Racetrack to road: the new Lamborghini Huracán STO

Après nous avoir savamment mis l'eau à la bouche, Lamborghini nous dévoila son nouveau joujou. Une Huracán exclusivement utilisable sur piste. C'est la STO, Super Trofeo Omologata.

L'e-présentation débuta par un mot de Stefano Domenicali, le PDG de la marque au taureau. Juste un "benvenuti". Néanmoins, la séquence va devenir collector : c'était sa dernière prise de parole, en tant que que PDG.
En effet, quelques heures plus tôt, il était annoncé que Stephan Winkelmann retrouvait son poste de PDG (tout en conservant la barre de Bugatti.) Et le lendemain, Domenicali était intronisé PDG du Formula One Group. Le monde est petit : Domenicali avait succédé à Jan Todt comme patron de la Scuderia Ferrari, puis il fut l'adjoint de ce même Todt à la FIA (comme responsable des formules de promotion), avant de remplacer Winkelmann à la tête de Lamborghini et voilà qu'il se rapproche de nouveau de Todt, tandis que Winkelmann retrouve son poste !

Saviez-vous que cette année, Lamborghini avait remporté les 24 heures de Daytona, avec un doublé à la clef ? (NDLA : en catégorie GTD -GT3- .)

Car pour présenter la STO, ils avaient décidé d'évoquer ce fait toutes les 10 secondes

Un aparté sur Sant'Agatha Bolognese, pour rappeler le terroir de Lamborghini. Avec une Huracán GT3 EVO circulant dans les rues -désertes, pour cause de Covid- de Bologne.

Puis, l'on revint en Floride, avec un simili-retour sur Daytona, entrecoupée d'images de l'Huracán STO dans la pénombre...

Le tout avec une voix-off digne d'une bande annonce de film Américain.

Puis, après la ligne d'arrivée, une Huracán STO jaillit. La séquence a été tournée à Daytona. Le procédé est peu subtil, mais efficace.

Et pour rester dans le style bande-annonce, on a eu droit au bandeau "basé sur une histoire vraie". Rapport aussi au fait que la STO dérive de la GT3 EVO qui a couru -et gagné- à Daytona.

Et les trois victoires en GTD, présentées comme autant de prix cinématographiques...

Maurizio Reggiani, le directeur technique, nous offrit un tour du propriétaire. 

Ainsi, cette Huracán STO est directement inspirée des Super Trofeo EVO et GT3 EVO de compétition. Alors que sur les Huracán de route, le V10 5,3l 640ch entraine les 4 roues, ici, il ne propulse que les roues arrières (comme sur les voitures de compétition.)
Squadra Corse s'est occupé de l'aérodynamique. Petite coquetterie : la lame avant est une reprise du concept-car Sesto Elemento. Le capot, pardon, le confango, incorpore une prise d'air. Le bouclier arrière reçoit une prise d'air NACA et son dessin provient de la Super Trofeo EVO. On note les prise d'air sur le capot et surtout, l'arrête dorsale. L'aileron arrière devient mobile. Ainsi globalement, la circulation de l'air a été optimisée de 37%, avec 53% d'appui supplémentaires.
Les freins sont des Brembo CCM-R ; Des carbones-céramique destinés à la piste. Ils peuvent encaisser 60% de stress supplémentaire et leur efficacité grimpe de 25%. 75% des panneaux de carrosseries sont en carbone. Les passages de roue arrière, signé Akrapovič, sont en titane ; de quoi gagner 40% de masse sur des passages de roue acier. Les jantes 20" sont en magnésium et même le parebrise a maigri de 20%. Ainsi, avec 1 339kg sur la balance, elle a perdu 43kg par rapport à une Huracán Performante (sachant que la première Huracán pesait 1 553kg.) Malgré l'ajout d'un arceau-cage.
Pour de meilleures performances, sans toucher au moteur, la réponse de l'accélérateur a été revue. Les liaisons au sol ont été revues, avec de nouvelles barres anti-roulis et des roues davantage écartées. La Lamborghini Veicolo Dinamica Integrata (LDVI) vous propose trois réglages : STO, Trofeo and Pioggia (pluie.) L'ESC est complètement débrayable.

Avec un 0-100 km/h en 3" et vitesse maximale de 310km/h, la STO se ferait légèrement battre par une Performante, en ligne droite. Mais sur un tour de circuit...

Prix : 249 412€ (HT.) La STO n'a pas encore effectué de cycle WLTP pour les émissions de CO2. Les livraisons débuteront au printemps prochain.

Les propriétaires pourront choisir leur nuance de teinte extérieure, sans palette pré-définie. Ici, on a un Blu Laufey et Arancio California très "Gulf" (alors que Pertamina est partenaire sur Supr Trofeo.)
Et pour une raison inconnue, Reggiani et la STO se retrouvent propulsées dans un décor de cité balnéaire. On dirait une capture d'écran de Gran Turismo !

A défaut de pouvoir se mettre au volant, Lamborghini nous proposa une espèce d'atelier virtuel.

Vous pouviez faire le tour de la voiture, mais également cliquer sur différents éléments pour en savoir plus sur le véhicule. Il était également possible de cliquer sur des éléments du décor et lancer des animations.
Ça m'a rappelé les CD-Rom de la fin des années 90. A l'époque, les développeurs cherchaient à créer des contenus interactifs ; cela récompensait la curiosité. Ici, c'est mille fois plus vivant que le photomaton de Bentley.

Il était ainsi possible d'écouter le bruit du V10. Que dis-je, la symphonie du V10...

A la TV, les 24 heures de Daytona, bien sûr !

Andrea Caldarelli et Marco Mapelli évoquent "leurs" 24 heures.
En 2008, lorsque j'ai assisté pour la première fois aux World Series by Renault, au Bugatti, j'avais vu Caldarelli terminer 2e de la manche de FR 2.0. Son nom m'avait marqué car il était un presque homonyme d'Enzo Caldelari. Un gentleman-driver des années 90, qui courait en GT avec sa compagne Lilian Brunner.
L'an dernier, Caldarelli et Mapelli furent coéquipier chez Orange1 FFF Racing Team, en Blancpain (où ils décrochèrent le titre.) Pour les 24 heures de Daytona 2020, Lamborghini décida de les séparer. Ils se retrouvèrent respectivement chez Paul Miller et GRT Marcus. 24 heures plus tard, ils se battirent pour la victoire. Il fallu alors pousser, tout en préservant la mécanique et éviter un contact... Caldarelli tint le coup et il s'imposa devant son ex-équipier.

Si vous cliquiez sur la porte du fond, vous assistiez alors à une présentation de Squadra Corse. Giorgio Sanna, son responsable et Leonardo Galante, le directeur technique, vous présentaient leur structure.

Ce n'est que depuis 2013 que Lamborghini possède un service compétition officiel, après des années de projets suivi de plus ou moins loin par l'usine. Il développe les Super Trofeo en GT3, tout en assurant un suivi des clients. 

A titre de comparaison, les services compétition-clients de Porsche et Ferrari sont apparus respectivement en 1986 et 1993.

Et pour nous montrer que Squadra Corse fait parti intégrante de Lamborghini, ils nous montrèrent une GT3 EVO roulant au milieu des parking de l'usine...

Squadra Corse va plutôt bien. Il était a priori ardu de s'imposer face à des mastodontes de la compétition-clients. Tant sportivement, que commercialement (d'autant plus que depuis, Audi et McLaren se sont joints à la danse.) La firme au taureau y est allé à tâtons avec le Super Trofeo, en 2009 (alors disputé avec des Gallardo), avant de changer de dimension avec l'Huracán, en 2015. Evidemment, l'Huracán prit le relais de la Gallardo en Super Trofeo. Mais surtout, elle eu droit à un ambitieux programme GT, avec la GT3.

Pour autant, Lamborghini sèche les 24 Heures du Mans ; Squadra Corse préfère se focaliser sur Daytona. Il est vrai que les Etats-Unis sont un débouché important pour le constructeur. Il y participe depuis 2018 et s'y est imposé à chaque fois.

Après, on ne parle que d'une victoire de catégorie, qui correspond aux environs de la 20e place du scratch. Lexus et Aston Martin sont les deux seuls autres constructeurs à s'impliquer officiellement en GTD, à Daytona. Porsche ayant annoncé en décembre dernier qu'il réduisait la voilure en GT.

Squadra Corse admet qu'à chaque fois, ce sont eux les plus nombreux. En 2020, ils alignaient 5 voitures et après l'abandon des deux Aston Martin, ils avaient une autoroute. Et il n'y avait pas beaucoup de barrières de péage...

Trêve de plaisanterie, le marché de la GT utilisable uniquement sur piste existe.

Vous avez un espace. Faire vroum-vroum sur autoroute, ce n'est plus du tout légal. La compétition ? Cela demande un budget important. C'est compliqué de bloquer six ou huit week-ends par an. Et puis, faire tout cela pour se faire déposer par une LMP3 en ligne droite...
D'où le succès des journées circuit. Vous venez (presque) quand vous voulez et vous pouvez rouler (presque) sans limite avec votre voiture.

Après, quel sera l'état de cet espace dans le "monde d'après" ? Les gens auront-ils hâte de s'amuser de nouveau sur circuit ? Ou bien se seront-ils habitués au cocooning ?

Enfin, un bravo à Lamborghini pour cette e-présentation. Il y a eu un vrai effort sur la forme et beaucoup d'informations mises à disposition des médias.

(Captures d'écrans de Lamborghini.)

Commentaires

Articles les plus consultés