BMW, un siècle d'excellence


La fin de l'année approche et déjà, on trouve des ouvrages à mettre au pied du sapin. Voici BMW, un siècle d'excellence, de Tony Lewin, aux éditions Glénat.

Comme le bandeau l'indique, ce livre fut publié pour le centenaire de BMW (2016), puis augmenté ensuite. Une période marquée par l'hybridation, voire l'électrification de la gamme.

Le point de repère, c'est un Les Grandes Marques de Gmünd. Comme BMW, un siècle d'excellence, c'est un livre écrit par un Britannique, puis traduit en français. Son point faible, c'est qu'il est sorti en 1985, juste avant la grande offensive (E30, E32, E34...) Ce serait un peu comme lire un livre sur les conquêtes espagnoles, qui aurait été écrit en 1491...

BMW, c'est avant tout une marque à l'histoire féconde. Une saga passionnante. Ce fut d'abord un avionneur forcé de se reconvertir dans les motos, après le traité de Versailles. Franz Popp profita des malheurs de l'industrie auto Allemande pour faire son marché. Sur 4 roues, ce fut alors une marque qui joua des coudes dans les années 30. Moribond après-guerre, BMW réussit in extremis à sortir de la marginalité grâce à Herbert Quandt, poussé par son demi-frère, Harald Quandt. Puis ce fut l'ascension des années 60, 70, 80. BMW faisant son nom dans l'access premium sportif, au niveau Européen, balayant les spécialistes Britanniques et Italiens. La mutation en groupe, avec Rolls-Royce et MINI et l'accès à une envergure mondiale, sous l'impulsion de Bernd Pischetsrieder. Et donc, dans l'ajout, le défi de l'après-pétrole.

Tout cela est évoqué en 236 pages. Y compris le très controversé Harald Quandt...

Ajoutons que le rajout a été bien réalisé. C'est complètement transparent pour le lecteur. C'était pourtant un exercice compliqué.

Le premier point-fort de l'ouvrage, c'est une narration non-linéaire. Tony Lewin a pris le parti d'évoquer des thématiques. Au lieu d'une chronologie classique.

On explique à tous les thésards qu'avant d'écrire, ils doivent définir les limites de leur sujet. Comme je l'ai souligné récemment avec Mazda, il n'y a pas de génération spontanée dans l'automobile ! Tous les constructeurs sont soit né de la diversification d'un groupe industriel, soit de la reprise de tout ou partie d'une marque préexistante (voire des deux, comme Citroën ou Škoda.)

Trop de livres sur BMW se limitent aux voitures. Pas celui de Tony Lewin. Non seulement il évoque les motos et les avions, mais il s'offre des également des incartades sur MINI, Rolls-Royce et même Rover. Une information nécessaire pour appréhender l'histoire de la firme à l'hélice. Journaliste à Automotive News Europe, Lewin se délecte de retracer les évolutions économiques du groupe BMW ces trente dernières années.

Le "moins bien", c'est l'iconographie. L'auteur a pris le parti de piocher exclusivement dans la médiathèque de BMW.

Par exemple, cette vue d'un concessionnaire berlinois, en 1929, dans les premières pages...

...Se retrouve en quelques clics sur le site "presse" du groupe :

Ces images correspondent à une vision univoque : celle du groupe. 

Or, ma vision d'un livre est qu'il faut au contraire multiplier les points de vue, les mettre en parallèle, les confronter. Employer des images d'agences photographiques, d'archives diverses et surtout, utiliser des sources provenant de différents pays. Et c'est d'autant plus vrai pour une marque aussi évocatrice de BMW : chacun possède son propre rapport à elle.

Et puis, il y a le texte. Pour le livre des éditions Gründ, ils avaient fait un minimum d'efforts pour la traduction et l'adaptation. Gründ prenait des livres Britanniques de source diverses. Une fois passé par la moulinette, ils donnaient l'impression d'être issu d'une même collection.

Ici, pas de salamalecs. On prend un texte, un coup de Google Traduction et c'est marre ! Le pire, c'est que Glénat a charge la société EDICLIC de la traduction et de l'adaptation. J'espère qu'ils ne les ont pas payés trop cher...
Non seulement, le livre est truffé d'anglicismes. Mais on retrouve une appétence toute Britannique pour les tournures passives et les propositions raccrochées les unes aux autres. Sans oublier un vocabulaire très pauvre.
D'où des phrases à rallonge. Une fois arrivé à la fin, on a oublié le début ! Prenons une phrase, à titre d'exemple : "C'est ainsi que naquit la première moto avec moteur boxer de BMW, qui fera l'effet d'un séisme dans le secteur, et accédera au statut de référence durant les cents ans suivants." A la place, j'aurais écrit : "Ainsi, BMW lança sa première moto à moteur boxer. Ce fut un véritable séisme dans le secteur. Et cette architecture d'être toujours une référence, un siècle plus tard."

En conclusion, voici un livre très complet. A 35€, le prix est raisonnable. Il a été écrit par quelqu'un qui maitrise son sujet. Notez d'ailleurs que Tony Lewin a déjà écrit une demi-douzaine d'ouvrages.

Par contre, comme souvent chez Glénat, l'adaptation a été bâclée. Et il n'aurait pas manqué grand chose. Tant pis.

Commentaires

Articles les plus consultés