venu chaque année à Shanghai. Des courses dans un quasi-huis clos. Depuis toujours, la FIA est persuadée qu'elle peut glaner des centaines de millions de spectateurs Chinois, pour peu qu'elle ait un pilote local.
Parmi 1,4 milliards d'habitants, il y a bien un pilote digne de ce nom, non ?
 
BMW et Mercedes-Benz se jetèrent sur les deux seuls espoirs Chinois, Ho-Pin Tung et Cheng Cong Fu. Vainqueur de deux courses de FR UK, Cheng effectua un test avec une vieille McLaren, puis il joua les chicanes mobiles en DTM. Champion de BMW Asia, Tung remporta la F3 ATS. Il roula avec Williams, puis BMW. Quadrilingue, Tung aurait pu être "le" pilote Chinois. Hélas, il fut ridicule en GP2. Lotus et Renault lui firent faire quelques démos en F1, mais c'était davantage grâce à Gravity Management.

A la même époque, le sport auto Chinois commençait à émerger. Ironie de l'histoire : Antonio Giovinazzi, que Zhou va remplacer, fut l'une des premières révélations des circuits Chinois.
Une agence de management Sino-Britannique fit rouler des pilotes Chinois en Europe. Ils furent quelques naïfs à surpayer des courses de F3 "B", avant de rentrer au pays. Parmi eux, Ma Qing Hua. Le regretté Chen Xuezian, le Bernie Ecclestone Chinois, réussit à faire du lobbying. Ma, qui avait surtout roulé en tourisme, fit un test avec HRT, puis un deuxième, puis un troisième... Ma aurait du être pilote HRT en 2012. Hélas (heureusement ?), en pleine désignation du nouveau président, l'affaire capota. Avec une queue de budget, il du se contenter d'une apparition en GP2 et un tour de piste, en Caterham.
 
Une nouvelle génération de pilotes Chinois apparu au tournant de la décennie. Plus rapide et moins naïfs, ils sélectionnèrent mieux leurs points de chute. Chen Xuezian poussa la Ferrari Driver Academy à tester Sun Zheng. "Dimanche" remporta ainsi le champion "National" de F3 Britannique. Lotus lui proposa un test, annulé au dernier moment. Adderly Fong roula en F3 et en GP3, avant de casser sa tirelire pour un test chez Sauber. Cao Hongwei remporta le dernier championnat de British F3 (4 participants !)
Quelques autres roulèrent en F3, en Formule Renault, en F4 Italia ou en EuroFormula Open, sans laisser de souvenirs impérissables. Pour des équipes comme Carlin, Double R ou Fortec, ils étaient davantage vus comme des chéquiers ambulants.
Cela rappelait les mésaventures des pilotes Japonais en Europe, durant la période 85-95...
Zhou Guan Yu a couru presque exclusivement en Europe.
 
En 2013, à 14 ans, il remporta le Super 1 National Max Rotax Junior et le Rotax Max Junior Challenge. La Ferrari Driver Academy lui offrit un test et l'intégra peu après à sa filière. L'intronisation eu liu à Shanghai, dans un grand show. En 2014, il effectua plusieurs roulages en F4. En fin de saison, il disputa sa première course en auto : deux podiums dans une manche hors-championnat de F4 Italia, avec Prema.
En 2015, il termina vice-champion de F4 Italia, derrière son coach/équipier Ralf Aron. Un minimum eu égard aux moyens déployés. Il poursuivit avec Prema en F3. Au préalable, il s'échauffa dans la très relevé Toyota Racing Series, terminant à une probante 6e place. Il fallu attendre 2018 pour voir Zhou s'imposer en F3.
Ferrari avait perdu patience, mais Renault le récupéra et le plaça en F2, avec Uni-Virtuosi. Signalons que la Renault Sport Academy avait également embauché son compatriote, Ye Yifei, qui avait joué le titre en FR. Zhou termina meilleur débutant de la F2 2019. Ye, lui, se noya en F3 (il a depuis rebondit en endurance.) Notre homme rempila en F2. Il semblait en position de jouer le titre. Renault F1 songeait à une écurie-cliente, à l'horizon 2022. Zhou aurait été prêté à l'écurie concernée, dès 2021... Du coup, le Chinois fut intronisé 3e pilote de Renault et il effectua plusieurs tests. Mais notre homme multiplia les contre-performances et il lui manquait des points de superlicence. En prime, les deux projets d'écurie-cliente capotèrent. L'Alpine Academy l'intégra pourtant à sa promo 2021. Au passage, il remporta la F3 Asian. Pour sa troisième saison de F2, il s'imposa trois fois (série en cours), même si Oscar Piastri semble intouchable pour le titre.
En résumé, Zhou Guan Yu, c'est un titre de vice-champion de F4, trois saisons de F3, un titre de F3 Asian et un très probable podium final en F2, après trois saisons. C'est beaucoup mieux que tous ses compatriotes. Néanmoins, on a connu des parcours plus limpides...
Luca di Meo l'a dit : Renault n'a plus d'ambitions sur le marché Chinois. Elle n'a pas de regrets à laisser filer Zhou, même si elle l'a tenu à bout de bras de 2019 à 2021.

Bien sûr, chez Alfa Romeo Racing, il payera les factures. Néanmoins, difficile de croire que l'équipe avait recruté Marcus Ericsson, Antonio Giovinazzi ou Robert Kubica pour leur talent...

Est-ce que Zhou sera vraiment une célébrité en Chine ? Aujourd'hui, effectivement, son nom est sur beaucoup de lèvres, y compris hors des amateurs de sport auto. Est-ce que cela va durer ? Va-t-il pousser massivement des Chinois vers le sport auto ? En tout cas, de là-haut, Chen Xuezian doit savourer son bonheur...
(Capture d'écran de WeChat.)
 

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