Rétromobile 2023 : 0. Citroën Ami 6
Durant les années 50, le bureau d'étude de Citroën était très actif. Dès 1953, il songea à une voiture s'intercalant entre la 2cv et la DS. Cela donna notamment l'étonnant monocorps C10. A côté, l'Ami 6 semble bien classique ! Juste avant son lancement, il y a eu C60 : un genre de DS posée sur le gabarit de l'Ami 6 (et avec quatre phares.) Elle aurait permis de créer une filiation, un problème récurrent chez la firme aux chevrons.
En 1961, la gamme passait à trois modèles (nonobstant la cohabitation DS/Traction Avant, au milieu des années 50.) Avec son moteur bicylindre 602cm3 de 22ch (puis 32ch), c'est une 3cv.
Le plus marquant, c'était le design : arrière en "Z", phares ovales, capot débordant sur l'avant... Et à l'intérieur, cela continuait : volant monobranche, levier de vitesse sur le tableau de bord, tachymètre rectangulaire... La voiture fut dévoilée au salon de Paris et produite dans la foulée. Elle fut d'ailleurs le premier modèle de l'usine de Rennes, inaugurée par le Général de Gaulle (dont la femme Yvonne roula en Ami 6.)
Le design était vraiment déconcertant. En 1965, une version break, plus heureuse, fut lancée. Il se vendit à 551 880 unités, en quatre ans, contre 483 986 Ami 6 berline, en huit ans ! En 1967, la Dyane vint s'intercaler entre la 2cv et l'Ami 6.
En 1969, Citroën repositionna l'Ami un peu plus haut avec l'Ami 8; un tour de passe-passe sémantique. La carrosserie reçu un gros lifting, avec un avant moins typé et un arrière deux volumes (mais sans hayon.) Cette même année, le constructeur dévoila la M35, un genre d'Ami 8 coupé équipé d'un birotor. 267 exemplaires de pré-série furent produits, afin de réaliser un essai en conditions réelles du rotatif.
Avec la GS, en 1970, Citroën comblait davantage le gouffre jusqu'à la DS. En 1973, l'Ami reçu le quatre cylindres à plat 1,0l 55ch de la GS et devint Ami Super. Malgré tout, les ventes s’essoufflaient. En 1979, le calvaire s'arrêta enfin, avec la Visa, une autre voiture au design controversé...
L'Ami 6 avait les défauts récurrents des Citroën.
Le premier, c'était un design trop typé et qui se démoda presque instantanément (cf. la Visa 1 ou la XM.) D'ailleurs, dans les comédies des années 70-80, les personnages de ringards roulaient en Ami (ou en Dyane.)
Le second, ce fut une communication déplorable et une mauvaise perception du public. Pour les profanes, l'Ami 6 était un compacte, au même titre qu'une Simca 1100, une R6 ou une Peugeot 204. Donc, forcément, elle semblait bien poussive. Alors qu'en fait, Citroën visait la R4. La Visa II (vue comme une compacte) ou la BX (vue comme une berline moyenne supérieure) connurent le même souci de positionnement.
Le troisième, c'était une difficulté d'exister entre les deux best-sellers de la marque, la 2cv et la DS. D'ailleurs, consciemment ou pas, le constructeur fit peu d'efforts pour la promouvoir, alors que 2cv et DS avaient droit à de gros budgets marketing.
C'est assez facile de se moquer de l'Ami 6, tant elle a beaucoup de défauts. Plus les années passent, plus j'ai de la tendresse pour ce vilain petit canard. Au moins, Citroën avait osé !
Bravo pour cet article !…je ne m’attendais pas à provoquer cela en me rendant à rétromobile avec mon Ami6 ! Je suis fier d’elle !!
RépondreSupprimerUne très jolie voiture ! Bravo
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