42. Citroën 11cv Familiale
Lorsque j'ai vu cette Citroën 11cv Familiale, il fallait qu'on me prenne en photo avec !
Ces derniers temps, j'ai croisé des lecteurs. Ils m'ont dit que moi, au moins, je ressemblais à mes photos sur le blog ! Il faut dire que je connais des confrères qui abusent de photoshop pour se maigrir, se regarnir ou se déblanchir. Les gars, vous vous croyez sur Tinder ?
C'est donc une Citroën 11cv Familiale, mais davantage en état d'origine que celle que j'ai croisé il y a 6 mois. A l'époque, j'avais évoqué cette ultime 11cv, lancée alors que la DS19 était dans les starting-blocks et qui fut produite jusqu'en 1957.
La particularité de celle-ci, c'est que c'est un VTC. Un vide qui lui permet de rouler dans Paris intra-muros, en pleine semaine, malgré un âge canonique. Lorsqu'elle est sortie de l'usine du quai de Javel, Anne Hidalgo n'était même pas née !
Ah, les VTC...
Commençons par évoquer les taxis.
Les premières voitures de "louage" étaient les chaises à porteurs. Henri VIII lança la mode au XVIe siècle. Les aristocrates de toute l'Europe voulurent leur chaise à porteurs. Les bourgeois, eux, se contentaient d'en héler une. Faute d'en avoir les moyens, ils se rabattaient sur la brouette, une chaise tirée par une femme ou un enfant, avec des roues à l'arrière.
Les villes européennes sont bien trop exigües pour les diligences, toujours plus imposantes. Au milieu du XVIIe siècle, on vit apparaitre les fiacres (d'après un marchand installé rue Saint Fiacre, à Paris ?) Au XIXe siècle, les villes s'étendent. Les urbanistes percèrent de grands boulevards dans les capitales. Les fiacres tenaient le haut du pavé. Jules Verne avait imaginé des calèches sans chevaux, fonctionnant aux GPL. Les voitures de louage apparurent à la fin du XIXe siècle et elles prirent progressivement le pas sur les voitures hippomobiles. Bientôt, on les appela "taxis" (d'après le taximètre ou d'après la famille Tassi -ou Taxis- inventeurs des liaisons postales ?) L'homme d'affaires André Walewski, arrière-petit-fils de Napoleon, créa une compagnie de taxis, à Paris. Il la rebaptisa "G7" car les plaques minéralogiques de ses véhicules débutaient par "G7". G7, première grande compagnie, posséda jusqu'à 85% du marché. Les fameux Taxis de la Marne, c'était une idée de Walewski. Après-guerre, André Citroën, toujours avide de coup, lança sa compagnie, pour faire vaciller le quasi-monopole de G7. Du coup, Renault acheta G7. A la même époque, les Russes débarquèrent dans les taxis. D'abord des "Russes blancs" chassés par la révolution, puis des Ukrainiens fuyant la famine. Dans Lolita, la première épouse du narrateur le quitte pour le chauffeur Russe qui les transporte. Avec la crise de 1929, des chômeurs s'improvisaient chauffeurs. Le marché était saturé et les coups bas fréquents. La préfecture de police de Paris fit le ménage. Le nombre de chauffeurs passa de 32 000 à 14 000, avec numerus clausus. Une brigade spéciale de surveillance des taxis fut créée. A l'époque, en argot, les policiers sont "les bourres". Avec l'accent russe, ça devenait "boers". D'où le surnom de la brigade, sans lien avec les fermiers Sud-Africain.
Après la seconde guerre mondiale, le métier de chauffeur de taxi n'intéressait plus. Faute de repreneur, des chauffeurs rendirent gratuitement leur plaque à la retraite. Les taxis firent pression sur la préfecture pour que le numerus clausus passe de 14 000 à 11 000, avant de remonter à 12 500 en 1956. La préfecture donna des licences au rapatriés d'Algérie. Nombre d'immigrés Portugais et Algériens se firent chauffeur. C'était un métier demandant peu de qualifications (même si la préfecture imposa un examen) et l'été, la berline pouvaient servir à ramener cadeaux et produits divers au bled... La demande en licences dépassait l'offre. La préfecture donne des plaques gratuitement, mais les chauffeurs la revendent à prix d'or. C'est d'ailleurs considéré comme un complément de retraite.
New York est envahie de "yellow cabs". A Londres, on peut héler un "black cab" et la course ne coute que quelques livres, même en pleine nuit. D'ailleurs, les taxis attendent sagement devant les boites de nuit. Et en France ? Les taxis sont nul part. Le tarif de revente d'une plaque dépasse 200 000€. Pour maintenir le cours, les chauffeurs font pression sur la préfecture de police de Paris. D'où un nombre de plaques qui progresse lentement... Il y avait 17 924 taxis en 2018. On reste loin des 32 000 taxis de 1937...
Les taxis parisiens sont surtout dans les aéroports, quitte à y faire une heure d'attente. Et malgré tout, le client est loin d'être roi... J'avais un prof qui habitait une localité proche d'Orly et il devait négocier pour qu'on l'accepte ! Pas question de s'assoir devant. Si vous êtes trois, entassez-vous à l'arrière. Si vous êtes quatre (par exemple, un couple avec deux enfants), prenez deux taxis ! Ca sent la sueur (ou l'Air wick censé masqué la sueur.) Le chauffeur effectue de beaux détours (si vous trouvez un chauffeur qui quitte Roissy par l'A1, faites-moi signe), y compris avec les Parisiens ! A l'arrivée, avec le tarif "C", c'est le coup de bambou. Bien sûr, le terminal CB est en panne. Et non, comme par hasard, même en fin de service, il n'a pas de monnaie...
Personnellement, après m'être fait arnaqué plusieurs fois, je me suis juré de ne plus mettre les pieds dans un taxi parisien. Et je ne suis pas le seul. Les touristes se plaignent régulièrement et dans les études, moins de 10% des sondés se disent satisfaits !
A une époque, G7 m'envoyait leurs communiqués de presse, pour dire à quel point leurs taxis sont super. Je leur ai répondu par mon majeur levé et depuis, ils m'ont sorti de leur mailing-list.
Dans un premier temps, les VTC, à Paris, c'était une bénédiction. Des voitures propres, des chauffeurs polis, un tarif négocié à l'avance avec un itinéraire fixé... Les chauffeurs de taxis n'ont guère apprécié. Des chauffeurs ont eu droit à la bastonnade et des véhicules ont été vandalisé.
L'état a fait fusionner VTC et Grandes Remises. Les conditions d’obtention d'une licence se sont durcies. La mairie de Paris a même proposé un numerus clausus ! Uber a marginalisé les concurrents. Notamment Voitures Noires, dont le porte-parole était un certain Emmanuel M... Les chauffeurs sont des prestataires payés à la course. Beaucoup se sont découragés, à commencer par les plus serviables. Le week-end, dans Paris, c'est un ballet de 508 et autres Superb noires. Ils grillent les feux rouges, déposent leurs clients au beau milieu d'un carrefour et ils font demi-tour sur place. Tout est bon pour maximiser le nombre de clients chargés. Et si vous avez une valise, le chauffeur ouvre le coffre à distance et démerdez-vous ! La rumeur dit que les chauffeurs de VTC sont majoritairement des repris de justice.
Ces derniers temps, j'ai croisé des lecteurs. Ils m'ont dit que moi, au moins, je ressemblais à mes photos sur le blog ! Il faut dire que je connais des confrères qui abusent de photoshop pour se maigrir, se regarnir ou se déblanchir. Les gars, vous vous croyez sur Tinder ?
C'est donc une Citroën 11cv Familiale, mais davantage en état d'origine que celle que j'ai croisé il y a 6 mois. A l'époque, j'avais évoqué cette ultime 11cv, lancée alors que la DS19 était dans les starting-blocks et qui fut produite jusqu'en 1957.
La particularité de celle-ci, c'est que c'est un VTC. Un vide qui lui permet de rouler dans Paris intra-muros, en pleine semaine, malgré un âge canonique. Lorsqu'elle est sortie de l'usine du quai de Javel, Anne Hidalgo n'était même pas née !
Ah, les VTC...
Commençons par évoquer les taxis.
Les premières voitures de "louage" étaient les chaises à porteurs. Henri VIII lança la mode au XVIe siècle. Les aristocrates de toute l'Europe voulurent leur chaise à porteurs. Les bourgeois, eux, se contentaient d'en héler une. Faute d'en avoir les moyens, ils se rabattaient sur la brouette, une chaise tirée par une femme ou un enfant, avec des roues à l'arrière.
Les villes européennes sont bien trop exigües pour les diligences, toujours plus imposantes. Au milieu du XVIIe siècle, on vit apparaitre les fiacres (d'après un marchand installé rue Saint Fiacre, à Paris ?) Au XIXe siècle, les villes s'étendent. Les urbanistes percèrent de grands boulevards dans les capitales. Les fiacres tenaient le haut du pavé. Jules Verne avait imaginé des calèches sans chevaux, fonctionnant aux GPL. Les voitures de louage apparurent à la fin du XIXe siècle et elles prirent progressivement le pas sur les voitures hippomobiles. Bientôt, on les appela "taxis" (d'après le taximètre ou d'après la famille Tassi -ou Taxis- inventeurs des liaisons postales ?) L'homme d'affaires André Walewski, arrière-petit-fils de Napoleon, créa une compagnie de taxis, à Paris. Il la rebaptisa "G7" car les plaques minéralogiques de ses véhicules débutaient par "G7". G7, première grande compagnie, posséda jusqu'à 85% du marché. Les fameux Taxis de la Marne, c'était une idée de Walewski. Après-guerre, André Citroën, toujours avide de coup, lança sa compagnie, pour faire vaciller le quasi-monopole de G7. Du coup, Renault acheta G7. A la même époque, les Russes débarquèrent dans les taxis. D'abord des "Russes blancs" chassés par la révolution, puis des Ukrainiens fuyant la famine. Dans Lolita, la première épouse du narrateur le quitte pour le chauffeur Russe qui les transporte. Avec la crise de 1929, des chômeurs s'improvisaient chauffeurs. Le marché était saturé et les coups bas fréquents. La préfecture de police de Paris fit le ménage. Le nombre de chauffeurs passa de 32 000 à 14 000, avec numerus clausus. Une brigade spéciale de surveillance des taxis fut créée. A l'époque, en argot, les policiers sont "les bourres". Avec l'accent russe, ça devenait "boers". D'où le surnom de la brigade, sans lien avec les fermiers Sud-Africain.
Après la seconde guerre mondiale, le métier de chauffeur de taxi n'intéressait plus. Faute de repreneur, des chauffeurs rendirent gratuitement leur plaque à la retraite. Les taxis firent pression sur la préfecture pour que le numerus clausus passe de 14 000 à 11 000, avant de remonter à 12 500 en 1956. La préfecture donna des licences au rapatriés d'Algérie. Nombre d'immigrés Portugais et Algériens se firent chauffeur. C'était un métier demandant peu de qualifications (même si la préfecture imposa un examen) et l'été, la berline pouvaient servir à ramener cadeaux et produits divers au bled... La demande en licences dépassait l'offre. La préfecture donne des plaques gratuitement, mais les chauffeurs la revendent à prix d'or. C'est d'ailleurs considéré comme un complément de retraite.
New York est envahie de "yellow cabs". A Londres, on peut héler un "black cab" et la course ne coute que quelques livres, même en pleine nuit. D'ailleurs, les taxis attendent sagement devant les boites de nuit. Et en France ? Les taxis sont nul part. Le tarif de revente d'une plaque dépasse 200 000€. Pour maintenir le cours, les chauffeurs font pression sur la préfecture de police de Paris. D'où un nombre de plaques qui progresse lentement... Il y avait 17 924 taxis en 2018. On reste loin des 32 000 taxis de 1937...
Les taxis parisiens sont surtout dans les aéroports, quitte à y faire une heure d'attente. Et malgré tout, le client est loin d'être roi... J'avais un prof qui habitait une localité proche d'Orly et il devait négocier pour qu'on l'accepte ! Pas question de s'assoir devant. Si vous êtes trois, entassez-vous à l'arrière. Si vous êtes quatre (par exemple, un couple avec deux enfants), prenez deux taxis ! Ca sent la sueur (ou l'Air wick censé masqué la sueur.) Le chauffeur effectue de beaux détours (si vous trouvez un chauffeur qui quitte Roissy par l'A1, faites-moi signe), y compris avec les Parisiens ! A l'arrivée, avec le tarif "C", c'est le coup de bambou. Bien sûr, le terminal CB est en panne. Et non, comme par hasard, même en fin de service, il n'a pas de monnaie...
Personnellement, après m'être fait arnaqué plusieurs fois, je me suis juré de ne plus mettre les pieds dans un taxi parisien. Et je ne suis pas le seul. Les touristes se plaignent régulièrement et dans les études, moins de 10% des sondés se disent satisfaits !
A une époque, G7 m'envoyait leurs communiqués de presse, pour dire à quel point leurs taxis sont super. Je leur ai répondu par mon majeur levé et depuis, ils m'ont sorti de leur mailing-list.
Dans un premier temps, les VTC, à Paris, c'était une bénédiction. Des voitures propres, des chauffeurs polis, un tarif négocié à l'avance avec un itinéraire fixé... Les chauffeurs de taxis n'ont guère apprécié. Des chauffeurs ont eu droit à la bastonnade et des véhicules ont été vandalisé.
L'état a fait fusionner VTC et Grandes Remises. Les conditions d’obtention d'une licence se sont durcies. La mairie de Paris a même proposé un numerus clausus ! Uber a marginalisé les concurrents. Notamment Voitures Noires, dont le porte-parole était un certain Emmanuel M... Les chauffeurs sont des prestataires payés à la course. Beaucoup se sont découragés, à commencer par les plus serviables. Le week-end, dans Paris, c'est un ballet de 508 et autres Superb noires. Ils grillent les feux rouges, déposent leurs clients au beau milieu d'un carrefour et ils font demi-tour sur place. Tout est bon pour maximiser le nombre de clients chargés. Et si vous avez une valise, le chauffeur ouvre le coffre à distance et démerdez-vous ! La rumeur dit que les chauffeurs de VTC sont majoritairement des repris de justice.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Qu'est-ce que vous en pensez ?