Dakar 2021

L'un des grands évènements de la fin novembre, c'est la présentation du Dakar. Du 3 au 15 janvier prochain, les concurrents motos, autos et camions s'élanceront de nouveau sur les pistes Saoudiennes.

Covid oblige, c'est une e-présentation. Je n'aurai pas ma photo floue de Stéphane Peterhansel ! Trêve de plaisanterie, j'adore ce moment unique dans le sport auto, où pilotes -célèbres ou pas-, membres d'équipes, organisateurs et médias se retrouvaient pêle-mêle dans un amphi. Sans carré VIP.

Le reproche N°1 du Dakar Sud-Américain, c'était la difficulté. Pour caricaturer, vous faisiez 100km de liaison pour sortir des villes (surtout en Argentine) et là, vous aviez 50km de piste qui se parcourait pied dedans.

En Arabie Saoudite, le Dakar a retrouvé le désert. La présentation débute par un montage des galères de 2020...

Puis l'on enchaine sur les reconnaissances. Le message de ce second clip est : "Vous vouliez en baver ? Vous en avez bavé en 2020 ? Eh bien là, même pendant les reconnaissances, on a bien transpiré, alors vous...

David Castera, le directeur du Dakar (qui était présent lors des reconnaissances) nous accueille.

Puis c'est la séquence photomaton, avec les officiels qui déclarent être contents d'être heureux.
Arabie Saoudite
Mohammed ben Salmane ben Abdelaziz Al Saoud (alias MBS) est de facto aux commandes du royaume. Auparavant, l'Arabie Saoudite était une gérontocratie et à 35 ans, il donne des coups de pieds dans la fourmilière. Pour changer l'image de son pays, il mise sur l'événementiel, sur le modèle de son ennemi-intime Qatari.

D'où un clip énumérant les évènements sportifs et culturels internationaux s'étant déroulé ici, dont la Formule E.
Et parmi les images de spectateurs, on voit apparaitre, de manières quasi-subliminales, des femmes, têtes nues.

Et donc, parmi les prises de guerre, il y a désormais le Dakar.

Le Dakar est un évènement important, d'envergure mondiale. On ne change une image en un jour. Mais la course a permis de montrer un autre visage du royaume. Notamment en faisant connaitre le site d'Al Ula, le Petra Saoudien.
 
Ce second Dakar est aussi l'occasion de s'ancrer davantage dans la durée. On n'en pas dans le one shot, comme on pouvait le craindre l'an dernier.

Le parcours
En Amérique du Sud, entre les secteurs chronométrés et les liaison, c'était du 50/50. Cette année, il y aura un poil plus de liaisons, pourtant, on sera à 4 767 km de spéciales sur 7 646km de parcours. Soit quasiment les deux tiers.

Pas facile de tracer un parcours... Lorsque le Prince Abdulaziz bin Turki Al Faisal parle de "pays aux possibilités infinies", on peut sourire... La frontière Yéménite, au sud-ouest, est interdite. Les rebelles et leurs alliés d'AQPA y rôdant. Même topo au nord-est avec l'Iraq, où des poches de l'Etat Islamique subsistent.
On peut également subodorer que les officiels Saoudiens ont "suggéré" à ASO des escales sur le site archéologique d'Al Ula et la ville futuriste de Neom... Enfin, pas question pour des kouffar d'approcher les deux lieux saints de l'Islam.

L'an dernier, le parcours partait de Djeddah pour filer plein nord et finir à Riyad. Cette année, on part plein est de Djeddah, direction Riyad, puis c'est grosso modo le parcours 2019 en sens inverse pour revenir à Djaddah.
David Castera évoque néanmoins, du bout des lèvres, la possibilité de visiter les pays frontaliers, à l'avenir.

Au menu, beaucoup de navigation et beaucoup de sable. Le GPS ne sert qu'aux organisateurs. Les équipages doivent se débrouiller avec un bon vieux tripmaster. La nouveauté 2021, c'est qu'il sera sur tablette.
Et après un jour de repos à Ha'Il, une bonne étape marathon (donc sans assistance.)

Les équipages
321 véhicules seront à Djeddah. Contre 351 en 2019 et près de 500 au temps de l'Amérique du Sud. La crise économique n'a rien arrangé. Le Dakar se félicite du nombre, tout en admettant qu'il y a eu pas mal de forfaits.

On sent quand même une certaine crainte de n'avoir plus qu'une poignée de concurrents, le 15 janvier. Ils soulignent bien qu'il existe le Dakar Experience, qui permet à un concurrent arrivé hors-délais de poursuivre -hors-classement- sur les routes de la caravane du Dakar.

Signalons que les "321" incluent les 26 véhicules disputant un inédit Dakar Classic, réservé aux véhicules antérieurs à 2000.
Je passe vite sur les motos. 
 
L'organisateur évoque les Legend by Motul (ex-Malles motos.) Il s'agit de pilotes roulant sans assistance, Motul leur offrant ses propres mécaniciens.

La nouveauté sécuritaire, c'est l'apparition de l'airbag moto, intégré à la combinaison.

Côté autos, le champion sortant, Carlos Sainz, rempile chez MINI X-Raid avec Stéphane Peterhansel. Face à eux, les Toyota Hi-Lux de Nasser Al-Attiyah, Giniel de Villiers et Jakub Przygonski.

Pas mal de Français avec Christian Lavieille (Optimus), Romain Dumas (Rebellion), Cyril Després (Peugeot) et Jean-Pierre Strugo (Peugeot.)

Pour la première fois, un concurrent Chinois est cité. Han Wei, que j'avais vu gagnant le Taklimakan Rally. 10e en 2020, il peut légitimement postuler au top 5, avec son buggy SMG Geely.

Du reste, trois débutants Chinois vont piloter d'inédits BAIC.

Jusqu'ici, entre l'ACO et les Chinois, c'était une incompréhension mutuelle. Espérons que les relations s'améliorent à l'avenir.

La grande nouveauté 2021, ce sont les buggys 4x4 Prodrive de Bahrein Raid Xxtreme pour Nani Roma et Sébastien Loeb. L'Alsacien aurait été du genre à mettre de l'ambiance, à Paris... A la place, il faut se contenter d'une intervention sous Zoom.

Les 4x4 de série n'ont plus la cote chez les privés. Le temps est désormais aux SSV. PH Sport possède une belle armada, emmenée par l'ex-pilote de WRC Kris Meeke.

Mais le plus ambitieux, c'est le Red Bull Team USA de Mitchell Guthrie et du novice Seth Quintero. L'objectif du limonadier est de dénicher des talents pour les faire "monter" en auto. Un sang neuf qui serait le bienvenue...

Côté camions, la participation de MaZ tient de l'exploit. Naguère fleuron Soviétique, l'usine de Minsk est quasiment livrée à la végétation et la Biélorussie traverse une crise profonde. Et pourtant, ils auront deux camions à Djaddah !

Il y aura trois Renault Trucks au départ, dont le quasi-officiel de Martin van den Brink.

Physique ou digitale, la présentation du Dakar obéit toujours au même schéma. On termine ainsi par un film de "moments forts". Avec notamment ce motard, désespéré, qui dit à la caméra "my engine is broken" avant de craquer.

Comme l'exprime dit Sébastien Loeb, avec ses mots : "Parfois en fin de course, tu dis c'est compliqué, on en a chié, c'est pas cool. Puis au final, quand on y repense après, on garde les belles images et les bons souvenirs (...) Et l'ensemble de tout ça m'a donné envie de revenir."

Un terrain sélectif, de nombreux favoris... Le Dakar 2021 s'annonce ardu.

Notez qu'à Neom, il devrait y avoir une conférence de presse pour nous annoncer la future réglementation. A court-terme, les autos devraient passer à l'hybride essence-électrique ou à l'hydrogène. Avec interdiction du thermique en 2030.


(Captures d'écrans ASO.)

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