All-New Nissan Qashqai Digital Premiere

Le Nissan Qashqai, troisième du nom, débarque. Un design consensuel et des technologies éprouvées ; en bref, une stratégie de père de famille... Pour un SUV de pères de famille !

Au début des années 2000, les ventes Européenne de Nissan plafonnaient. La marque avait privilégié le marché Américain, où elle était sérieusement menacée. Les nouvelles Micra et Primera avaient déçu. Au point où après le Master et le Kangoo rebadgés, Renault avait songé à une Laguna rebadgée !

Nissan avait loupé le coche des monospaces et des multispaces. Son domaine d'expertise, cela restait les 4x4. Tant qu'à faire, autant y mettre le paquet. D'où les lancements du X-Trail, du Murano... Et du Qashqai.

Le premier Qashqai fut très Britannique : dessin réalisé par le Nissan Design Europe, basé à Londres, développement au Nissan Technical Centre Europe de Cranfield et production à Sunderland.

Il fut révélé, sous forme de concept-car, au salon de Genève 2004. La version de série fut dévoilée au Mondial de Paris 2006.

Pionnier du SUV ? Le Vitara (1991) était déjà une évolution du quat'quat vers une clientèle plus féminine, plus urbaine. Le Toyota Rav4 (1994) proposait le look et l'habitabilité du tout-terrain, sans les performances. La version 5 portes (1995) était un premier pas vers les famille. Ces vrais-faux 4x4 pullulèrent chez les constructeurs Japonais, puis Coréens. Aux Etats-Unis, ils y eu une migration de la clientèle des monospaces vers ceux que l'on appelait désormais SUV.
Le Hyundai Sante Fe (2000) était le premier SUV vendu en Europe avec une stratégie très agressive (merci, Jean-Claude Debard.) Clairement, il existait un besoin inassouvi chez une clientèle. Tout le monde tâtonnait. Nissan mit en plein dans le mille.

Malgré les précautions de Nissan, les Australiens l'ont surnommé "cash cow" (le pendant de "vache à lait".) Effectivement, le Qashqai fit la fortune de Nissan.

Curieusement, en 2007, les ventes de Nissan Europe baissèrent. Mais bientôt, le Qashqai porta à lui tout seul les ventes sur le vieux continent. Dès 2010, il s'établit à plus de 200 000 unités par an (frôlant les 250 000 en 2017.) Le surprenant Juke, apparu en 2010, s'écoule au rythme de 100 000 unités annuelles. Sachant que Nissan Europe écoule entre 400 000 et 500 000 véhicules par an. Cela signifie qu'au fil des ans, entre deux tiers et trois quart des ventes sont réalisées par les seuls Qashqai et Juke !

Le Qashqai est également un carton en Chine, à 100 000, puis 150 000 unités par an. Surtout, il a permis de dynamiser l'image du constructeur (jusqu'ici très typée VUL, à cause de Zhengzhou-Nissan.) Et ce fut le premier étage d'une success story, établissant Nissan comme troisième constructeur Chinois (derrière VW et GM.)

Le deuxième Qashqai fit ses débuts au salon de Bruxelles 2014. Roi des SUV, Nissan préparait une grosse, très grosse offensive en Europe. Il s'agissait de reconquérir les véhicules bas.

Entre temps, la concurrence avait réagi, chacun sortant son SUV "D". La réussite du Japonais est d'avoir conservé son niveau de vente.

Cela tombait car les autres produits firent un flop. Les Pulsar et Micra ne manquaient pourtant pas d'arguments. Quant à la Teana [A36], qui devait tout casser dans les grandes berlines, on ne l'a jamais vue. Emmanuel Macron, dans une rare bonne décision, mit le coup de grâce au plan de Nissan.

Un retrait d'Europe fut envisagé. Néanmoins, Nissan a opté pour une poursuite des activités. Le Qashqai 3 sera produit à Sunderland, comme ses prédécesseurs. Il fallait du courage pour croire au "made in UK" alors qu'on nous promettait un "hard Brexit"...

En 1986, on se moquait de Nissan Motor Manufacturing UK. On disait qu'elle était surtout équipée de clef Allen... 35 ans plus tard, avec Toyota Manufacturing UK, c'est la dernière usine Britannique d'un généraliste à exporter ses productions...

Marco Fioravanti, vice-président de Nissan Europe, en charge du développement produit, est notre hôte.

Pas de révolution côté design. D'après Fioravanti, la clientèle trouvait que les proportions du Qashqai 2 étaient parfaites.

On note simplement les nouveaux phares "boomrang" et les jantes 20 pouces (uniquement proposées sur les versions 4x4.)


Basé sur une plateforme Alliance CMF-C revue, il prend 3cm en longueur (dont 2cm pour l'empattement), 4cm en largeur et 3cm en hauteur. Les occupants sont les grands bénéficiaires de cette croissance.

Les portes sont en aluminium et le hayon, en matériaux composites. Ainsi, la caisse nue perd 61kg.

Le Qashqai est conçu pour les longs trajets en famille. Alors, il sait accueillir : écran 12,3 pouces compatible Apple Auto et Android Car Play, sono Bose avec 10 haut-parleurs et caisson de basse, chargeur de téléphone et des prises USB à l'avant et à l'arrière.

Notez la projection sur le pare-brise (HUD) et l'option sellerie cuir napa.

Côté moteurs, terminé le diesel. Il n'y a plus que des motorisations essence. Le client aura le choix entre boite manuelle à 6 rapports ou boite automatique Xtronic et 4x2 ou 4x4.

Le 1,3l DiG-T essence, est proposé en version 138ch (uniquement en 4x2) et 158ch. Ces moteurs sont associés à un Stop & Start 12V, avec Kers, qui apporte un surcroit de puissance à l'accélération (comme la Honda Civic Hybrid, il y a 12 ans...) Le moteur électrique n'est pas capable de fonctionner seul. Par contre, avec le Xtronic, il apporte une fonction "coasting stop" : en dessous de 19km/h, la voiture est à vitesse constante (par exemple, dans les bouchons), il coupe le moteur thermique. De quoi gagner 4g de CO2.

Le 1,5l DiG-T, uniquement en 4x2, est associé à l'e-Power inauguré par la Note (uniquement disponible au Japon.) Il dispose d'une puissance totale de 140kW (l'équivalent de 187ch.) Le moteur électrique intervient à l'accélération et au freinage. Il permet également davantage de "coasting stop".

Côté autonomie, la version Xtronic dispose du ProPILOT with Navi-link. Le système se repose sur une caméra et un radar. En ligne droite, si le trafic s'arrête, le ProPILOT arrête complètement le véhicule. Et si cela repart, mais que le Qashqai reste arrêté plus de 3 secondes, vous repartez ! Il possède également une détection des angles morts.

Le maitre-mot, ce fut donc l'évolution en douceur. Tant en terme de style extérieur, que de contenu technologique. De quoi rassurer une clientèle conservatrice.

Après tout, c'est le best-seller de Nissan, qui représente près de la moitié des ventes Européennes. On peut comprendre que le constructeur ne souhaite pas prendre trop de risque.

Néanmoins, on voit une position des SUVphobe de la part des pouvoirs publics. Est-ce que la clientèle acceptera le malus et l'exclusion des ZFE ? Est-ce que des mouvements type Gilets Jaunes forceront les gouvernements à faire marche arrière ? Ou bien la clientèle fera-t-elle le gros dos, s'orientant vers des véhicules électriques, quitte à sacrifier la polyvalence ? Voire revenir vers les voitures basses, au détriment de l'habitabilité ?

L'automobile arrive à un croisement et bien malin celui qui saura la direction qui sera prise...

(Captures d'écran de Nissan.)

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