Chrysler Voyager par GLM


Suite et fin de ma livraison de GLM. Pour une raison inconnue, le fabricant Chinois s'est amusé à reproduire au 1/43e plusieurs monospaces de années 90. Voici donc un Chrysler Voyager (alias Voyager II.) C'est moins spectaculaire qu'une Hispano-Suiza à 6 roues ou une 500 SL AMG, mais c'est une sacrée histoire.

Pour les Américains, le Chrysler Voyager évoque les classes moyennes. C'est la deuxième voiture du foyer, celle de madame. Chez les classes moyennes US, il est de bon ton que l'épouse reste au foyer et ne sorte que pour les activités extra-scolaires des enfants. D'où le surnom de "Soccer mom".
Et les "Soccer mom" s'intéressent peu à l'automobile. Ni sur ce qu'elles achètent, quant à l'entretien... Autant dire cette étiquette de "voiture de soccer mom" est une vraie malédiction pour les constructeurs...

Mais en France, le Voyager, c'était la voiture ds beaux quartiers ! Une clientèle de CSP+ ouverts sur le monde. Car posséder un Voyager, c'était avoir une "bagnole américaine". Pour son propriétaire, c'était Hollywood à Neuilly-sur-Seine !

Avec l'Espace, Renault et Matra avaient tapé juste. Après, en cherchant bien, il y avait quelques défauts à la marge : l'absence de V6, le coffre un peu juste et un équipement limité.

En 1988, Chrysler profita du lifting du Voyager pour l'exporter en Europe. Sonauto, déjà en charge de Mitsubishi, Porsche et Yamaha pour la France, représentait le "pentastar". Profitant d'un dollar bas, Sonauto proposa un Voyager SE 4 cylindres de base à 118 000frs. Soit 6 700frs de moins que l'Espace GTS d'entrée de gamme. Il proposait également un Voyager LE V6 à 170 600 frs (à peine plus cher qu'un Espace 2000.1.)
Sonauto compris que le cœur des ventes, c'était un Voyager V6 full op', sans équivalent chez le losange. Le Voyager II débarqua en 1991. Sonauto zappa les versions 4 cylindres, au profit des V6 3,0l 141ch et d'un Grand Voyager 3,3l 150ch. Non seulement le Grand Voyager LE était facturé 20 000frs de moins qu'un Espace II V6 RXE, mais par rapport à son concurrent, il rajoutait l'airbag conducteur, l'intérieur cuir et le châssis long. Notez que les Voyager de Sonauto possédaient tous un pare-choc peint. Celui de GLM est donc un Voyager "US".

Avec 3 000 ventes par an dans l’hexagone, le Voyager chatouillait à peine l'Espace, qui naviguait à 25 000 unités, avec une tendance malgré tout haussière. Lorsque Sonauto avait introduit Chrysler, il n'aurait sans doute jamais osé rêver de 3 000 Voyager full op' par an !
Et côté Renault, on appréciait sans doute ce premier concurrent valable. C'était difficile de définir un cap pour l'Espace, lorsqu'il n'avait pas de réel équivalent en Europe. Sonauto avait anticipé la premiumisation des monospaces, devenus des gros monospaces. NAVI, qui avait calqué sa stratégie sur Sonauto, lui emboita le pas avec le Pontiac Trans Sport. L'erreur de Renault, avec l'Espace II, fut de quasiment nier l'aspect "executive". Erreur que les binômes PSA-Fiat et Ford-VW firent également et en pire...

Signalons qu'ils auraient un lien de parenté. Au milieu des années 70, Chrysler eu un ultime plan mondial, avec l'envie de rationaliser ses gammes Britanniques, Françaises et Australiennes. A ce titre, des designers de Matra -en tant qu'allié de Simca- auraient été invités aux USA, où leurs homologues leur auraient dévoilés les premières maquettes du Voyager.
De retour en France, l'équipe de Matra se serait inspirée de ces maquettes, tout en le "matra-isant" (portes arrières conventionnelles, carrosserie en fibre de verre...) D'où le P16 de 1979, qui allait devenir l'Espace, en 1984...
Une histoire [citation needed]. Plus sérieusement, il existait une bouillonnement autour du monospace à la fin des années 70. Chez Chrysler et Matra, mais aussi chez Ital Design, Mitsubishi, Nissan...

Sonauto n'était pas du tout préparé. Ils se demandaient même si le public n'allait pas confondre ce Chrysler avec les anciennes Simca-Chrysler. En 1988, le naufrage de Talbot était encore frais et tout ce qui y touchait était brûlé. Le Voyager fut donc une agréable surprise.

Il n'y avait pas de monospace premium V6. La clientèle était à ce point en attente, qu'elle se rua sur un produit pourtant importé tel quel des USA. C'est un cas intéressant où il existait une demande insatisfaite et où la satisfaction de cette demande dépassait le badge sur la calandre.
On peut comparer cela au Santana Samurai avec les 4x4 compacts, à la Mazda MX-5 dans les roadsters, à la Dacia Logan dans le low-cost  et plus récemment, à Tesla dans le VE premium. A chaque fois, on est face à des marques pas ou peu connues, qui ont su tirer parti d'un vide. Pour le coup, c'est ça, une disruption ! L'erreur des constructeurs en place est d'être souvent trop frileux.
En 2020, les généralistes ont laissé tomber nombre de niches. L'horizon des constructeurs, c'est un SUV access premium électrique, entre B et C. Qui sera celui qui osera sortir des sentiers battus ?

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