Rétromobile 2023 : 5. les 400 coups de Peugeot
401
Avant de venir à Rétromobile, je n'étais plus très sûr que Peugeot n'ait commercialisé une 401. Il faut dire qu'elle n'a été produite que de 1934 à 1935.
Je ne suis pas fan des Peugeot "pré-fuseaux" : on a l'impression qu'elles sont affublées d'un strabisme.
Seul fait notable : ce fût la première "Eclipse" Pourtout. Le dentiste/designer/martyr de la résistance Léon Paulin et le carrossier Marcel Pourtout avait déjà créé des coupé-cabriolets sur base Lancia-Bonneuil. Mais avec Peugeot, désormais, le toit était motorisé.
402
En 1936, toute la gamme fut renouvelée avec les fameux "fuseaux Sochaux". Certes, les lignes effilées étaient à la mode, mais Peugeot fut l'un des plus radicaux (avec Panhard et sa Dynamic.) La 402 remplaçait de facto la 401 et la 601... Ainsi que la 302, à partir de 1938.
La 402 fut déclinée en de nombreuses carrosseries. Émile Darl'Mat, commanditaire des "Eclipse" demanda à Pourtout de lui dessiner une 402 coupé et roadster. Il engagea des 402 DS (Darl'Mat Spéciales) aux 24 Heures du Mans 1937 et 1938. Il y eu également des 402 DS "civiles".
En 1938, Berliet proposa une 402 équipée d'un masque avant plus classique. La Dauphine fut un bide et Berliet ne fit plus de tentatives dans les VP.
En 1936, Jean Andreau décida d'aller encore plus loin dans l'aérodynamisme. "Spads" d'aile arrière, pare-brise monobloc bombé et arrête dorsale lui donnent un look étrange. Peugeot fut suffisamment intéressé et en 1941, les 402 auraient du devenir des "Andreau". A cause des hostilités, elle n'alla pas plus loin que la pré-série. La Deuxième Guerre Mondiale marque également l'arrêt du développement d'une 402 diesel.
La production s'arrêta en 1941 avec les ultimes châssis-cabine militaire, dit DK5.
En voilà une que j'ai davantage connu : au lycée, un de mes profs venait au volant d'une (d'ailleurs, il cherchait à la vendre !)
Après la guerre, Peugeot s'est emmêlé les pinceaux dans sa numérotation. Un cafouillage qui dura jusqu'aux années 90. La seule Peugeot produite après-guerre fut la 202. En 1948, elle céda sa place à la 203. En 1955, la firme au lion ressorti le "4" avec la 403. Certes, il était prévu que le modèle sortant allait continuer son chemin quelques années. Aussi, par rapport à la spartiate 203, il fallait souligner la montée en gamme. D'ailleurs, Peugeot ne songeait-il pas déjà à un second modèle ? En 1955, les 5cv/6cv avaient le vent en poupe : Simca Aronde, Panhard Dyna Z et bientôt Renault Dauphine... Les Franc-comtois se devaient de se jeter dans la mêlée.
La ligne de la 403 était dû à Pininfarina. Le styliste Italien aurait utilisé un projet mort-né de Fiat. Peugeot y enleva les fanfreluches, lui donnant un style plus sobre et qui vieillit mieux. Ce fut d'ailleurs son défaut, par la suite : les gens n la considéraient pas comme un vraie ancienne. En 1987, un groupe de possesseurs de 403 cabriolets, rejetés par les meetings d'anciennes créèrent le leur, Vincennes en Anciennes...
La 403 cabriolet, c'était aussi la voiture de Columbo. En 1971, la 403 cabriolet n'était pas si vieille que ça. Mais Peter Falk trouvait qu'elle collait bien à l'aspect négligé de l'inspecteur. Pour confondre les meurtriers des beaux quartiers, sa panoplie de simplet était parfaite !
404
La 203 et la 403 avaient installés Peugeot comme constructeur conservateur. Des solutions techniques éprouvées, mais extrêmement fiables. La 404 (1960) fut surtout une mise à jour de la 403. Avec tout de même un positionnement plus haut ; la 204 étant dans les starting-blocks.
Côté style, Pininfarina avait porté et modernisé le style des la 403 chez Austin. La 404 était un mix des Austin Westminster (pour l'avant) et Cambridge (pour l'arrière.) Les versions coupé et cabriolets de la Sochalienne seront ensuite recyclées sur la Fiat 1500... Chez Pininfarina, la photocopieuse était l'employé le plus productif du bureau de design !
La remplaçante de la 404 fut la 504. Il y avait un trou entre la 304 et la 404 et la firme au lion anticipait sans doute qu'il faudrait un modèle pour le combler...
Dans les années 80, en Tunisie, j'avais été frappé par les alignements de 404 bâchées, sur un marché de province. Surprise : près de 40 ans plus tard, les "quatre-quatre" sont toujours très actives dans l'arrière pays Tunisien...
405
Dans les années 80, la priorité des priorités fut la 205. Avec l'arrivée de la 309, la 305 fut brièvement positionnée en "D". Mais le premier vrai segment "D", ce fut la 405 (1987.) Profitant de l'élan de la 205, la 405 eu droit à une belle campagne promotionnelle (avec notamment les 405 T16 du Dakar et de Pikes Peak.) Sur le tard, la 405 eu un version Supertourisme, annonçant les développements de la 406. Cette image sportive se concrétisa en série avec la 405 Mi 16 (à injection électronique et culasse 16 soupapes), la Mi 16x4 (4 roues motrices) et la tardive T16 (turbo et 4 roues motrices.)
Contrairement aux 403 et 404, il n'y eu pas de 405 pick-up. Par contre, la 405 break jouait volontiers les utilitaires.
Voiture de l'année 1988, la 405 n'a quasiment connu que des réussites. Son seul échec fut les USA. Trop chère, mal traitée contre la corrosion, elle fit un bide.
406
Faute de place, la rétrospective passait directement de la 405 à la 408. J'ai du fouiller dans mes archives pour dénicher cette 406 Coupé.
La firme au lion voulait porter le succès de la 405 à l'échelle Européenne. D'ailleurs, la 406 Supertourisme officielle courra non pas en France, mais en Allemagne.
La 406 fut la première de la lignée à disposer d'un V6. Elle n'avait plus aucun complexe vis-à-vis des berlines Allemandes. Elle avait d'ailleurs un succès certain dans les beaux quartiers.
Peugeot avait refusé la 405 Coupé d'Heuliez, il accepta la jolie 406 Coupé de Pininfarina, bien que n'ayant aucun embouti de la berline.
407
Non, là, je n'ai aucune archive ! Au début des années 2000, Gérard Welter avait dessiné des caricatures de Peugeot. Feux atrophiés, calandre béante, vitres dégoulinantes... Pour le coupé, pas besoin de Pininfarina : on peut faire aussi bien tout seul !
Sans trop de surprise, la 407 connu un accueil mitigé. Le bonus/malus, mortifère pour les moyennes cylindrées, fut un coup de grâce. Pour la suite, Peugeot décida de fusionner 407 et 607 dans la 508. Sur le modèle d'Opel avec l'Insignia...
408
En 2010, le constructeur lança néanmoins une 408... Mais uniquement pour la Chine (puis les pays GOM.) Cette 408 était en fait une 307 rallongée, avec un style entre 207 et 407 (mais sans "weltererie".) C'était la première à n'être proposée qu'en berline.
Cette voiture fut très discrète en Chine. Dès 2014 elle fut remplacée par un modèle (sur base 308) avec un design plus statutaire. Cette seconde 408 est toujours au tarif en Chine. Pour s'en distinguer, "la" 408 s'appelle 408 X.
Retour Porte de Versailles avec la nouvelle venue.
Extinction du diesel, arrivée de l'électrique, omniprésence des SUV... Le marché auto connu de nombreuses convulsions, qui forcèrent Peugeot à revoir sa copie. La 408 repose sur une plateforme de 308 modifiée.
C'est censément un compromis entre berline et SUV.
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