Berliet GLM "Chinois" par Hachette


Ca manque de camions, dans ma collection de miniatures ! Et tant qu'à être cocardier, pourquoi pas un Berliet ? Et pour être raccord avec mon tropisme Chinois, voici l'un des GLM vendus en Chine, en 1965. Cela marquera le début d'un triptyque sur les camions français en Chine...

L'histoire complète de Berliet est évoquée dans mon excellent ouvrage Les voitures Chinoises. Vous ne l'avez pas ? Filez l'acheter !

Faisons quand même un retour sur l'historique de ce Berliet GLM "Chinois"...


L'acte fondateur du transport routier, en France, ce fut Verdun. Le camion s'était rendu indispensable. Néanmoins, dans l'entre-deux guerres, les camions étaient lents et avec une charge limitée. Leur usage se limitait essentiellement à du dernier kilomètre. Aller chercher des marchandises à la gare ou au port et les acheminer vers le client.

Avec l'arrivée du diesel, les performances des camions firent un bond. Mais l'usage restait. Signalons aussi que c'était un marché très atomisé. Les constructeurs étaient souvent des constructeurs de voitures n'ayant pas su prendre le train infernal de la reprise (notamment Berliet.)

La Seconde Guerre Mondiale fut une autre victoire du camion. Les Américains les utilisèrent pour du transport trans-national. On déchargeait en Normandie, puis à Anvers et on roulait jusqu'à Berlin ! Malgré cela, le transport routier Français du poids-lourd de l'immédiat-après-guerre était peu ou proue celui de 1939. La production portait presque exclusivement sur des porteurs et rigides.
Mais à l'époque, les villes se métamorphosaient. Les industries étaient chassés des centre-ville, pour que l'on y crée des immeubles d'habitation. La SNCF décidait également de sabrer nombre de désertes locales. Les entreprises se retrouvaient de plus en plus loin d'une voie ferrée ou d'un port. Alors que timidement, les premières autoroutes apparaissaient.
Industriellement, l'état Français poussa Renault, Somua et Latil à fusionner au sein de Saviem. Les autres se retrouvaient marginalisés.
Berliet fut l'un des seuls à percevoir la mutation de la demande. Face aux besoins du génie civil, il devint le spécialiste du camion-benne. Et pour circuler sur les nouvelles autoroutes, il construisit des semi-remorques. Deux domaines où Saviem était peu présent, malgré ses efforts et qui permirent à Berliet de sortir de l'ornière. Paul Berliet avait bien compris que la prochaine étape ça allait être une consolidation européenne, voire mondiale. Pour gagner en taille, il ouvrit des usines en Algérie, au Maroc, au Portugal et il prospecta jusqu'en Corée du Nord !


En 1955, Paul Berliet visita le pavillon Chinois de la foire de Lyon. Les représentants du Pays du Milieu étaient intéressés par les camions de génie civil de Berliet. Le développement des infrastructures étant l'un des axes du premier plan quinquennal Chinois. En 1958, la Chine commanda ainsi des camions auprès de Berliet-Maroc, alors que FAW commençait à produire de CA10 Jiefang au goutte à goutte.

Fin 1963, le premier ministre Zhou Enlai (ancien ouvrier de Berliet, dans sa jeunesse) visita les unités d'assemblage de Berliet-Maroc et Berliet-Algérie. Il voulait une unité similaire en Chine. Le contrat portait sur la production de 4 000 camions, avec des transferts de technologie et la formation de techniciens Chinois à Vénissieux.

La France fut le premier pays occidental à reconnaitre la République Populaire de Chine. En 1965, Georges Pompidou s'embarqua en Chine. Claude Bataille (Poclain), Paul Berliet et un représentant de Bernard Moteurs furent du voyage. La France organisa un mini-salon du TP à Pékin. Pour l'occasion, tout le matériel était repeints en bleu "costume Mao"...

Mais seuls les GLM intéressèrent les Chinois. Poclain dut attendre une trentaine d'années pour enfin poser un orteil en Chine. Seuls une poignée de camion-benne GLM furent effectivement assemblés. Puis les Chinois commencèrent à monter des cabines Soviétiques sur des châssis Berliet. La Chine était de plus en plus paranoïaques. Tant pis pour le BTP ! La production était presque exclusivement tournée vers l'armée.
Apparemment, à Lyon, les stagiaires Chinois auraient approché un GBC. Grâce aux informations, la First Tractor Factory développa le DongFangHong DFH665. Lequel fut remplacé par le DongFeng EQ240, toujours très proche du GL.

Puis ce fut la Révolution Culturelle. Les ponts avec la France furent coupés. Revenus au pays, les stagiaires furent accusés (et donc condamnés) d'avoir eu le "cerveau perverti par des idées de droite". On ne les a plus revu ensuite...

En 1971, alors que la situation se calmait, Paul Berliet reçu le ministre Chinois du commerce extérieur. Il lui vanta les mérites de son tracteur GR.
En 1973, Georges Pompidou revint en Chine, cette fois, en président de la république. Paul Berliet put enfin s'offrir un voyage approfondi. Les usines disposant d'une licence étaient quasiment à l'arrêt. Le PDG découvrit des copies de GLM et de GBU. Deux ans plus tard, Deng Xiaoping se déplaça à Vénissieux. Il s'agissait de réfléchir à un nouveau contrat. En parallèle, le CNPF (l'actuel Medef) nomma Paul Berliet à la tête du Comité France Chine. Il conseillait les patrons souhaitant faire des affaires. D'après la légende, il aurait mis la main sur un stock de DS21 invendues. Elles furent offertes aux officiels Chinois, à chaque signature de contrat... Il aurait ensuite fait de même avec des Talbot Horizon, puis des CX.

Hélas, à la même époque, Renault rachetait Berliet. Le pôle PL était désormais bicéphale, avec Berliet et Saviem. Paul Berliet était mis de côté. A la fusion des deux marques, il tenta de pousser la production d'un camion Renault en Chine. Mais l'idée n'intéressait pas la marque au losange. Les Chinois choisirent Steyr. En 1983, Paul Berliet pris sa retraite de Renault Véhicule Industriel et du Comité France Chine. Pourtant, il continuait d'œuvrer en coulisse et il aurait eu un rôle dans la mise en production de la ZX/Fukang...

Pour autant, ce n'était pas la fin de l'histoire, pour les camions français en Chine... J'évoquerai la suite dans pas longtemps. Alors abonnez-vous pour ne pas la manquer. Plus sérieusement, que ce soit sur X ou sur Facebook, c'est de plus en plus compliqué de promouvoir du contenu, sans passer à la caisse.

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