Vaisseau amiral de Mitsubishi, l'Outlander débarque enfin en France. Permettra-t-il à la marque aux trois diamants de sortir de l'ornière ?
Je n'ai pas beaucoup parlé de Mitsubishi, ces derniers temps... Il faut dire que ça serait comme tirer sur une ambulance. Ah, Mitsubishi... Le Pajero, la Lancer Evo, mais aussi la 3000 GT, car de la Starion à l'Eclipse, le constructeur avait produit toute une dynastie de jolis coupés. Saviez-vous que Juan Pablo Montoya avait gagné en F3 avec un moteur Mitsu dans le dos ? Que dans les années 80, non seulement Chrysler rebadgeait des Mitsubishi pour les USA, mais que la plupart des Chrysler avaient des moteurs Mitsubishi ? Notamment le fameux V6 du Voyager... Et dès que vous mettiez le pied en Belgique, vous voyiez des Mitsubishi à tous les coins de rue !
Mais tout cela, c'était il y a longtemps. Très longtemps. Récemment, j'ai vu une vidéo officielle. Des anciens managers des structures Dakar et du WRC témoignent. Tout cela pour faire mousser l'engagement officiel de L200/Triton (quasiment de série) en championnat d'Asie de rallye-raid. J'ai cherché une analogie, mais aucun constructeur de premier plan n'est tombé aussi bas.
Et que dire de leurs lancements récents... L'ASX et la Colt. Certes, vers 2020, Mitsubishi voulait quitter l'Europe et il avait bazardé ses projets. Luca de Meo l'a convaincu de rester et il a fallu improviser. Mais bon sang, même pour les utilitaires vendues sous plusieurs marques, on fait plus d'efforts d'intégration ! Avec Rubén Vela, le designer, qui jurait que c'étaient de vraies Mitsubishi. J'avais mal pour lui. J'avais l'impression qu'après, il est allé pleurnicher, comme le cuisinier qui avait servi du risotto au jus de pomme à Gordon Ramsay : "Je suis diplômé de Valence et de Valladolid ! J'ai bossé 10 ans chez Hyundai ! Je débarquais chez Mitsu et j'étais nommé responsable du design pour l'Europe ! Tout ça pour foutre un putain de logo Mitsubishi sur une Clio ! On n'a même pas pu modifier le capot ! Il y a un putain de trou là où était le losange !"
Extérieur
Il vous dit quelque chose ? C'est normal, l'Outlander s'inspire du
concept-car Groundtourer, vu à Paris en 2016. Il aurait dû être quasiment produit dans la foulée, mais Mitsubishi n'avait plus un sou vaillant. L'Outlander de série fit parti des nouveautés annoncées au salon de Genève 2020. Un salon maudit,
annulé pour cause de Covid. Il arriva en concession à la fin du confinement, avec
une version hybride plug-in en 2021. Mais pas pour l'Europe, vu que Mitsu devait faire ses valises. Le voici enfin, à l'occasion de son restylage.
Il est basé sur la plateforme CMF 1. C'est donc un cousin du Qashqai, du X-Trail et de la moitié des 20 SUV au catalogue de Renault.
Par rapport à
l'ancien, il gagne 1cm en longueur, mais 3cm d'empattement. La largeur prend 5cm et la hauteur, 3cm. Avec désormais 1,86m sous la toise, gare à la hauteur dans certains vieux parking souterrain...
Il y a un côté très statutaire. Très "quat'quat de la vieille école", façon Toyota Highlander. Mais pour ne pas avoir l'air trop rigide, les designers ont tenu à faire cet avant bizarroïde. J'ai l'impression qu'ils hésitaient entre deux solutions, alors ils ont fait un morphing ! Feu très effilés, mais gros feu de position. Calandre à barrettes, mais uniquement jusqu'à mi-hauteur. L'arrière, lui, est classique.
Intérieur
Malgré l'empattement rallongé et la caisse réhaussée, l'habitabilité est moyenne -eu égard au gabarit-.
Par contre, en largeur, on sent l'amélioration. La configuration 7 places, proposée aux USA et au Japon, ne sera curieusement pas disponible en Europe.
Les constructeurs semblent revenus du "tout écran tactile". Sur cet Outlander, on trouve ainsi quelques bons vieux boutons.
L'assise est ferme.
La qualité perçue, ça a toujours été le point fort de Mitsubishi. C'est du solide et ça ne bouge pas dans le temps. A priori, l'Outlander est du même métal.
Originalité : l'audio signée Yamaha. On connaissait la discrète implication de Yamaha Motor dans l'auto. Sauf erreur, c'est la première fois que Yamaha Music apparait au grand jour sur une voiture.
Moteur
En Chine, l'Outlander reçoit le 1,5l turbo 4B40 de
l'Eclipse Cross. Aux USA et au Japon, il est proposé avec un 2,5l Nissan. Pour la version hybride, c'est le vieux 2,4l MiVEC 4B12 136ch (celui qui a propulsé une bonne moitié des Chinoises "pures" des années 2000...) qui reprend du service. Deux moteurs électriques, un de 85kW (soit l'équivalent de 114ch) à l'avant et un de 100kW (soit 136ch) à l'arrière l'épaulent. Soit une puissance théorique totale de 302ch. Mais avec plus de 2 tonnes, ne vous attendez pas à un foudre de guerre...
Ce moteur revendique 86km en mode électrique pur. L'ancien m'avait déjà bluffé par son autonomie (alors que je ne roulais pas vraiment de manière économique...)
Le carton rouge, c'est la recharge.
On a donc d'un côté une recharge pour courant alternatif. Elle ne dispose pas de l'habituelle languette. A l'heure des superchargeurs, impossible de faire le "plein" dans la plupart des bornes publiques.
En bonne Asiatique, l'Outlander fait dans le V2L. Mais au lieu d'utiliser sa prise principale, elle passe par une prise aux normes japonaises.
En résumé, c'est du caca. C'est d'autant plus incompréhensible pour un véhicule qui a été adapté au marché Européen. Mitsubishi vise les flottes avec l'Outlander (taxis, VTC...) et il s'est tiré une rafale dans le pied.
Conclusion
Le chemin sera difficile, pour l'Outlander. L'Outlander est un vrai Mitsu, costaud et statutaire, à défaut d'être un authentique 4x4. Il plaira aux fans de la marque aux trois diamants.
Pour les autres, ce sera compliqué. D'une part, le réseau Français de Mitsubishi s'est réduit à peau de chagrin. Surtout, il est un peu surmotorisé par rapport à ses concurrents (Austral, Tayron, X-Trail...), qui sont en configuration 200ch. D'où un prix de 51 590€ (49 990€ jusqu'au 31/12), soit 10 000€ supérieur à la concurrence.
Ce sera donc un véhicule d'happy few.
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