Ralph Lauren

Encore une voiture qui sert d'accessoire pour une pub de vêtements ! En l'occurrence, une BMW série 3 (E30) 4 portes. Le gag, c'est que cette affiche était collée dans une zone interdite à la circulation  (dans le cadre de "Paris respire".) Donc, il aurait été impossible de garer une série 3 à proximité...

La voiture est immatriculée en Grande-Bretagne. Mais j'avais l'impression qu'elle venait d'Afrique du Sud. L'usine BMW de Rosslyn. Laquelle a fabriqué l'étonnante 333i  (conçue en collaboration avec Alpina.)
BMW n'est guère bavard sur les débuts de Rosslyn. "L'usine était gérée par un partenaire, BMW a toujours fait pression pour employer un maximum de noirs. Merci, fin de la présentation, il n'y aura pas de questions. " Il préfère s'étendre sur les investissements récents. Dans les années 60, le marché Sud-africain est florissant. Les Afrikaners ont une dent contre les Anglais. Ils préfèrent les Allemandes. En réaction à l'apartheid, les produits Sud-africains sont boycottés. Du coup, le pays surtaxe les importations. En 1966, l'importateur BMW ouvre un atelier d'assemblage à Rosslyn. A la même époque, BMW vient de racheter Glas. Il arrête la production de la berline 1700. L'importateur lui en rachète l'outillage et y installe un 2,0l BMW. Cette BMW 2000 connaît un certain succès. Elle est même exportée, sous forme de kits, en Rhodesie, où un importateur local l'assemble. En 1973, BMW décide de devenir copropriétaire de ce représentant Sud-africain  (avant de le racheter complètement.) En conséquence, les ponts sont coupés avec la sulfureuse Rhodesie. C'est en Afrique du Sud que Bernd Pischetsrieder fait ses débuts. BMW gagna beaucoup d'argent au temps de l'apartheid. En 1991, le constructeur demananda à Esther Mahlangu de lui créer une art-car. L'artiste Sud-africaine travailla sur une BMW 525i construite à Rosslyn. Par ce geste, BMW fut dédouané d'avoir prospéré sous l'apartheid!
En 2017, Volkswagen fit la lumière sur les agissements de sa filiale brésilienne durant les années de dictature (1964-1985.) L'usine brésilienne avait fiché les ouvriers ayant des sympathies communistes. Le fichier était transmis à l'armée, qui cueillait les personnes sur leur poste de travail. Volkswagen mettait même à disposition de l'armée un entrepôt où les communistes avait tendance à tomber dans l'escaler... Nul doute que le rapport fut confié à un juriste pour une estimation des dommages éventuels  (et comment minimiser les sommes...) Aussi cynique que le fut cette démarche, c'est un cas unique. Or, Volkswagen n'était pas le seul à produire au Brésil. L'actuel FCA y a possédé jusqu'à 4 filiales ! Il serait donc probable qu'il se soit lui aussi compromis...
Comme l'Afrique du Sud et le Brésil, nombre de régimes autoritaires ont accueilli des unités d'assemblage, comme l'Espagne franquiste, l'Iran du Shah, la Rhodesie ou aujourd'hui, le Kazakhstan. Difficile de croire qu'il n'y eu aucune compromission avec les régimes... C'est donc le pas vu, pas pris qui domine...
Une usine est souvent un foyer d'agitation sociale. A fortiori dans l'automobile, grosse consommatrice de main d'oeuvre.  Par définition, ce sont des damnés de la terre. Et puis, c'est plus facile de distribuer des tracts à la sortie de l'usine, que de faire du porte à porte dans les PME. Sans oublier un effet d'émulation, entre des centaines, voire des milliers d'ouvriers qui échangent en permanence sur leurs frustrations... Les régimes autoritaires en sont bien conscients. Leurs services de renseignements privilégient les usines. C'est la "contre-révolution". Les Français furent les premiers à la théoriser. Dans les années 60, le pays envoya même Paul Aussaresses en tournée mondiale chez les dictatures !

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