Rétromobile 2023 : 13. Ferrari 250 GTO

Une présence aussi exceptionnel que discrète : l'une des 36 Ferrari 250 GTO. Estimée à 50 millions d'euros (encore faut-il en trouver une à vendre...), elles ne se déplacent généralement que sous bonne escorte. Pourtant, elle est là, sur le stand Richard Mille.

Les Ferrari 250 GTO sont étroitement surveillées. Les répliques, reconstructions, etc. sont vite débusquées.

Ici, on a donc affaire à 3387GT, la 2ème des 24 GTO "62". Après des tests à Monza, elle s'envola pour Sebring, où Phil Hill et Olivier Gendebien finirent 2e du scratch (et vainqueur en GT), pour le compte du NART. On la revit aux 24 Heures du Mans, George Grossman, son nouveau propriétaire, partageait le volant avec George Roberts Jr. Puis elle retourna aux Etats-Unis. On la vit notamment à la fameuse semaine de Nassau. Après Sebring 1963, Mike Gammino la racheta et la pilota -toujours aux Etats-Unis- 1963, 1964 et 1965. C'est sur le Thompson Raceway, en 1964, qu'elle obtint son unique victoire au général.
En 1969, Kirk F. White (l'un des premiers collectionneurs de Ferrari), l'acheta pour 5 400$. En 1997, Bernard J. Carl, un autre grand collectionneur, l'a repeint dans cette livré NART qu'elle avait aux 12 Heures de Sebring 1962. Il participa notamment aux Tour Auto 1999 et 2000 avec.
Son actuel propriétaire a osé rallier Le Mans depuis Londres par la route, en 2022.

La 250 GTO représentait l'ultime Ferrari de course à moteur avant. Le V12 étant reculé au maximum, pour un avant plus plongeant. Les proportions sont harmonieuses, avec ce mélange de muscles saillants et de rondeurs. Giotto Bizzarini, qui en revendique la paternité, tenta d'aller plus loin avec l'ISO Grifo A3, mais le charme était rompu.
C'était aussi un prototype "Omologué" comme une simple variante de la 250 GT. Les Rosso retentèrent ce tour de passe-passe en 1965, avec la 250 LM. Mais ce coup-ci, la CSI refusa d'en faire une GT, malgré les jérémiades du constructeur...

Juste après la GTO, vint le temps des GT 40 et des Miura. C'était la fin du moteur avant. C'était aussi la fin de l'hégémonie culturelle et sportive de Ferrari. La 250 GTO, c'était aussi cet ultime moment de grâce, comme pu l'être la 57 SC Atlantic pour Bugatti.

Enfin, peu avant la mort d'Enzo Ferrari, la 250 GTO fut le symbole de la spéculation. Une production limitée (encore que 36 unités, c'était beaucoup à ce niveau) et un historique limpide la rendirent très convoitée. On entrait dans l'irrationnel, faisant d'elle la voiture la plus chère au monde. Les polices d'assurance devinrent également démentes. Plus question de courir le Tour Auto ou Goodwood avec !

J'ai une histoire plus personnelle avec. Dans les années 80, mon beau-père avait construit cette 250 GTO Bburago au 1/18e, vendue en kit. Bburago la commercialisait rouge montée et bleue, en kit. Il avait souhaité la monter lui-même, mais ça le contrariait qu'elle soit bleue. Cette 250 GTO trônait dans son appartement, Porte des Lilas. Lorsque ma mère nous l'a présenté, j'étais bien trop jeune pour toucher cette maquette... Pendant longtemps, elle fut sciemment mise hors de portée de mes mains d'enfants, sur une étagère. D'en bas, j'en voyais surtout les trois naseaux.

Bien des années plus tard, mon beau-père fit une mauvaise rencontre avec un crabe. J'ai récupéré la 250 GTO bleue.

En voyant cette Alfa Romeo Tubolare Zagato chez RM Sotheby's, j'ai tout de suite reconnu cette trois naseaux familiers... Cette TZ date de 1965 ; trois ans après la 250 GTO. Clairement, Zagato avait voulu donner un air de "mini-GTO" à la Milanaise...

Voilà, c'était une parenthèse personnelle sur la 250 GTO...

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